Ouagadougou - Des milliers de personnes ont accueilli jeudi dans la liesse générale Mariam Sankara, la veuve du président Thomas Sankara, revenue au Burkina Faso pour être entendue par le juge qui enquête sur la mort de son mari.
"Je tiens à remercier tous ceux qui ont contribué à cela, c’est-à-dire tous ceux qui ont fait partir le dictateur Blaise Compaoré. Je suis heureuse, fière de fouler la terre du Burkina Faso", a lancé Mme Sankara à la foule venue l’accueillir à l’aéroport de Ouagadougou.
Mariam Sankara et ses deux enfants, Philippe et Auguste, ont quitté le Burkina Faso pour le Gabon, puis Montpellier dans le sud de la France, après l’assassinat de Thomas Sankara il y a près de trente ans.
Mme Sankara n’était jusqu’alors revenue qu’une fois dans son pays, en 2007, à l’occasion de la commémoration du vingtième anniversaire de la mort de son mari.
"En ce moment, je pense aux martyrs qui, par leur courage, leur détermination ont fait fuir le dictateur Blaise Compaoré", a-t-elle lancé sous les applaudissements de la foule.
Mariam Sankara sera entendue lundi par un juge militaire qui mène depuis fin mars une instruction sur l’assassinat du président Thomas Sankara, le 15 octobre 1987 lors d’un coup d’Etat qui porta le président Blaise Compaoré au pouvoir.
Elle assistera auparavant à un Congrès du mouvement sankariste au cours duquel les partis se réclamant de l’idéal de Thomas Sankara désigneront un candidat unique pour l’élection présidentielle d’octobre.
La figure de Thomas Sankara, révolutionnaire loué pour son intégrité et icône du panafricanisme, a été abondamment revendiquée durant le soulèvement populaire qui a conduit à la chute du président Compaoré, chassé du pouvoir le 31 octobre par une insurrection populaire après 27 ans de règne.
Le régime de M. Compaoré avait toujours refusé l’ouverture d’une enquête sur les circonstances de cet assassinat.
Les élections présidentielle et législatives prévues en octobre sont cruciales pour le Burkina Faso. Elles doivent permettre de doter ce pays pauvre du Sahel de nouveaux dirigeants, à l’issue d’une "transition démocratique" d’un an, mise en place après la chute de M. Compaoré.
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