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Etienne Traoré à propos du congrès du PDS/METBA: « Philippe Ouédraogo a été élu alors qu’il n’est pas à jour de ses cotisations»
Publié le mardi 5 mai 2015  |  Le Pays
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© aOuaga.com par G.S
Projet de révision de la Constitution : l`opposition à nouveau dans la rue le 28 octobre
Mercredi 22 octobre 2014. Ouagadougou. L`opposition regroupée autour du chef de file a animé une conférence de presse pour annoncer l`organisation d`une journée nationale de protestation, le 28 octobre 2014, contre le projet de loi portant modification de la Constitution introduit à l`Assemblée nationale par le gouvernement. Photo : Etienne Traoré, 1er vice-président du PDS/Metba




C’est connu, le congrès extraordinaire du Parti pour la démocratie et le socialisme/ Parti des Bâtisseurs (PDS/METBA) qui s’est tenu les 2 et 3 mai derniers, s’est terminé en queue de poisson. En effet, les congressistes, après moult tractations, ne sont pas parvenus à un consensus quant à la désignation des membres du nouveau bureau. Les partisans de Philippe Ouédraogo, ancien président d’honneur du parti, étaient opposés à ceux d’Etienne Traoré, président intérimaire du parti depuis le décès de Arba Diallo. Avant la fin du congrès, Etienne Traoré a claqué la porte et a été suivi par bon nombre de participants. Dans la soirée du 3 mai 2015, l’on a appris que les élections ont eu lieu et que c’est Philippe Ouédraogo qui a été porté à la tête du parti. Hier, 4 mai 2015, nous avons rencontré Etienne Traoré pour connaître les raisons qui l’ont poussé à se retirer de la salle avant la fin des travaux. Lisez !

« Le Pays » : Pourquoi avez-vous claqué la porte avant la fin du congrès que votre parti a organisé les 2 et 3 mai derniers ?
Etienne Traoré : Dire que j’ai claqué la porte, c’est un peu exagéré. Il faut d’abord que j’explique ce qui s’est réellement passé pour que l’opinion comprenne. Au niveau de l’ancien bureau, nous avions, de façon consensuelle, arrêté une liste du bureau entrant, en respectant l’esprit qui a guidé
la fusion qui a eu lieu en 2012. Il y avait plusieurs partis et c’est donc pour respecter l’esprit de cette fusion que nous avions arrêté de façon consensuelle une liste des membres du bureau avant d’aller la soumettre au congrès constitutif, qui a été adoptée par l’ensemble des congressistes. Cette fois, nous avons voulu aller dans le même sens. Nous rendant compte que le rapprochement est insuffisant, nous nous sommes entendus au sein de l’ancien bureau pour que ce bureau consensuel soit mis en place. Dans ce bureau, j’étais le président, le 1er vice-président était Ibrahim Koné, la 2e vice-présidente était Marie Michelle Ouédraogo, l’épouse de Philippe Ouédraogo, la 3e vice-présidente était Leïla Diallo, la fille de feu Arba Diallo. C’est de cette manière que nous avons essayé d’équilibrer au mieux les choses afin que le consensus soit maintenu. Nous sommes arrivés au congrès avec ce bureau qui devait être adopté pour que les choses aillent très vite. A notre grande surprise, lors du congrès, Philippe Ouédraogo s’est présenté comme candidat. Toute chose que nous ignorions, car s’il s’était manifesté plus tôt, on aurait trouvé des solutions. Mais il n’a jamais dit qu’il serait candidat. Le débat s’est posé sur la régularité. Mais sur ce point, je dirai qu’il a été élu alors qu’il n’est pas à jour de ses cotisations. Mais nous avons laissé cet aspect et nous sommes allés au vote. J’ai proposé que le vote soit à bulletin secret, car manifestement, il y avait dans la salle, des gens qui étaient venus pour simplement voter. Voyez-vous, pendant que nous nous tuions à préparer le congrès, certains recrutaient des votants. Je l’ai senti lors du congrès et la situation ne présageait rien de bon. C’est pour cela que j’ai proposé le vote à bulletin secret qui a été refusé. Nous avons suspendu le congrès puisqu’on nous a dit de se voir entre nous. Mais Philippe a insisté et il a dit qu’il voulait forcément être candidat. Nous lui avons proposé de faire partie du bureau et il a dit que s’il venait dans le bureau, c’était pour être président ou rien. Je me suis entretenu avec d’autres camarades suite à cela et j’ai fait une autre proposition, étant donné qu’on n’avait pas trouvé de consensus. Pour qu’il y ait consensus et pour éviter que le parti ne se fissure, j’ai proposé que le congrès soit suspendu, le temps de parvenir à un consensus et qu’on revienne dans deux ou trois mois pour élire le bureau. Cette proposition a été également rejetée. Comme je ne voulais pas être complice de la cassure du parti, j’ai décidé de ne pas participer au vote et je suis parti. Rien n’urge pour qu’on ne puisse pas attendre. Ils l’on fait et aujourd’hui, le parti est cassé et je n’ai pas voulu être complice de cela. C’est pourquoi je suis parti.
Qu’est-ce que vous entendez réellement par cassure du parti. Est-ce à dire que vous vous retirez du parti ?
Si dans les jours à venir le parti accepte qu’on revienne dans deux ou trois mois faire un congrès constitutif, je suis partant, sinon je ne serai plus membre. Mais je sais qu’ils ne vont pas l’accepter et dans ce cas, je vais simplement me réorganiser. Je n’ai même pas été désavoué et le rapport d’activités a été adopté, ainsi que le rapport financier et le thème. Donc, je pense que la légitimité est de notre côté et personne ne peut dire que nous avons mal travaillé dans la mesure où le congrès a tout adopté. Seulement, c’est quelques personnes, pour des raisons qu’on ignore, qui veulent s’imposer. Peut-être que c’est pour des ambitions personnelles. Certains ont dit, lors du congrès, qu’il n’est pas question de laisser «des étrangers » venir diriger le parti. Il y en a qui pensent que nous sommes dans la cour du PDS et que nous ne sommes pas dignes de prendre la direction du parti. Je ne vais rien forcer, je vais me réorganiser autrement et le plus rapidement possible.
« Certains ont pensé qu’Arba Diallo n’étant pas là, nous ne sommes pas dignes de prendre sa place »

Etes-vous seul à vouloir vous retirer du parti ?
Je ne peux rien vous dire d’abord. Nous sommes en train de faire le bilan et dans les prochains jours, vous en saurez davantage.
Vous disiez tantôt que l’ancien bureau avait mis en place un bureau consensuel. Est-ce que Philippe Ouédraogo a approuvé la mise en place de ce bureau consensuel ?
Il n’est pas membre du bureau ; donc, on n’a même pas demandé son avis. Il était membre d’honneur et généralement, les membres d’honneur ne sont pas des membres actifs. C’est l’ensemble du bureau qui avait accepté ce consensus, cette nouvelle liste dans laquelle se trouvait sa propre femme. Nous avions fait cela dans le cadre de la promotion des femmes et des jeunes du parti, sinon sa femme n’était pas dans le bureau passé, ni la fille d’Arba Diallo. Nous avons suffisamment fait notre travail et si des personnes pensent que nous sommes indignes et que nous ne méritons pas d’être dans ce bureau, nous n’allons pas forcer les choses. On ne peut, en aucun cas, occuper de force la maison d’autrui. Nous pensions qu’en fusionnant, les choses allaient s’améliorer mais certains ont pensé qu’Arba Diallo n’étant plus là, nous ne sommes pas dignes de prendre sa place. En réalité, c’est cela le fond du problème sinon tout le reste, à savoir les questions de procédures, n’est pas à considérer. Si nous devions parler de procédure, il n’y aurait même pas eu des élections puisque près d’un tiers de ceux qui étaient dans la salle, n’étaient pas à jour de leurs cotisations. Certains n’avaient même pas leur carte de membre. Les textes du parti ont été faits pour le bien du parti. Donc, celui qui va à l’encontre de ces textes, ne veut pas le bien du parti.
Que comptez-vous faire maintenant? Allez-vous créer votre parti où allez-vous rejoindre une autre formation politique ?
Nous allons nous réorganiser très rapidement et on avisera. Et tout dépendra de ce que les camarades décideront. Dans 2 ou 3 jours, nous allons nous réunir pour décider de la conduite à tenir.
D’aucuns disent que la discorde au sein du parti serait venue de cette volonté de fusion du PDS/Metba avec d’autres partis politiques, à savoir l’UPC et le MPP. Qu’en est-il réellement ?

C’est un faux problème. Il n’y a jamais eu de problème concernant la fusion du parti avec d’autres partis. Ceux qui ont dit cela veulent faire du sabotage. La vérité est que nous avions dit que nous allions renforcer la formation d’un front de gauche. A ce propos, nous avions pris contact avec des partis politiques dont le RDS, l’UNIR/PS, le FFS, le CNRS/MS et le MPP. Nous sommes donc dans un large front de partis qui luttent pour la démocratie dans le cadre de l’ex-CFOP et maintenant dans le cadre du CCPP (Cadre de concertation de partis politiques). Il n’a jamais été question de fusion avec un autre parti. Dans une situation de fusion de plusieurs partis, le consensus est toujours mieux que la majorité simple. C’est pour cela que j’avais dit que peu importe celui qui allait gagner. Le résultat serait le même. Les positions étaient tranchées. Dans ces conditions, qu’il gagne ou que je gagne, il y aura toujours des contradictions. Donc, on devrait travailler à éviter ces contradictions, en reportant le congrès de 2 ou 3 mois. Manifestement, tout était préparé. Et ce qui s’est passé l’a été au détriment de l’unité du parti. On a été presque naïf, puisque pendant que nous préparions le congrès, toute chose qui m’a fait perdre du poids, certains recrutaient des électeurs.

Propos recueillis par Adama SIGUE
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