Reporters sans frontières (RSF) appelle le Conseil supérieur de la communication (CSC) du Burkina Faso à revenir sur sa décision de suspendre, pour un trimestre, des émissions interactives.
Lucie Morillon, directrice des programmes de RSF, a indiqué mardi, dans un communiqué, que les émissions interactives populaires diffusées en direct "permettent à la population burkinabè de faire entendre sa voix et de s'informer.
Le 7 mai, le CSC avait motivé sa décision de suspension par de nombreux "dérapages" constatés dans la conduite et le contenu desdites émissions, malgré les actions pédagogiques entreprises à l'endroit des animateurs et du public.
L'association des journalistes du Burkina (AJB) qui a marqué son "étonnement et sa surprise" face à cette décision, a soutenu que les émissions d'expression directe sont des moyens pour le peuple de participer à la vie démocratique et citoyenne.
Dans un communiqué, onze organisations professionnelles des médias se sont déclarées opposées à cette mesure qui "frappe indistinctement les médias respectueux des règles des émissions interactives (...) et ceux qui ne les respectent pas du tout".
Mardi, le président du le Conseil national de transition (CNT, Parlement intérimaire), Chérif Sy, lui-même journaliste, a indiqué la décision n'a aucun fondement légal.
"Je pense que c'est une décision qui, même si elle peut paraître légitime, n'a pas de fondement légal parce qu'on ne peut pas frapper à l'aveuglette l'ensemble des radios par rapport à un type d'émission", a-t-il dit.
Face à la pression, le CSC a déclaré que des concertations avec les responsables des associations professionnelles et les promoteurs des radios et des télévisions sont en cours.
Au Burkina Faso, 139 sociétés de radiodiffusion sonore, 20 sociétés de télévision et 30 journaux se partagent le paysage médiatique.
Le pays occupe la 46e place sur 180 pays dans le classement 2015 de la liberté de la presse établi par RSF.
Le Burkina Faso vit une période de transition après la chute de l'ex-régime en fin octobre 2014, qui doit déboucher sur des élections présidentielle et législatives, le 11 octobre 2015. F