Treize organisations professionnelles des média se disent surpris et indignés de la décision du Conseil supérieur de la communication (CSC) de suspendre les émissions d’expression directe sur les radios. A travers cette déclaration, ils condamnent cette mesure « liberticide » qui constitue « un recul démocratique ».
« Les membres des organisations professionnelles des média sont été surpris et indignés par la mesure prise par le Conseil supérieur de la communication en vue d’une suspension pour une période de trois mois des émissions d’expression directe produites par les stations de radiodiffusion sonore et visuelle sur toute l’étendue du territoire du Burkina Faso.
Ils condamnent fermement ladite mesure pour les raisons suivantes :
• Elle est liberticide. Elle contredit la Constitution du 11 juin 1991 en son article 8 qui stipule que « les libertés d’opinion, de presse et le droit à l’information sont garanties ;
• Elle symbolise un recul démocratique par la restriction de la participation de la population à la gestion des affaires publiques ;
• Elle est injuste. La mesure frappe indistinctement les médias respectueux des règles des émissions interactives (il y en a) et ceux qui ne les respectent pas du tout ;
• Elle encourage d’autres modes d’expression tels que les tracts, la violence physique, l’incivisme… susceptibles de troubler l’ordre public ;
• Elle révèle les difficultés du CSC à réguler le paysage médiatique du Burkina.
A ces moments névralgiques de l’histoire de notre peuple, nous ne devons pas avoir la mémoire courte ; nous devons plutôt nous rappeler que ces émissions d’expression directe ont contribué à fertiliser la lutte de notre peuple ayant abouti à l’insurrection des 30 et 31 octobre 2014.
Elles ont continué à jouer leur rôle de veille dès les premières heures de la Transition. Elles ont pu ainsi attirer l’attention sur des insuffisances ou erreurs qui ont été corrigées. Par conséquent, elles constituent des sources majeures d’information relatives aux attentes et préoccupations de la population sur des questions d’intérêt national.
En raison de tout ce qui précède, nous exigeons la levée sans délai de la mesure de suspension, à défaut, nous nous réservons le droit de mener toute action en vue de faire lever la suspension.
En tout état de cause, nous exprimons notre disponibilité à accompagner le CSC en vue d’un meilleur encadrement des émissions d’expression directe. »
Déclaration faite à Ouagadougou, le 11 mai 2015.
Ont signé :
• Pour le Comité de pilotage du Centre National de Presse Norbert Zongo(CNP-NZ), le président Justin COULIBALY ;
• Pour L’Observatoire burkinabé des médias, (OBM), le président Jean-Baptiste ILBOUDO ;
• Pour l’Union nationale de l’audiovisuel libre du Faso (UNALFA), le président Charlemagne ABISSY ;
• Pour l’Association des Journalistes du Burkina (AJB) Guézouma SANOGO ;
• Pour le Syndicat Autonome des Travailleurs de l’Information et de la Culture (SYNATIC),Siriki DRAME ;
• Pour la Société des Editeurs de Presse privée (SEP), Lookman SAWADOGO ;
• Pour l’Association des Télévisions Privées du Burkina (ATPB), Rémis DANDJINOU ;
• Pour Reporter du Faso, Abdoulaye TAO ;
• Pour l’Association des Professionnelles Africaines de la Communication (APAC), Bénédicte SAWADOGO ;
• Pour l’Association des Médias Communautaires (AMC), André Eugène ILBOUDO ;
• Pour l’Association des Editeurs de Journaux et de Presse en Langue Nationale (AEJPLN), Evariste ZONGO ;
• Pour l’Association des Retraités de la Communication et de l’Information (ARCI), Paul Ismaël OUEDRAOGO ;
• Pour l’Union Catholique Africaine de la Presse (UCAP-Burkina), Alexandre Le Grand ROUAMBA