La coordination des associations pour la libération des détenus politiques a animé une conférence de presse hier mardi 5 mai 2015 à Bobo-Dioulasso, pour attirer l’attention des autorités de la Transition sur la situation des anciens dignitaires de l’ex-parti majoritaire en détention, et dénoncer le «caractère discriminatoire» de l’article 135 du nouveau Code électoral. Mieux, les membres de la coordination prévoient d’organiser des marches de protestation pour exiger la libération de tous les détenus politiques.
Exiger d’une part la libération d’anciens proches de l’ex-parti au pouvoir, notamment Salia Sanou, ex-maire de Bobo-Dioulasso, Seydou Sanou, ex-maire de l’arrondissement N°5, Karim Barro, ex-maire de l’arrondissement N°6, et Sita Ouattara de la Nouvelle alliance du Faso, et d’autre part dénoncer le « caractère discriminatoire » de l’article 135 du nouveau Code électoral. Tel était le sens de la conférence de presse animée hier 5 mai 2015 à Bobo-Dioulasso, par la coordination des associations pour la libération des détenus politiques, qui prévoit d’organiser des marches de protestation pour exiger la libération de ces derniers. La conférence a également servi de cadre pour dénoncer le caractère arbitraire des arrestations des anciens dignitaires du régime Compaoré. Selon Abou Alifata Téguéra, le représentant de la coordination des associations pour la libération des détenus politiques, ces arrestations se sont effectuées en dehors de toute procédure légale et tous les chefs d’accusation sont purement politiques. Par ailleurs, la coordination des associations pour la libération des détenus politiques dénonce le caractère discriminatoire de l’article 135 du nouveau Code électoral et l’immixtion des autorités de la Transition dans le processus électoral à venir, en violation de l’article 25 de la Charte africaine de la démocratie qui stipule que « les auteurs de changement anticonstitutionnel de gouvernement ne doivent ni participer aux élections pour la restitution de l’ordre démocratique, ni occuper des postes de responsabilité dans les institutions politiques de leurs Etats». Selon les animateurs de la conférence, aucune base légale ne justifie cette exclusion prévue à l’article 135. «Il ne s’agit pas d’une question d’ordre légal, mais plutôt politique. Pour mieux faire passer la loi, le gouvernement de la Transition a procédé à certaines arrestations en vue de faire non seulement peur, mais aussi pour éviter les marches de protestation. D’ailleurs, la Transition a soutenu et assiste la société civile et les partis politiques dans les actions de soutien au nouveau Code électoral», a laissé entendre Abou Alifata Téguéra. « (…) Nous invitons les autorités de la Transition à procéder à leur libération sans condition. Nous avons l’impression que c’est une justice des vainqueurs », a-t-il ajouté.
Rahamatou SANON
(Correspondante)