C’est le lundi 25 mai 2015 que l’opération d’exhumation des tombes de Thomas Sankara et de ses 12 compagnons d’infortune a débuté, au cimetière de Dagnoën. Hier, ce sont deux tombes qui ont été ouvertes. On y a trouvé « des ossements et bien plus », selon l’un des avocats de la famille Sankara, Me Ambroise Farama.
C’est à 8 h que l’opération d’exhumation du corps de Thomas Sankara et de ses 12 compagnons a débuté, le lundi 25 mai dernier, pour prendre fin aux environs de 17 h 45. Cette première journée, à en croire Me Ambroise Farama, avocat de la famille Sankara, a permis d’ouvrir deux tombes. « On a trouvé des ossements et même bien plus », a-t-il confié, avant de préciser que la « tombe supposée de Thomas Sankara n’a pas encore été ouverte ». Il reste donc 11 corps à exhumer. L’avocat de la famille Sankara n’a pas voulu dévoiler l’identité des deux tombes. « Je connais bien l’identité des deux tombes, mais je ne sais pas si c’est le lieu de vous les indiquer. Il ne serait pas bon de vous donner tous les détails », s’est-il voulu clair. Me Ambroise Farama, même s’il reconnaît que « c’est un travail laborieux », reste toutefois optimiste. « Je pense qu’à partir du moment où on a trouvé des restes, ça permettra, sans doute, d’identifier les personnes qui s’y trouvent », a-t-il dit. Au-delà de l’identification des personnes, Me Ambroise Farama espère qu’on pourra trouver des objets qui pourront déterminer les causes réelles de la mort de l’ancien président Thomas Sankara, et de ses compagnons. Ce qu’on peut retenir, c’est que les travaux d’expertise ont effectivement commencé. Les experts burkinabè et étrangers sont là. Les familles des victimes sont représentées. Les travaux reprendront aujourd’hui même.
« On a plus confiance aux journalistes qu’aux juges »
De nombreuses personnes ont effectué le déplacement du cimetière de Dagnoën pour apporter leur soutien aux familles des victimes. Mais, elles ont été interdites d’accès au cimetière, tout comme les journalistes. Un important dispositif de sécurité a été mis en place à cet effet. Toute chose qui n’a pas manqué d’irriter ces personnes qui voient en ce dispositif sécuritaire, « une manière de vouloir cacher la vérité au peuple ». Elles estiment que, « pour la vérité », on aurait pu laisser les journalistes assister à l’exhumation. L’un des badauds a lancé à l’endroit de la presse : « On a plus confiance aux journalistes qu’aux juges qui sont à l’intérieur. Pourquoi ne pas permettre aux journalistes de faire des images. Qu’est-ce qui prouve qu’ils ne viendront pas faire de faux rapports. Mais, nous restons vigilants. Rien ne pourra ébranler notre détermination et notre soif de justice ». Madame Sangaré née Solange Bamouni, sœur de Paulin Bamouni, restée dehors, est du même avis que ces jeunes. « Pourquoi les journalistes ne sont pas là ? Qu’est-ce que vous allez présenter au peuple ? Il faut que ceux qui ne sont pas à Ouaga puissent être informés. Et, c’est la presse qui peut faire ce travail. On ne sait pas ce qu’ils manigancent. Si ce que je dis ne leur plaît pas, qu’ils viennent m’assassiner également », s’est-elle lamentée. A la fin de l’opération, plusieurs jeunes, entonnant en chœur l’hymne national, étaient encore là. Comme pour dire que le peuple attend que justice soit faite