Quatre jours après la tenue du congrès extraordinaire du Parti pour la démocratie et le socialisme/Parti des bâtisseurs (PDS/Metba) qui a vu l’élection du nouveau Bureau exécutif national (BEN), le fraîchement élu président, Philippe Ouédraogo a animé, en présence de ses collaborateurs et des militants, une conférence de presse en vue de « rendre compte des travaux du premier congrès extraordinaire du parti ». Comme il fallait s’y attendre, c’est la récente « tempête dans un verre d’eau », comme il l’a signifié, intervenue lors du congrès qui a été largement abordée par les hommes de médias. C’était hier 7 mai au siège du parti à Ouagadougou.
« Personne ne m’avait officiellement demandé si j’allais être candidat ou non. C’est au soir du 2 mai (NDLR : date de l’ouverture du congrès) que nous avons, précipitamment, réuni une partie des membres du BEN pour établir rapidement des propositions pour le bureau national. Les bureaux le font souvent ; c’est une pratique qui existe et qui consiste à établir un projet de bureau mais la décision appartient au congrès. C’est à ce dernier d’accepter la proposition ou de la rejeter. N’importe quel membre du congrès peut être candidat et c’est aux congressistes d’accepter une candidature ou de la rejeter. Il n’y a pas de légitimité naturelle à ceci ou à cela. Personne ne soupçonnait que je puisse être candidat. Je me suis porté candidat le moment venu. Cela a été une surprise pratiquement pour tout le monde. J’étais candidat et j’ai usé de mon droit comme inscrit dans les textes du parti ». C’est ce qu’a répondu Philippe Ouédraogo, le nouveau président du PDS/Metba, à la question d’un journaliste de savoir si sa candidature n’avait pas été une surprise pour les congressistes. Pour lui, seul le congrès est souverain. « Le congrès est souverain ; ce n’est pas parce qu’on a bien travaillé qu’on doit être président. On peut être un candidat naturel et ne pas être retenu, ou se voir opposer une autre candidature », a-t-il laissé entendre. Par ailleurs, il a relevé que ledit congrès ne s’est pas terminé en queue de poisson comme le pensent certains, surtout dans la mesure où, « l’incident n’a pas empêché le congrès d’aller jusqu’au bout, d’élire les membres du bureau et de passer en revue toute la vie du parti ». « Je dirais presque, que c’est une tempête dans un verre d’eau », a-t-il ajouté.
Soutenir un candidat de gauche
A la question de savoir si l’on achemine vers une division du parti, le nouveau président a indiqué : « Personnellement, je pense que ce n’est ni dans son intérêt, ni dans l’intérêt du parti de se livrer à une manœuvre de division. On peut être en colère, être déçu, ne pas être satisfait d’une situation mais il faut peut-être prendre le temps de laisser tomber la colère et regarder les choses objectivement. Notre intérêt commun est que le parti aille de l’avant et se développe. Etre président ou ne pas l’être, ce n’est pas la mort. Il était candidat, moi également, il a eu peur que le vote nous départage et il a préféré se retirer mais cela n’entraîne pas une division du parti ». Le PDS/Metba présentera-t-il un candidat à la présidentielle d’octobre 2015 ou entend-il soutenir la candidature d’un autre parti? A ce propos, le président a fait savoir que le sujet a longuement été discuté lors du congrès et que mandat a été donné au BEN de finaliser les réflexions afin d’aboutir à une position claire du parti sur la question. « La question a été débattue au cours du congrès puisque, depuis assez longtemps, les fédérations voulaient que la position du parti soit claire à ce sujet. Devons-nous présenter un candidat interne ou devons-nous participer à la présidentielle dans le cadre d’une alliance pour soutenir un autre candidat ? Nous en avons beaucoup discuté au cours du congrès et la conclusion à laquelle celui-ci a abouti a été l’élaboration d’un mandat donné au BEN entrant. Il est vrai que les différents arguments de chaque thèse ont été passés en revue et examinés mais le congrès a estimé qu’il ne pouvait pas trancher et qu’il fallait que la situation soit bien examinée avant qu’une instance nationale se prononce sur le sujet.(…) Le bureau national doit finaliser les discussions qui ont eu lieu pendant le congrès et faire une recommandation à une instance comme le Bureau politique national sur la décision à prendre. Soit le parti présente un candidat interne, soit il propose de soutenir un candidat d’un autre parti, mais un candidat de gauche. Tel est en résumé le contenu du mandat donné au BEN et cela doit se faire dans les meilleurs délais », a-t-il expliqué. Quid de la fusion du PDS/Metba qui avait été annoncée par certains ? « Certes, le PDS/Metba est le fruit d’une fusion intervenue le 31 mars 2012 mais ce n’est pas une raison pour continuer à fusionner avec d’autres partis. On peut très bien s’entendre avec un parti sans nécessairement fusionner avec ce dernier. La question n’a ni été évoquée au cours du congrès, ni été débattue. Personne n’a proposé de fusionner avec personne », a-t-il affirmé.
Colette DRABO