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Education : caractéristiques d’une école africaine pour le XXIe siècle
Publié le vendredi 22 mai 2015  |  Sidwaya




Recteur de l’Université de Ouagadougou de 1982 à 1984, le professeur Albert OUEDRAOGO est de ceux qui pensent que "l’éducation n’a d’intérêt que si elle réalise le progrès des sociétés”. Ecrivain, il est l’auteur de « Education et Indépendance pour l’Afrique du XXIe siècle », un ouvrage dans lequel il apporte son éclairage sur deux problèmes majeurs concernant le continent Africain à savoir: l’éducation et l’indépendance réelle. Dans l’écrit ci-dessous le professeur Albert OUEDRAOGO contribue au débat sur la problémentique de l’éducation, et donne sa vision de ce que l’école africaine devrait être de nos jours.

Dans l’ouvrage intitulé : " EDUCATION ET INDEPENDANCE POUR L’AFRIQUE DU XXIe SIECLE " édité en 2013 par : PRESSES UNIVERSITAIRES DE OUAGADOUGOU (P.U.O), nous avons examiné l’ECOLE AFRICIANE sous le prisme de la scolarisation dans les langues africaines. Ici nous poursuivons notre réflexion sur cette ECOLE, en nous prononçant sur le type d’Institution souhaitée que nous voulions construire.
L’ECOLE AFRICAINE que nous devrions bâtir doit à terme être au service de l’ensemble des fils et filles du Continent Africain, leur offrir des chances égales de scolarisation ainsi qu’un bon niveau ; autrement dit nous visons une ECOLE démocratique, de masse et de qualité. Pour atteindre ces objectifs nous développons ici une analyse(1) reposant sur une ECOLE AFRICAINE découpée comme suit :


A) L’ECOLE ELEMENTAIRE

Bien que notre ambition finale soit la scolarité de tous les enfants (i.e un
taux de 100%), cette scolarité ne se fera pas dans des conditions quelconques. Auparavant l’ETAT FEDERAL et les Autorités de l’EDUCATION doivent résoudre plusieurs types de problèmes comme:


a) disposer chaque année des infrastructures en nombre suffisant et de qualité garantie, pour accueillir le volume des élèves envisagés.


b) tourner le dos aux effectifs pléthoriques par salle de classe (30/35 élèves par salle)
c) disposer des crédits suffisants pour l’équipement des élèves et des classes (mobiliers, cahiers, livres, tableaux, matériels didactiques,)


d) disposer d’enseignants en nombre et en qualité (le ratio recommandé est de 1 maître pour 30 élèves à encadrer au Primaire et au Secondaire.
Les conditions préalables sus-citées se concrétiseront selon les capacités et le rythme décidé par un ETAT responsable.
L’objectif scolarité totale (100%), doit être poursuivi progressivement en tenant compte du développement économique général du pays ; néanmoins l’ETAT FEDERAL affectera chaque année à l’EDUCATION des ressources suffisantes pour inscrire le maximum d’élèves à encadrer correctement par des maîtres biens formés et qualifiés.
L’ETAT FEDERAL placera dans cette Institution des responsables qui veilleront au caractère démocratique du recrutement des enfants, recrutement qui ne tiendra pas compte des origines sociales des parents.
A l’inscription, les responsables de l’EDUCATION pourront choisir comme critères : (l’âge de l’enfant, la date de la demande d’inscription de l’enfant, la proximité géographique de la famille avec l’Ecole sollicitée, le nombre d’enfants déjà inscrits dans cette famille,…)
Il faut sanctionner toute tentative de corruption ou de fausse déclaration dans cette opération.
Le passage de l’élève en classe supérieure se basera essentiellement sur les résultats constatés par l’équipe de ses encadreurs, à savoir : (les progrès réalisés par l’enfant, les classements éventuels, les motivations observées chez l’élève tout au long de l’année scolaire,…)
Les modalités d’inscription des élèves et leurs passages en classe supérieure peuvent différer au niveau de l’ECOLE PRIVEE ELEMENTAIRE. Cette Ecole prend largement compte les moyens financiers des parents des élèves.
L’ETAT FEDERAL établira à priori avec cette ECOLE les règles de passage en classe supérieures jugées équitables ou les règles de disciplines minimales voulues par les deux parties.
Il est évident que l’équité de tous les enfants devant l’ECOLE ELEMENTAIRE ne pourra être obtenue avec le maintien de l’ECOLE ELEMENTAIRE PRIVEE. L’ETAT FEDERAL devra à terme dissoudre l’ECOLE PRIVEE :(ce qui pourra se faire en dédommageant par exemple les fondateurs du PRIVE ou en favorisant leurs orientations sur d’autres secteurs de la vie économique nationale).
Remarquons que la scolarisation de tous les enfants ne peut réussir que si L’ETAT FEDERAL conduit simultanément une politique démographique planifiée susceptible de stabiliser à terme la population du nouvel ETAT FEDERAL. Nous pensons que la scolarisation totale s’obtiendra si l’accroissement de la scolarisation devient au fil des années supérieur à l’accroissement du taux de natalité par an.
Toutefois notre politique démographique sera librement fixée et non régie par des pressions extérieures, car une faible natalité peut fragiliser en définitive un ETAT.
Pour afficher une bonne qualité de l’encadrement à l’ECOLE ELEMENTAIRE, il faut confier cette tâche à des maîtres compétents et dévoués.
Pour ce faire, ces Instituteurs doivent aussi avoir subi une excellente formation dans les Ecoles Normales de L’ETAT FEDERAL, formation offerte à des bons élèves du SECONDAIRE qui sont attirés par ce métier.
Pour que les meilleurs élèves choisissent la carrière d’Instituteur, l’ETAT FEDERAL doit y mettre le prix ; comme rémunérer correctement les maîtres et leur donner la considération sociale méritée.

B) L’ECOLE SECONDAIRE

L’Ecole Secondaire forme à priori:


• Des agents auxiliaires de l’Etat (plantons, ouvriers, employés de bureau, chauffeurs, boutiquiers, …)


• Des cadres moyens de l’Etat (instituteurs, ouvriers spécialisés, secrétaires de Direction, techniciens divers, assistants divers, infirmiers de santé,…)
Les cadres moyens sont très importants dans la construction économique d’un Etat ; c’est pourquoi il est recommandé qu’une Commission Multidisciplinaire Fédérale établisse annuellement les besoins de l’Etat Fédéral en matière de cadres moyens.
Ce travail va permettre de prévoir par année les infrastructures complémentaires désirées des Etablissements Techniques et Professionnels.
La population de l’ECOLE SECONDAIRE est liée à la population existante à l’EOLE ELEMENTAIRE.
L’étude de la Commission sus citée va permettre de déterminer la masse des jeunes élèves qui vont accéder à l’ECOLE SECONDAIRE. L’accès à cette Ecole se fera sur un examen ou un concours d’entrée organisé sur le plan Fédéral; aucune autre dérogation ne doit être admise. Cette disposition entraîne une inscription démocratique des enfants et par suite une certaine équité pour l’accession à l’ECOLE SECONDAIRE PUBLIQUE.
L’ECOLE SECONDAIRE PRIVEE a comme l’ECOLE ELEMENTAIRE PRIVEE apporté une contribution non négligeable à la politique éducationnelle des anciens Etats de l’Union Fédérale ; mais pour atteindre l’objectif démocratique sur le plan de l’Education dans le nouvel ETAT, nous serons dans l’obligation de dissoudre l’ECOLE SECONDAIRE PRIVEE.
Le passage des élèves en classe supérieure se fera sur la seule base du mérite et des divers résultats obtenus au cours de l’année écoulée.
Les Autorités de l’Education seront attentives à un bon encadrement des élèves et à des inscriptions qui respectent l’équité et l’objectivité.
Comme à l’Ecole Elémentaire on évitera les effectifs pléthoriques ; on construira des nouvelles infrastructures si le besoin s’exprime et si la situation économique le permet. Observons que la population de l’ECOLE SECONDAIRE dépend de la population de l’ECOLE ELEMENTAIRE accédant au SECONDAIRE ; ce nombre est variable annuellement et dépend des cadres auxiliaires et moyens prévus au fil des années par l’ETAT FEDERAL. Cette population va s’accroitre de façon naturelle avec le développement économique d’un pays qui fait appel à un plus grand nombre de travailleurs qualifies.
Pour avoir une ECOLE SECONDAIRE de qualité, l’ETAT FEDERAL doit disposer d’un grand nombre d’encadreurs compétents et dévoués. Ces professeurs de l’Ecole Secondaire vont être choisis parmi les bons étudiants qui ont opté pour la fonction enseignante. Ces professeurs recevront une excellente formation dans les Ecoles Normales Supérieures ; moyennant ce parcours, l’Ecole Secondaire Africaine sera compétitive. La vocation pour le métier de professeur se renforcera si l’Etat Fédéral prévoit une bonne rémunération à ces pédagogues et de la considération sociale pour ce corps de l’Education.


C) L’ECOLE SUPERIEURE


L’ECOLE SUPERIEURE de l’ETAT FEDERAL va comporter toutes les filières de formations professionnelles et techniques dont l’Etat a besoin ; (Industrie, Santé, Education, Agriculture, Commerce, Architecture, Armée, Recherche, …). Cette ECOLE donnera aussi les formateurs des cadres moyens provenant notamment des Ecoles Supérieures. L’accession à l’ECOLE SUPERIEURE PUBLIQUE s’effectuera par un examen d’entrée pour les facultés ou par un concours d’entrée pour les l’Ecoles ou les Instituts. Ces examens et concours sont organisés à la fin de l’année terminale des élèves provenant de l’ECOLE SECONDAIRE. Pour respecter l’équité des passages du Secondaire au Supérieur, les Autorités de l’Education Fédérale veilleront à ce que les inscriptions soient faites démocratiquement, aucune forme de corruption ne sera tolérée. Le caractère démocratique des inscriptions et des passages des étudiants en classe Supérieure seront difficiles à respecter à l’ECOLE SUPERIEURE PRIVEE, qui pendant quelques décennies ont apporté leur contribution non négligeable à la politique éducationnelle des Etats Africains.
L’ETAT FEDERAL devra examiner avec les Autorités Supérieures Privées les règles à appliquer pour que soient observés dans leurs Etablissement un minimum d’équité et de discipline. Pour l’objectif recherché, l’ETAT FEDERAL n’aura pas d’autre choix que celui de dissoudre l’ECOLE SUPERIEURE PRIVEE.
La population dans le SUPERIEUR est fonction des populations provenant de l’ECOLE SECONDAIRE et des effectifs raisonnables retenus dans les facultés et les Ecoles. Le ratio entre étudiants et enseignants est révélateur de la qualité de l’encadrement, plus le ratio est grand, plus il est révélateur des bonnes conditions d’encadrement. En 2000 par exemple les ratios relevés dans certains pays développés étaient de :


1 Enseignant pour 9 étudiants en RFA (REPUBLIQUE DERERALE d’ALLEMAGNE)


1 Enseignant pour 10 étudiants au Royaume Uni


1 Enseignant pour 11 étudiants au Japon


1 Enseignant pour 16 étudiants aux USA (ETATS-UNIS D’AMERIQUE)
La population des apprenants au Supérieur doit être aussi grande que possible, en tant que fraction de la société qui joue le rôle moteur dans la nation.
On augmentera la population des apprenants dans le SUPERIEUR en ouvrant l’ECOLE SUPERIEURE à tous les travailleurs qui pour des raisons diverses (moyens financiers en particulier) ont arrêté leurs études à L’ECOLE SECONDAIRE où ont dû interrompre leurs Etudes Supérieures. Bon nombre de ces travailleurs sont talentueux et veulent fournir les efforts nécessaires pour poursuivre dans le Supérieur.
L’ETAT FEDERAL peut les aider à revenir aux études supérieures en leur accordant des bourses ou en offrant à ceux qui le désirent des cours par correspondance. Des examens dits spéciaux pourront être programmés pour l’accès de ces travailleurs dans les Etablissements Supérieurs. Comme pour les deux ECOLES précédentes, l’ECOLE SUPERIEURE de l’ETAT FEDERAL attendra le niveau de qualité souhaité si elle produit des encadreurs compétents, dévoués et fidèles au succès de l’ETAT qu’ils servent. Pour ce faire, l’ETAT rendra attrayant le métier de professeur appelé a enseigner à l’Université ou à animer des laboratoires de recherche ; il est naturel que les candidats soient retenus après une sévère sélection de leurs cursus universitaires, de leurs travaux scientifiques et de leurs thèses soutenues.


D) CONCLUSION


Nous pensons que les diverses mesures préconisées permettront l’implantation d’une ECOLE AFRICAINE souhaitée et réussie.
L’ETAT FEDERAL, disons le sans ambages, pourvoira l’Education Nationale de moyens financiers, matériels, humains très importants et cela pendant de nombreuses années.
Le Ministère abritant cette Institution sera doté annuellement d’un budget à la hauteur de nos ambitions. L’ETAT FEDERAL va dans les faits, et non seulement dans les discours, traiter l’Education de ses enfants comme la première priorité de son programme politique ; c’est à ce prix seulement que l’ETAT FEDERAL posera les jalons de son décollage économique et scientifique.


Professeur
Albert OUEDRAOGO
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