Ces dernières années et surtout en période de forte chaleur, il est plus facile de trouver un filon d’or qu’une goutte d’eau à Kongoussi. C’est le désarroi total dans la cité et pendant que certains veillent pour espérer récolter quelque chose, d’autres se disputent autour du positionnement des bidons dans les points de ravitaillement. Les victimes de cette pénurie restent sans doute les habitants de la province du Bam, qui ne souffrent pas au même titre que les pensionnaires de la Maison d’arrêt et de correction de Kongoussi (MACK). Nous sommes allés à leur rencontre le 11 mai 2015. Lisez !
Depuis l’installation de la canicule à Kongoussi, trouver un bidon d’eau est devenu un véritable parcours du combattant. Les coupures d’eau sont monnaies courantes et les regards sont tournés vers le ciel pour implorer la clémence divine. Le lac qui, autrefois, était le référentiel de toute la province du Bam, est de nos jours confronté à un problème d’ensablement. Aucune bonne retenue d’eau, et pour preuve, la maraîcher-culture qui avait été mise en exergue sous la révolution a perdu de sa valeur et la Nationale des eaux de Kongoussi n’arrive plus à satisfaire la demande. Cette perturbation des habitudes des Bamois n’est pas chose aisée pour la population en général, mais plus particulièrement pour la population carcérale de la Maison d’arrêt et de correction de Kongoussi. Nous avons rencontré le Directeur dudit établissement, l’Inspecteur de la garde de sécurité pénitentiaire Ibrama Banazaro, qui a relaté les difficultés en ces termes : « C’est une situation que nous vivons de la plus mauvaise des manières, parce que cela fait déjà plus d’un mois que nous avons été desservis par l’ONEA. Toute chose qui complique la gestion de notre population carcérale. Ce problème d’eau est récurrent et va grandissant d’année en année. Nous avons adressé, l’année dernière, une correspondance à la hiérarchie pour la tenir informée de la situation précaire dans laquelle nous vivons ici. Cette hiérarchie est venue déterminer des points pour d’éventuels forages et on espère que d’ici là, elle va peut-être répondre favorablement sinon, on n’a pas de solution adéquate ». A l’en croire, cette année, la situation s’est aggravée parce que leurs différents points de ravitaillement d’eau que sont la direction provinciale de l’environnement du Bam et le Palais de justice de Kongoussi, sont eux aussi confrontés au même problème. Ce qui oblige ces derniers à sortir de la ville de Kongoussi pour aller à la recherche de forages, car les quelques forages de la ville sont envahis par la population. Ibrama Banazaro a relevé qu’au début de la canicule, il avait fait recours à l’ONEA qui leur avait réservé un stock d’eau. Mais le 11 mai dernier, et à leur grand étonnement, l’ONEA les informait qu’il ne pourra plus satisfaire à leurs besoins en eau, parce que la maison d’arrêt a dépassé la quantité qui lui était réservée. Selon lui, c’est une façon implicite de refoulement. Au regard du nombre de détenus (84 au total) que compte la MACK, trouver de l’eau potable pour ces pensionnés devient quasi-impossible et le dernier recours reste l’eau impropre du Lac. Aussi a-t-il fait savoir que ce manque criard d’eau peut être une source de mutinerie, parce que si les détenus ne sont pas approvisionnés en quantité suffisante d’eau, l’on ne devrait pas s’étonner en cas de survenance d’une mutinerie. C’est pourquoi l’Inspecteur de la Garde de sécurité pénitentiaire pense qu’une solution doit être vite trouvée pour éviter un éventuellement mécontentement des prisonniers. Par ailleurs, il a tenu à remercier les personnes de bonnes volontés de la ville de Kongoussi qui, l’an dernier, leur sont venues en aide en les approvisionnant régulièrement en eau potable. Cette année également, a-t-il dit, ces personnes se sont manifestées et leur intervention est d’une utilité indéniable.
Pour en savoir plus sur les causes de ces coupures intempestives d’eau sur les bords du lac Bam, nous avons essayé de rencontrer le responsable de la Nationale des eaux de Kongoussi qui, malheureusement, serait en mission. Nous n’avons donc pas trouvé une oreille attentive susceptible de nous apporter des éclaircissements. Vivement que la saison pluvieuse s’installe pour le grand bonheur de tous.
Benoît KABORE
(Correspondant)