Accueil    Shopping    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Burkina Faso    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article



 Titrologie



Le Pays N° 5314 du 12/3/2013

Abonnez vous aux journaux  -  Voir la Titrologie

  Sondage



 Autres articles


Comment

Société

Abbe Jean Emmanuel Konvolbo: « Le nouveau Pape peut venir de l’Afrique »
Publié le mardi 12 mars 2013   |  Le Pays




 Vos outils




Le 11 février 2013 à 12h GMT, Benoit XVI a annoncé qu’il renonçait à son ministère de Pape. Cette annonce a créé de l’émoi tant dans le milieu catholique que dans le monde entier. 17 jours après cette annonce, la décision prenait effet et ouvrait ainsi la course à la succession pour occuper le siège vacant de Rome. Pendant ce temps, les pronostics vont bon train mais la fameuse fumée blanche ne sortira que de la chapelle Sixtine. Comment le Pape, successeur de saint Pierre, évêque de Rome, serviteur des serviteurs du Christ, est désigné ? Qui peut prendre part au conclave au cours duquel le Pape est élu ? D’où viendra le Pape ? L’Afrique a-t-elle une chance à saisir ? Ce sont autant d’interrogations que nous avons posées à l’Abbé Jean Emmanuel Konvolbo, professeur au Grand séminaire saint Jean Baptiste de Wayalghin à Ouagadougou, le 7 mars 2013. Après avoir séjourné 10 ans à Rome pour des études qui l’ont amené à s’intéresser à la papauté, l’enseignant de Bible et de Grec y répond tout en se référant aux documents qui régissent l’élection d’un Pape et dit pourquoi le futur Souverain pontife peut venir de l’Afrique.

« Le Pays » : La démission de Benoit XVI a pris effet le 28 février 2013. Quand alors le conclave commencera-t-il ?

Abbé Jean Emmanuel Konvolbo : Alors, à la vacance du siège due à la mort du Pape ou à la renonciation valide de sa charge (cf. can 332), le Doyen du Collège des Cardinaux qui, actuellement, est le Cardinal Angelo Sodano, informe tous les Cardinaux de l’Eglise catholique de la vacance du siège et les convoque à Rome pour des réunions de concertation, d’administration, de préparation du conclave et après pour le conclave lui-même. Dès la vacance du siège, l’administration des affaires courantes de l’Eglise est confiée à l’ensemble des cardinaux. C’est au cours de ces réunions que la date d’ouverture du conclave est fixée. (Ndlr : les congrégations générales ont fixé la date d’ouverture du conclave pour le 12 mars 2013, après la réalisation de cette interview). Pour le cas actuel, cette information et cette convocation ont été faites et dès le 4 mars dernier, les réunions ont commencé. S’il s’agissait d’un décès, il y aurait eu les obsèques à organiser pendant neuf jours avant. Le conclave proprement dit devait commencer au plus tard entre le 15e et le 20e jour de la vacance du siège. Pour le cas actuel, le décompte a commencé depuis le 28 février 2013. Le processus a déjà donc commencé.

Qui compose alors ce groupe qui prend part au conclave ?

A moins qu’ils aient renoncé à leur titre de cardinal, parce qu’on peut y renoncer ou qu’ils aient été déposés, tous les cardinaux qui peuvent se rendre à Rome, participent aux réunions de concertation, d’administration et de préparation au conclave. Mais pour le conclave proprement dit, seuls les cardinaux n’ayant pas atteint 80 ans avant la vacance du siège peuvent y prendre part. Si un cardinal, le 27 février a eu 80 ans, il ne peut pas participer comme électeur. Mais, par exemple, il y a le cas d’un cardinal allemand, le cardinal Kasper Walter, qui a eu 80 ans seulement le mardi 5 mars. Il pourra prendre part au conclave comme électeur. Leur nombre idéal devrait être 120 par imitation des Actes des Apôtres chapitre 1 verset 15 où les apôtres étaient réunis pour élire un remplaçant à un des leurs qui n’était plus là. Mais souvent, pour des questions de décès ou d’empêchement, le nombre peut être moins.

Pour un nouveau Pape s’agit-il d’une désignation, d’une nomination ou d’une élection ?

Dans l’histoire, il y a eu peut-être plusieurs formes mais actuellement, selon les dispositions, il s’agit d’une élection, par vote à bulletin secret. C’est la forme la plus appropriée pour garantir la transparence, la simplicité et la participation effective de chaque cardinal. D’autres formes existaient mais elles ont été rejetées. C’est le cas de l’acclamation populaire. Si un premier a élevé la voix, il peut intimider les autres. Maintenant, chacun vote en toute conscience devant Dieu et dit, que tel cardinal est plus capable que les autres à diriger l’Eglise, actuellement. Aussi, pour que le Pape soit légitimement élu, il faut suivre les directives. Pour cela, ce sont les 2/3 des voix qui doivent être requis.

Y a-t-il déjà eu un Pape élu par acclamation ?

Je ne connais pas très bien l’histoire des Papes mais je sais qu’un évêque l’a déjà été. C’est le cas de Saint Ambroise de Milan qui, à l’époque, était encore catéchumène. Il a été acclamé et il fallait le baptiser ; ce qui fut fait. Ensuite, il a été ordonné prêtre puis évêque. Je n’ai pas souvenance d’un pape acclamé mais dans le document qui règlemente la vacance du siège, il est clairement manifesté que la désignation par acclamation et celle par compromission ont été écartées au profit de l’élection.

Pour le présent cas, la procédure peut-elle différer du fait que l’ancien pape est toujours en vie ?

Le processus est identique, même si la vacance du siège apostolique devait se produire par renonciation du Souverain pontife, dit la norme du canon 332, § 2. Le résultat est le même en fait ; c’est la vacance de siège. Ce qui est sûr, c’est que celui qui a renoncé ne sera pas au conclave. A la fin, on lui annoncera qu’un tel a été élu pape. De toutes les façons, lui-même l’a dit « Je vais l’accepter comme Pape, en toute obéissance, comme il est de règle pour l’Eglise ». La disposition est donc la même. Il n’y a pas de changement.

Qui des membres du conclave présidera à l’élection du pape ?

Celui qui préside, c’est le cardinal Camerlingue qui, actuellement, est le Cardinal Bertone assisté par une équipe mais, tout se passe selon les dispositions de la Constitution apostolique Universi Dominici Gregis du Souverain pontife Jean-Paul II publié en 1996 et disponible sur le site du Vatican. Ce document a remplacé d’autres documents parce que chaque pape doit veiller aux normes les meilleures pour l’élection de son successeur. Après qu’ils aient prêté serment de choisir le pape selon les dispositions de l’Eglise, des bulletins leurs sont remis et ils écrivent le nom qu’ils veulent et comme dans un bureau de vote, on fait le décompte.

Chaque Pape tire-t-il les leçons de son élection pur améliorer le « code électoral » ?

Oui, mais c’est surtout eu égard à la situation de l’Eglise et à l’évolution du monde. Si le pape Jean Paul II a refait un autre document, ce n’est pas pour abroger et renvoyer du revers de la main ce qui avait été fait par les autres. Il y a le concile vatican II qui a amené une nouvelle théologie et une nouvelle manière de comprendre. Il y a aussi le corps du droit canonique qui est apparu en 1983. Il faudra que l’élection corresponde à l’esprit général de l’Eglise. Des dispositions aussi sont prises pour que le vote se passe dans le secret. Ainsi, on ne peut pas entrer en conclave avec un magnétophone, un cellulaire, un ordinateur ; les évêques n’adressent ni ne reçoivent de correspondance et pas d’Internet. Si le pape Benoit XVI n’a pas jugé opportun de faire un autre document, c’est que celui-là est valable, sauf un paragraphe qui a été précisé au niveau du quorum. Cela a été fait parce qu’il avait été dit que si après plusieurs reprises on n’arrive pas à élire le pape, au lieu des 2/3, qu’on se limite seulement à la majorité absolue. Le pape Benoit XVI a souligné qu’il est important de garder les 2/3. Aussi, il faut préciser que pendant la vacance de siège il est interdit de changer les textes, si tel est le cas, l’élection devient nulle.

Avec donc l’exigence des 2/3, ne serait-ce pas un risque cette fois-ci de faire la Pâques sans pape ?

Je ne pense pas. Disons ceci. Le conclave n’est pas seulement une gestion administrative. Si on le fait à Rome, au Vatican, à la chapelle Sixtine, c’est non seulement pour garantir la souveraineté du collège épiscopale mais aussi pour qu’ils aient le temps de prier. Dans le rituel du conclave, ce n’est pas que des paroles humaines, il y a beaucoup de prières. Avant de commencer, l’on célèbre la messe et chacun est devant sa conscience, il y a bien d’autres moments de prières. Quand ils n’arrivent pas à s’entendre, ils prennent un temps de prière. Vous savez, quand les hommes n’arrivent pas à s’entendre, c’est parce qu’ils sont loin de Dieu, comme les rayons d’une roue. C’est vrai qu’il y a eu des conclaves qui ont duré parce qu’il y avait des tiraillements de types humains et politiques mais, je ne pense pas que cela risque d’arriver cette fois-ci. Je crois qu’il y aura un consensus si l’on choisi avec l’Esprit saint.

Quels sont les critères pour être candidat ?

(Rires) Il n’y a même pas de candidat ni par auto proposition ni par désignation. Pire, il est formellement interdit sous peine d’excommunication, d’acheter de manière occulte des voix par de l’argent ou la promesse de faveurs quelconques, de contracter des engagements, d’accepter ou de favoriser l’ingérence du pouvoir civil dans l’élection du pape. Les cardinaux électeurs sont exhortés à ne pas se laisser guider, dans l’élection du pontife, par la sympathie ou l’aversion mais à ne rechercher que la gloire de Dieu et le bien de l’Eglise ; après avoir imploré l’aide divine, qu’ils donnent leur voix à celui qu’ils auront jugé plus capable que les autres, même hors du Collège cardinalice, de gouverner l’Eglise universelle avec fruit et utilité. C’est le seul critère. Alors, il n’y a pas de campagne.

Peut-on exclure expressément un cardinal du conclave ?

Aucun cardinal électeur ne pourra être exclu de l’élection pour quelque motif ou prétexte que ce soit, sauf s’il vient en retard sans aucune raison valable ; si pendant l’élection, il sort sans raison jugée valable pour les autres cardinaux ou s’il viole le secret qu’il doit garder sur tout ce qui concerne l’élection du pape et qu’il a auparavant fait serment d’observer. Il faut préciser que le secret vaut non seulement pendant mais également après l’élection. Si la règle est violée, les autres cardinaux procèdent à l’élection du pape sans même réadmettre ce cardinal. Mais on ne peut pas exclure quelqu’un parce qu’on a peur qu’il ne devienne pape. Non.

Quelle est l’image que vous donnez au nouveau pape ?

Donner l’image que doit avoir le nouveau pape suppose une grande connaissance de l’état de l’Eglise et du monde actuel. Ce que ma petite personne ne peut prétendre connaître. L’un des buts des réunions préparatoires des cardinaux avant le conclave est justement de dessiner l’image idéale du nouveau Pape. En plus, le document régissant l’élection du pape demande de confier à deux ecclésiastiques exemplaires pour leur doctrine, leur sagesse et leur autorité morale, la tâche de prononcer devant les cardinaux deux méditations approfondies sur l’état actuel de l’Eglise à ce moment-là et sur le choix éclairé du nouveau pontife. Même si je ne suis pas un spécialiste, on peut avoir une idée de l’état actuel du monde, des problèmes idéologiques et même au niveau de l’Eglise, la baisse de la foi en Europe, les problèmes moraux et sociaux, la question du mariage pour tous, les divorces, bref, il y a des problèmes. Alors le pape doit être choisi en tenant compte de ces défis et de sa capacité de coordonner tout cela et de diriger en pasteur. C’est tout ce que je peux dire, mais il revient aux cardinaux de faire le choix.

Au regard de tout cela, quel sera son défi majeur ?

Je pense et pas seulement moi qui le pense, le nouveau pape doit être un homme de foi, un homme de Dieu qui sait discerner les signes des temps à la lumière de sa foi. C’est cela d’abord son défi et s’il est pape, il doit être pasteur et missionnaire non seulement pour les catholiques mais aussi pour le monde. Dans l’Eglise, il y a certains problèmes. C’est le cas récemment des documents du saint siège qui étaient dehors, des documents hautement confidentiels. Il y a eu les cas des scandales de pédophilie. En Europe, les cas de pédophilie des hommes d’Eglise ne représentent que 3% de l’ensemble ; mais comme ce sont des hommes d’Eglise, ce n’est pas négligeable. Bien sûr, plus d’autres problèmes que le pauvre professeur que je suis ne peut relever. Certains pensent que le nouveau pape sera le contre-pied de Benoit XVI, que ce sera un révolutionnaire, cela ne risque pas d’arriver.

Pour un pape qui devra tenir compte de tous ces défis, d’où viendra t-il ?

D’où viendra le pape ? Il peut venir de partout où il y a un chrétien dans le monde, puisque les dispositions disent que les cardinaux choisissent en conscience, devant Dieu. Il peut même venir d’en dehors du collège des cardinaux. On peut même choisir un chrétien qui sera ensuite ordonné prêtre puis, évêque. Vu que le pape est d’abord évêque de Rome, c’était une affaire d’Italiens parce qu’il pouvait arriver que l’on convoque les cardinaux et certains arrivent au moment où l’élection est finie. Avec la globalisation où on se connaît mieux, c’est sûr que si on choisi quelqu’un, c’est parce qu’on le connait. C’est sûr que les médias vont essayer de pronostiquer mais ça (rires), c’est comme au PMU.

Le pape peut venir de partout, vous l’avez dit ; de l’Afrique aussi ?

Bien sûr qu’il peut venir de l’Afrique. Pourquoi pas ?

L’Afrique peut donc espérer cette fois-ci ?

Espérer ! S’agit-il d’espérance ? Si vous dites que l’Afrique va espérer, ça devient un peu comme chacun qui attend que son candidat passe. Nous rentrerions à ce moment dans la logique des candidatures qui n’existent d’ailleurs pas. Vu la globalisation, un évêque africain peut être élu pape. Jusqu’à présent quand on suit, les médias ne voient seulement que parmi les cardinaux tout en oubliant qu’on peut choisir hors des cardinaux. Actuellement, on cite presque tous les cardinaux africains. Si c’était que chacun choisisse le cardinal qui est de son pays ou de son continent, un Africain ne peut pas parce qu’il n’y a pas autant de cardinaux africains qu’ailleurs. Mais comme c’est l’Esprit saint qui est le premier protagoniste, les hommes ne posent que les actes. Si c’est un Africain, notre orgueil va se sentir encensé, il y aura peut-être un regain de la foi parce que les chrétiens africains se sentiront honorés, ce sera peut-être un message fort du collège des cardinaux pour dire que ce n’est pas parce que l’Afrique a des problèmes qu’il n’y a pas de compétences. Cela peut montrer également la capacité de l’Eglise d’être universelle. Mais comme je le dis, l’enjeu n’est pas là. L’enjeu, c’est qui peut, actuellement plus que les autres gouverner l’Eglise ? On ne doit pas se laisser prendre par le régionalisme. Jusqu’à présent, l’Eglise catholique est euro-centrée mais ça peut venir, un pape africain. A l’élection de Jean Paul II, personne ne s’imaginait qu’il pouvait venir de la Pologne. Mais il faut retenir que ce n’est pas la région d’origine qui va changer la personne qui sera choisie. Elle n’exercera sa charge que selon l’esprit de l’Eglise. On ne sentira pas sa couleur culturelle.

Les chrétiens, que doivent-ils faire pendant cette période de poste vacant, puisqu’il n’y a pas de campagne ?

C’est vrai il n’y a pas de campagne. La seule campagne qui tienne, c’est celle de la prière. Les chrétiens sont invités à prier pour l’élection du pape. L’Eglise est unie de manière toute particulière à ses pasteurs et spécialement aux cardinaux électeurs du Souverain pontife. Elle implore de Dieu, un nouveau pape, comme don de sa bonté et de sa providence. En effet, à l’exemple de la première communauté chrétienne dont il est question dans les Actes des Apôtres (cf. 1, 14), l’Eglise universelle, spirituellement unie à Marie, Mère de Jésus, doit persévérer unanimement dans la prière ; ainsi, l’élection du nouveau pontife ne sera pas un fait étranger au Peuple de Dieu et réservé au seul Collège des électeurs, mais, dans un sens, elle sera une action de toute l’Eglise... On élève des prières humbles et assidues vers le Seigneur (cf. Mt 21, 22 ; Mc 11, 24), pour qu’il éclaire le cœur des électeurs et réalise si bien leur accord dans l’élection que cette dernière soit rapide, unanime et utile, comme l’exige le salut des âmes et le bien de tout le Peuple de Dieu. Les fidèles ne sont pas passifs dans l’élection du pape ; ils y participent par leur prière. A cet effet, il y a même une initiative en Europe sur le Net où on propose d’adopter un cardinal et de prier pour lui. C’est sur le site www.missionconclave.com. Certains cardinaux sont à Rome et ne participent pas au conclave parce qu’ils ont dépassé l’âge. Ces derniers vont dans les paroisses et aident le peuple à prier intensément pour l’élection du Pape. On oublie bien souvent la prière quant on fait des pronostics. La prière doit faire en sorte que même si les cardinaux voulaient choisir le pape par volonté humaine, que l’Esprit saint fasse en sorte qu’ils fassent la volonté de Dieu.

« Comment comprendre que Benoit XVI renonce à son ministère de pape ? »

C’est le titre d’une brochure produite par l’abbé Jean Emmanuel Konvolbo le 15 février 2013 à l’occasion de l’annonce de renoncement de Benoit XVI à sa charge de pape. Dans cette brochure de 20 pages, l’abbé Jean Emmanuel Konvolbo revient sur la renonciation telle que stipulée dans le droit canonique. Cela est loin d’être extraordinaire car un canon, en l’occurrence celui 332 promulgué par Jean Paul II en 1983, le prévoit. Cinq papes ont déjà renoncé à leur ministère. Ce sont : Le pape Pontien en 235, le pape Silvère en 537, le pape Jean XVIII en 1009, le pape Célestin V en 1294 et le pape Grégoire XII en 1415. En plus de ces derniers, certains avaient envisagé de démissionner mais y ont renoncé plus tard. On se rappelle que c’est le 11 février 2013 dernier à 12h GMT que Benoit XVI a annoncé qu’il renonçait à son ministère de pape.

Propos recueillis par Aimé NABALOUM

 Commentaires