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Coup d’Etat avorté au Burundi : Répliques d’un séisme politique
Publié le mardi 19 mai 2015  |  L`Observateur Paalga




Absent du pays depuis la tentative de coup d’Etat avortée du général Godefroid Nyombaré, le président burundais, Pierre Nkurunziza, est finalement rentré au bercail en provenance de Dar-es-Salam, en Tanzanie, où il était pour assister à un sommet sur la crise dans son pays.



Il est même paru en public administrer une preuve de vie face à la presse comme pour dire à ses contempteurs «Je suis là et bien là » et pour montrer qu’il tient toujours les rênes de ce pouvoir que nombre de ces concitoyens lui conteste la légalité de briguer une troisième fois. Et c’est par les armes que l’ex-rebelle du FDD a failli voir ses prétentions réduites à néant.

Si donc le putsch n’a pas emporté le chef de l’Etat, il a néanmoins fragilisé davantage les fondations de la maison Nkurunziza. Hier lundi, malgré le dispositif sécuritaire particulièrement dissuasif, les civils sont redescendus de nouveau dans la rue exprimer leur opposition à un troisième mandat du président sortant.

A l’appel des organisations de la société civile, des manifestants se sont en effet mobilisés, malgré les menaces du maire de la capitale, Bujumbura, pour ériger des barricades. Des soldats de la brigade spéciale de protection des institutions ont alors fait une descente musclée dans le quartier de Musaga pour disperser les croquants.

D’autres éléments des forces armées s’y sont opposés et il s’est ensuivi un face-à-face tendu entre les deux factions. Une scène qui vient rappeler les discordances au sein des militaires. Ces divisions avaient apparu au grand jour au cours de la tentative de putsch où des déclarations contradictoires avaient été publiées.

La crise est donc loin d’être réglée. Et il faut craindre que les répliques du séisme du 13 mai dernier se révèlent autrement plus dangereux pour le miraculé de Bujumbura. Nkurunziza semble en sursis. Comme il fallait s’y attendre, après l’échec du coup de force, une vague de répression a commencé à s’abattre sur les conjurés et les manifestants.

Mais il n’y a pas que chez les adversaires que les représailles tombent. Même dans le camp présidentiel, le chef de l’Etat fait le nettoyage. Pour le moment, ce n’est pas la grande lessive mais un léger remaniement ministériel dont les titulaires du portefeuille de la Défense et de celui des Affaires étrangères sont victimes : le premier pour n’avoir pas bien géré la tentative de putsch, il semble d’ailleurs qu’il donnait des instructions contraires à celles du président : le second pour n’avoir pas assez mouillé le maillot pour sauver le régime alors aux abois. De telles attitudes ont certainement été interprétées comme des cas de non- assistance à chef en danger.

Mais en limogeant ses proches, l’ancien prof d’EPS élargit le cercle des mécontents, surtout qu’au sein de son parti des cadres avaient rejoint l’ennemi. Tous ces frustrés sont de futures recrues de luxe des anti-Nkurunziza.

Pour tout dire, l’homme fort de Bujumbura n’est pas encore sorti de l’auberge. La seule issue raisonnable est d’écouter la voix de la sagesse. Mais peut-il encore renoncer au pouvoir alors qu’il est allé trop loin et est l’otage, comme c’est souvent le cas, de ses proches, notamment d’un groupe d’officiers supérieurs ou d’hommes d’affaires ?

Au-delà de cette situation, il faut craindre que cette crise réveille les vieux démons dans un pays longtemps marqué par les conflits ethniques. Les exodes massifs en direction de la RDC, du Rwanda et de la Tanzanie continuent avec leur lot de problèmes humanitaires à résoudre. Dans ces conditions, le report des élections législatives et de la présidentielle devient une nécessité en attendant de trouver un compromis pour la sortie de la crise.



Adama Ouédraogo

Damiss
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L`Observateur Paalga N° 8221 du 27/9/2012

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