Au Burkina Faso, Monsanto est en pleine opération de séduction des producteurs de coton. Le géant américain des biotechnologies agricoles vient de s’associer à la Sofitex et à Airtel Burkina pour lancer Mobile Coton, ou plus simplement Mobicot.
L’initiative vise à améliorer les pratiques et les rendements des agriculteurs du pays des hommes intègres via cette plateforme d’appui-conseil diffusant des sms vocaux à l’intention desdits agriculteurs. Qu’il s’agisse des périodes indiquées pour la préparation des sols, les semis, le désherbage ou encore l’utilisation des insecticides, les producteurs de coton burkinabè pourront accéder à toutes ces informations qui seront disponibles en dioula et en moré (deux langues locales), souligne Le Faso.
« Mobicot, ce sont des conseils gratuits qui vont aider les producteurs à tirer de meilleure performance des semences qu’ils utilisent. Nous avons plus de 350 000 paysans au Burkina, il est donc évident que des techniciens ne peuvent pas faire le tour de toutes les plantations. En revanche, nous pouvons divulguer les bonnes pratiques agricoles à tous les producteurs grâce à Mobicot.» a déclaré Natalia Voruz, directrice Afrique de l’Ouest de Monsanto.
Bien que l’innovation ne manquera certainement pas de faciliter la vie des producteurs, on peut se demander ce que cache cet engagement du groupe américain. Au-delà de l’impact social de l’initiative, il pourrait d’abord s’agir pour Monsanto de conforter sa position dans l’un des rares pays africains qui se soit ouvert aux cultures transgéniques.
Un renforcement d’autant plus impératif que les dirigeants burkinabè ont récemment annoncé une réduction des superficies consacrées à la culture du coton génétiquement modifié, qui passeront de 73% de la superficie totale à 55% durant cette campagne.
Même si les responsables de la filière ont affirmé que cette option était liée à un petit couac technique qui ne remettait pas en cause l’orientation choisie, Monsanto trouve par le biais de ce projet un bon moyen d’augmenter son crédit auprès des producteurs et des autorités du pays.
Il reste à savoir si cette opération de charme agira sur le collectif d’organisations non-gouvernementales bukinabè qui mèneront le 23 mai prochain une marche de protestation contre le groupe.
Aaron Akinocho