La journée d’hier n’a pas été du tout calme à la mine de zinc de Perkoa, village de la province du Sanguié à 35 km de Koudougou : la population du village a marché sur la mine, en bloquant les issues et empêchant quiconque d’y entrer. De vifs pourparlers s’en sont suivis jusque dans l’après-midi où nous avons appris qu’un modus vivendi a été trouvé avec les croquants.
Qu’est-ce qui a motivé cette montée du mercure entre les populations de Perkoa et Nantou Mining, société qui exploite la mine de zinc de Perkoa ? Certaines voix soutiennent que tout serait parti de la mission des députés du CNT à Perkoa les 22 et 23 avril dernier où, lors des échanges directs avec les villageois, un député, originaire de la province, aurait tenu des propos qui incitent à la révolte ; des propos qui insinueraient que les villageois auraient été floués et ne profiteraient pas comme il se devrait des retombées de la mine. Ces propos, il faut le dire, avaient choqué certains des députés présents à la rencontre qui estimaient qu’il n’était pas du devoir des députés de semer la discorde entre les exploitants de la mine et la population. Cela explique-t-il ce mouvement d’humeur ? Difficile d’être affirmatif. Mais selon des témoins du mouvement d’humeur, des villageois clamaient que leur parent député est venu leur ouvrir les yeux et qu’ils allaient réclamer ce qui leur revient de droit. Quoi qu’il en soit, il y a eu frayeur à Perkoa, et il était difficile de calmer les ardeurs des manifestants, qui ont même exigé et obtenu que le drapeau soit descendu ; heureusement le pire a été évité, car les responsables de la mine ont eu des négociations avec les mécontents à une centaine de mètres de l’entrée de la mine. Ces négociations ont permis d’arrêter un protocole d’accord qui a été signé par le chef du village de Perkoa, Balili Rémy Bado, le chef du département HSSEC de Nantou Mining, William Bannerman, et le directeur général de Nantou Mining, Olaf Meijer. Ce document présente les engagements réalisés, les engagements en cours et les engagements planifiés pour être exécutés.
Sur les engagements réalisés, il y a le CSPS construit en 2012 et inauguré le 31 juillet 2014. Sur les engagements en cours, il y a le centre d’alphabétisation commencé le 9 janvier 2015 et qui doit finir le 31 juillet 2015, trois forages entamés le 12 mai 2015 et à achever le 30 juin 2015. Concernant les engagements à exécuter, citons le CEG dont les travaux vont débuter le 1er septembre 2015 et qui devrait être fonctionnel à la rentrée 2016, l’aménagement des routes (1re phase), l’aménagement de la route du CSPS avec construction d’un pont sur le passage d’eau, la réalisation de deux autres ponts. Ces travaux débuteront en ce mois de mai et prendront fin en fin juillet 2015. Concernant toujours ce volet, il y a la construction de la Maison des jeunes de novembre 2015 à fin mai 2016, et l’aménagement d’un terrain de football commencé en mars 2014 et qui devra s’achever ce 31 mai.
Au cours des échanges, il est ressorti le besoin de rencontrer, le lundi 25 mai prochain, les responsables de la fondation Noutou en vue de discuter de la problématique de celle-ci. Il ressort aussi de la rencontre que le directeur général Olaf Meijer a réaffirmé sa disposition à respecter les engagements pris avec la communauté. Il a cependant demandé l’accompagnement de ladite communauté, précisant qu’il est aussi un fils de Perkoa et que son vœu, c’est qu’ensemble ils puissent constituer une famille. Côté population, le souhait est que leurs besoins soient pris en compte, que les engagements soient respectés et que le dialogue soit maintenu. De part et d’autre, les vœux sont que l’activité de Nantou Mining profite au village, à la province et à l’ensemble du pays. Le directeur général a promis de continuer à privilégier la main-d’œuvre locale. En outre, la société chargée du transport du minerai a promis de réaliser un forage chaque année pour le village.
Contacté dans la soirée, le chargé de communication de Nantou Mining, Nébon Bamouni, nous a informé que la population a regagné le village et que le calme est revenu. Reste à espérer que tous les malentendus ont été levés et que ce calme sera définitif.
Cyrille Zoma