L’opération de billetage a débuté, le lundi 25 mai et se poursuivra jusqu’au 17 juin prochain. Si l’esprit qui sous-tend cette opération est salué par les responsables syndicaux, ceux-ci estiment que le moment choisi pour procéder n’est pas propice. Ils pensent que cette opération pourra avoir des conséquences sur l’organisation des examens de fin d’année. C’est du moins, ce qui ressort du micro-trottoir que nous avons réalisé, le mardi 26 mai 2015, à Ouagadougou.
Bassolma Bazié, SG de la CGTB
« Ce que nous déplorons, ce sont les conditions dans lesquelles va se dérouler l’opération »
Cela permet d’assainir le fichier de la solde au niveau duquel il nous revient permanemment qu’il y a des matricules qui sont faussement créés pour permettre à des agents de toucher de façon indue leurs salaires. Mais, ce que nous déplorons, ce sont les conditions dans lesquelles va se dérouler l’opération. Parlant de billetage, c’est le nombre des billeteurs qui ont été dégagés pour servir les salaires aux agents qui pose problème. En plus de cela, avec la question de la vie chère, à partir du 25 au 30 déjà, les fonctionnaires s’attendent à leurs salaires. Si on doit faire une opération qui ne prend pas en compte cela et qui doit s’étaler jusqu’au 15 juin, il y a des désagréments pour les fonctionnaires et même pour leurs familles. Le deuxième élément, ce sont les déplacements imprévus que cela va créer, sans oublier les frais de transport, d’hébergement, de nourriture… Le troisième élément, c’est la question d’insécurité étant donné que nous sommes dans un pays où l’insécurité va grandissante. Quelles sont les précautions prises par nos autorités pour permettre aux travailleurs qui vont se déplacer pour percevoir leur salaire de le faire en toute sécurité ? Ce sont autant de questions que l’on doit se poser.
Sema Blégné, SG du SNEAB
En tant que responsable syndical, je pense que l’opération billetage est une très bonne entreprise, en ce sens que depuis un certain temps, il y a un problème de maitrise de la masse salariale. Des individus mal intentionnés ou soit plus malins que le commun des mortels s’évertuent à émarger 2 ou 3 fois au budget de l’Etat sans qu’on ne puisse savoir exactement comment ils opèrent. Je crois que c’est un peu lié à notre système informatique. Du moment où tous les agents de l’Etat ont été enregistrés par biométrie, on ne devrait plus connaitre des difficultés du genre. Mais, la réalité est tout autre. L’opération de billetage vient répondre quelque peu à ce problème, peut-être pour détecter les travailleurs mal intentionnés et enfin assainir le fichier. Quand on analyse le moment choisi pour mener cette opération, il y a à redire parce que l’ensemble des examens scolaires s’effectuent à cette période. Le BEPC, c’est pour le 2 juin, le CEP pour le 9 juin. Or, l’opération est prévue pour s’achever le 17 juin. Cela veut dire que beaucoup d’enseignants engagés pour l’opération des examens peuvent toujours être en situation de recherche de leur salaire en ce moment. Mais il n’y a pas de problème sans solution. Il s’agira très rapidement de demander à la chaine des responsables des examens de rendre publique la liste des enseignants retenus pour la surveillance et les corrections afin qu’on puisse libérer ces gens avant leur programmation supposée par le ministère des Finances. En ce moment, on peut permettre à ceux qui sont dans les examens de s’occuper pleinement. Sinon, entre le travail et le salaire, il n’y aura pas de choix.
Juste Koumara Logobana , SG du Syndicat des travailleurs de l’Action sociale
« La période choisie me laisse un peu inquiet»
L’opération billetage permet d’assainir, dit-on, les finances publiques. Maintenant, la période choisie me laisse un peu inquiet parce que nous sommes en période d’examens et il y a un certain nombre de travailleurs qui seront obligés de se déplacer. Si toutefois il y en a qui sont retenus pour l’administration des examens, cela peut porter un coup sur le terrain. On aurait peut-être pu différer cette opération. Avec l’insécurité qui existe sur nos différentes routes, il appartient à l’autorité de sécuriser ces axes pour préserver les travailleurs d’éventuels braquages.
Arnold Bangou, SG du SATEB
« Nous pensons qu’il ya beaucoup d’insuffisances et cela ne va pas à l’endroit de la réussite de l’année scolaire »
Nous pensons que l’opération est une bonne chose dans la mesure où elle permet d’assainir le fichier de la Fonction publique. Mais la date n’est pas appropriée. Cela va perturber les examens parce que nous sommes en fin d’année. Nous avons rencontré le Premier ministre, hier et nous lui avons présenté la situation par rapport à cette opération de billetage. C’est-à-dire les difficultés y relatives. Quand nous prenons par exemple le Centre-nord, selon les informations qui nous sont parvenues, il n’y a que deux billetteurs. Un nombre qui est assez insuffisant vu le nombre de travailleurs à servir. Nous avons demandé au Premier ministre de revoir le nombre de billeteurs à la hausse pour permettre aux travailleurs de regagner leurs postes le plus tôt possible. Il y a aussi l’aspect de la sécurité. Nous avons demandé à ce que les patrouilles soient renforcées pour protéger les travailleurs qui se déplaceront avec de la liquidité. Nous pensons que cela n’a pas été bien muri parce nos camarades financiers nous ont fait savoir que l’opération n’a pas été bien préparée. Nous pensons qu’il y a beaucoup d’insuffisances et cela ne va pas à l’endroit de la réussite de l’année scolaire.
Samuel Dembélé secrétaire général national du syndical national des enseignants du secondaire et du supérieur (SNESS)
« Il fallait bien choisir la période pour ne pas déranger le travail des uns et des autres»
Nous pensons que c’est une opération qui va dans le sens de l’assainissement du fichier de la solde afin de déterminer le nombre exact de fonctionnaires qui émargent au budget de l’Etat. En rappel, en 2013, le ministère de la Fonction publique avait procédé à la même opération. L’opération billetage est une bonne chose, mais il fallait bien choisir la période pour ne pas déranger le travail des uns et des autres. La période choisie est une période sensible pour les enseignants à cause des examens de fin d’année. Et cela va sans doute entrainer des perturbations. Il est regrettable qu’il n’y ait pas eu de concertation avec les partenaires pour juger du moment qui semble le plus opportun pour mener cette opération. C’est sûr que cela va perturber un peu les examens. Nous suggérons que la période ne soit pas close pour permettre à ceux qui ont d’autres obligations de pouvoir aller les faire et revenir. Toute chose qui pourrait leur permettre d’être en mesure de jouir des mêmes avantages. Les examens sont comme une mission. Si vous allez en mission, vous ne devez pas être brimés du fait que vous avez été envoyés en mission. Donc, à ce titre, je pense que cela doit être flexible. On doit penser à la flexibilité
Par MGT et IO