Mairie de Ouaga : Qui de Jean-Christophe ou de Marin ? Nous demandions-nous dans notre édition du lundi 11 mars 2013. Eh bien, c’est finalement Marin Casimir Ilboudo ancien maire de Baskuy qui a été élu bourgmestre de la capitale, hier à l’issue du scrutin, avec 167 voix sur 239. La passation de service à l’hôtel de ville a lieu aujourd’hui 12 mars 2013.
Mais diable quel spectacle a lieu lundi dernier à 11h au Palais de la culture Jean Pierra Guingané et dont les tickets se vendent sur des tables installées dans le hall ? C’est la question que bon nombre de passants étaient en droit de se poser au regard de l’affluence dans ladite salle de spectacles, hier 11 mars 2013.
Mais, en fait, le spectacle portait sur l’élection du maire de la capitale et les tables dressées servaient à l’enregistrement des conseillers sur présentation de la pièce d’identité et de la convocation. La plupart des conseillers arrivent d’ailleurs alors qu’il est 11 h, heure à laquelle était officiellement fixé le début de l’élection. «L’heure africaine là vraiment ! Y a des gens qui seront en retard même au paradis», dit un journaliste, soupirant, en observant le processus d’enregistrement des conseillers.
Dans la salle, les plus ponctuels sont déjà aux premiers rangs. Parmi eux, l’un des pressentis au poste de bourgmestre de la capitale, Marin Casimir Ilboudo, pour ne pas le nommer, premier sur la première rangée en compagnie de certains maires d’arrondissements. En attendant les retardataires, on perd le temps comme on peut, qui en devisant avec son voisin, qui en passant un coup de fil ou en lisant entre les lignes d’un journal. Les chasseurs d’image eux sont à l'affût du moindre conciliabule ou du moindre geste anecdotique.
La photo «galianable» serait la poignée de main entre les deux candidats annoncés au siège de maire en l’occurrence Marin Ilboudo et Jean Christophe Ilboudo. Ce ne sera pas pour cette fois car si le premier est aux premières loges, le second par contre s’est assis au fond de la salle d’où l’on ne peut apercevoir que son borsalino marron noir. Ce positionnement des deux «mairables» serait-il un signe annonciateur de l’issue de l’élection ? C’est en tout cas la conviction de certains journalistes qui semblaient dans le secret des dieux du CDP avec en mains même, la liste du bureau du conseil municipal proposé par le parti au pouvoir.
Seule la sortie du haut- commissaire de la province du Kadiogo, Halidou Ouédraogo, alors qu’il est 11h45 met fin aux supputations. Ce dernier demande aussitôt à l’assistance d’observer une minute de silence en la mémoire de l’épouse du gouverneur de la région décédée le week-end écoulé. Place ensuite à la mise en place du bureau de séance, avec en premier lieu la vérification de la présence effective des 254 conseillers des 12 arrondissements de la commune de Ouagadougou. Puis, a lieu la mise en place du bureau d’âge composé du plus ancien conseiller et des deux plus jeunes (sachant lire et écrire et n’étant pas candidat à un poste). Emmanuel Rouamba, né en 1943, est identifié comme le plus âgé.
Ce dernier semble rebuté par l’idée d’assumer cette lourde tâche, signalant qu’il a des problèmes de vision, puis se ravise et accepte. Il est secondé par les deux plus jeunes : Justin Kaboré (1984) et Pierre Tiendrébéogo (1988). Le temps d’enregistrer une retardataire qui rejoint la salle alors qu’il est 12h30 et l’on passe à la lecture des articles du Code électoral qui commandent l’élection du maire. A peine installé, le président du bureau d’âge montre son autorité : «Nous allons prier tous ceux qui ne sont pas conseiller de libérer la salle». Applaudissement des conseillers alors que le vote à huis clos peut débuter.
Ceux qui sont vidés de la salle s’empressent de trouver de quoi manger alors que le soleil brille intensément. 14h30, on croirait presque apercevoir la fumée blanche de l’élection du pape s’échapper du Palais Jean Pierre Guingané. Le maire est connu, il s’agit de Marin Casimir Ilboudo. Opposé à Alexandre Kaboré de l'UPC, il a remporté le vote par 167 sur 232. Plusieurs personnes sortent de la salle pour laisser éclater leur joie en se congratulant avec des camarades restés dehors ou s’empressant d’annoncer la nouvelle au téléphone.
«C’est Marin !», entend-on par ci, par là. Les forces de sécurité doivent s’employer à inviter les conseillers à rejoindre la salle pour la poursuite des votes. Pour les journalistes, le scoop est l’interview du nouveau maire. «Il est en train de fumer une cigarette à l’arrière», annonce un conseiller. C’est parti pour une course de 100 m plat pour faire le tour du palais. Trop tard, l’édile a regagné la salle. Ce n’est qu’à 15h 50 que le nouveau maire viendra confier ses impressions aux hommes de médias (voir encadré).
Comme si elle n’attendait que l’élection du bourgmestre, une foule afflue à l’entrée du palais. Elle semble fortement composée de supporters de Zakaria Sawadogo puisqu’elle exulte de joie lorsqu’on annonce l’élection de ce dernier comme 2e adjoint au maire sous le coup de 16h40. Son prénom est scandé entre des sons de vuvuzelas. Puis c’est le calme plat dans les rangs, la fatigue semblant également se faire sentir.
Chaises, tables, escaliers, terrains omnisports, gazon et tout ce qui peut servir à s’asseoir sont pris d’assaut. C’est partie pour des discussions sur tout et sur rien alors que l’obscurité s’installe au fur et à mesure. La délivrance ne viendra qu’aux environs de 20h, à la fin de l’élection. Les membres du bureau du conseil municipal élu (voir encadré) sont tous du CDP. Les lieux se vident à la vitesse de l’éclair.
