Mamadou Ouédraogo, 65 ans, incarne les entraîneurs de la première génération de notre football. Il a commencé le coaching au début des années 1980, et a déjà encadré le Bafudji FC. Aujourd’hui, pour des divergences de visions, et malgré un capital d’expériences acquis grâce aux nombreux stages dont il a bénéficié, il a préféré prendre sa retraite. Il nous entretient de sa passion du foot, bien qu’il soit artiste-peintre et calligraphe de profession.
Sidwaya (S.) : Vous avez eu à suivre de nombreux stages FIFA, pouvez-vous nous en dire un mot ?
Mamadou Ouédraogo (M.O) : J’ai suivi le premier stage en 1994 grâce au ministre des Sports, Ibrahim Traoré par l’intermédiaire du projet un village, une équipe sportive, avec Malo Idrissa Traoré "Saboteur" et Piouhiri Webonga pour ne citer qu’eux qui sont les plus connus. Le sport est ingrat, mais il ne faut pas se soucier de cela, il faut tout simplement travailler. J’ai aussi suivi les stages Futuro I et II en 2000.
(S.) : Peut-on dire que vous avez, après, fait profiter la jeunesse de ces stages ?
(M.O.) : Aujourd’hui, je ne peux rien dire, c’est plutôt à la jeunesse qu’il faudrait poser cette question. Ceux-là au moins qui me reconnaissent en tant que coach. Si vous êtes un entraîneur et que vous n’avez pas de joueurs, qu’est-ce que vous pouvez faire ? S’il y a des divergences de vue, les dirigeants ne veulent pas de vous, ne forcez pas. Aujourd’hui le football demande beaucoup de moyens, mais à notre temps, les entraîneurs n’étaient pas payés. Aujourd’hui, ces derniers sont rémunérés, mais est-ce qu'on récolte les mêmes fruits?
(S.) : Quelle différence de vision faites-vous du football de votre temps et de celui de nos jours?
(M.O) : Il faut être d’abord patriote, quand vous jouez dans une équipe nationale, il faut vous dire que c’est le maillot que vous portez, que vous représentez. A notre temps, c’était ça, il y avait l’amour du football. Aujourd’hui, ce n’est plus la même chose, il y a certaines personnes qui s’ingèrent dans le football parce qu’ils ont de l’argent, mais ils ne connaissent pas tous les rouages du football. Je ne peux pas comprendre qu’un supporter aille dire à un entraîneur, faites jouer untel; je ne suis pas d’accord avec ça, même ceux-là qui apportent l’argent. En ce moment tu amènes l’argent pour faire une dictature, ou quoi ? Aujourd’hui, c’est ça qui mine notre football
(S.) : Qu’est-ce qu’on peut retenir aujourd’hui de votre apport à l’Association omnisports de Bafudji(ndlr, ancienne appellation) ?
(M.O) : Nous avons tous œuvré pour cette évolution, mais quand il arrive à un certain moment que vous êtes incompris, ça ne sert pas de forcer, on apporte sa pierre pour la construction si on l’accepte. Je ne peux pas parler du Bafudji sans parler de certaines personnes; il faut qu’on s’asseye pour se donner des idées, afin que l’équipe aille de l’avant. D’abord, il nous manque un stade, si vous avez des idées vous vous approchez des gens pour dire qu’il faut faire ceci et cela, si les gens ne veulent pas qu’allez-vous faire ?
(S.) : Avec les nombreux stages et formations que vous avez suivis, aujourd’hui, vous vous êtes mis en retrait, pourquoi ?
(M.O) : Dans la vie, chacun a des objectifs, quand vous faites un travail, et à un certain moment vous voyez que vous n’êtes pas compris, le football doit être un facteur de rapprochement entre les hommes, mais s’il devient maintenant une hache de guerre entre nous, n’est-ce pas mieux de reculer ?
Arrive-t-il que des dirigeants, des entraîneurs viennent à vous pour des conseils ?
Je le dis en toute franchise, jamais, moi j’ai des documents( en effet, il détient de nombreux documents sur le football et des stages), ce n’est pas à moi de crier sur tous les toits, pour que les gens viennent s’instruire. Si la FIFA m’a donné des documents, c’est pour que je puisse en faire profiter aux autres. J’ai eu à former des entraîneurs, si je garde ces documents ici, à quoi ça va me servir, ceux qui veulent venir en prendre faire des photocopies, je suis disposé et ouvert.
Barthélemy KABORE