Sur invitation de l’Union sacrée pour le développement de la commune de Séguénega, ville située dans la province du Yatenga à 52 km de Ouahigouya, et du Mouvement burkinabè pour l’émergence de la justice sociale (MBEJUS) , le porte-parole du Front résistance citoyenne, Luc Marius Ibriga, et l’ancien fonctionnaire international, Ismaël Diallo, ont animé une conférence publique sur l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, le processus de mise en place des organes de la Transition, les défis et les perspectives .
Devant une population massivement mobilisée pour la circonstance, le porte-parole du Front de résistance citoyenne a d’abord fait un éclairage sur les tenants et les aboutissants des 30 et 31 octobre 2014, l’écriture de la Charte de la Transition et la mise en place des organes. Concernant les défis, il dira que la Transition fait face à des revendications sociales tous azimuts. Mais, précise-t-il, cette transition prévue pour durer un an ne peut pas résoudre tous les problèmes. A côté des revendications sociales, il y a la réalité de la communauté internationale exigeant que les élections se tiennent en octobre 2015. Un autre problème est que les autorités de la Transition ont trouvé les caisses de l’Etat vides.
D’où la mise en œuvre d’un budget d’austérité. Avec un tel budget, il est difficile de satisfaire les revendications sociales. Face aux multiples attentes, le gouvernement a jugé opportun de mettre en place un programme d’assistance sociale, dans les limites des moyens disponibles. La seule attitude qui vaille présentement, selon Luc Marius Ibriga, est d’écouter les manifestants et leur parler un langage de vérité. Dans le cas contraire, prédit-il, il faut s’attendre à une autre insurrection. «Il faut donc que la transition réussisse l’organisation des élections sans se mettre à dos le peuple», a-t-il asséné.
Ce n’est pas parce que Blaise Compaoré est parti que son régime a été démantelé, a fait comprendre le conférencier. Il préconise donc que les autorités de la transition fassent preuve de vigilance pour éviter les pièges tendus par les partisans de l’ancien régime tapis dans l’ombre et tentant de refaire surface en tirant les ficelles. Et de marteler que les insurgés des 30 et 31 octobre 2014 doivent comprendre que le travail n’est pas encore fini. Il les invite à défendre les idéaux de la Tansition qui sont de construire un véritable état de droit démocratique et de fixer les règles d’une gouvernance vertueuse qui serve les intérêts du peuple. «Nous devons réfléchir à ce que les résultats les travaux de la Commission de réconciliation nationale et des réformes soient de véritables propositions de changement pour que le Burkina Faso aille de l’avant après les élections. S’il faut qu’après octobre 2015, on revienne à une gestion comme avant la Transition, cela aura été un échec», a-t-il conclu.
L’ancien fonctionnaire international, Ismaël Diallo, insistera pour dire que la réussite de la Transition n’incombe pas uniquement aux dirigeants. Chacun, précise-t-il, doit jouer sa partition. Le combat qui vaille à partir de maintenant, déclare Ismaël Diallo, est de faire en sorte que celui qui gouverne soit au service du peuple. Pour les futures élections, il invite la population à élire des dirigeants et des partis politiques porteurs d’un programme de société digne de ce nom. «Chacun dans son quartier, dans son secteur, dans sa ville, dans sa province, doit se sentir concerné pour ce qui va ou ne va pas», soutient l’ancien fonctionnaire international. Les organisateurs de la conférence, par la voix d’Alexandre Pagomziri Ouédraogo, président du MBEJUS, pensent que ce cadre d’échanges est un tremplin pour éduquer la population et lui inculquer un esprit de veille citoyenne. Au cours des débats, des participants ont dénoncé des irrégularités ayant entaché une opération de lotissement entreprise sous le mandat de l’ancien maire, Mamadou Béloum.
Emery Albert Ouédraogo