La direction régionale des douanesdu Sud-ouest basée à Diébougou a présenté,le 13 septembre 2012 à la presse,plus de 4tonnes de cannabis. Cette présentation a été suivie d’une visite du poste de Nako qui a joint ses forces à celles de la brigade mobile de Diébougou pour saisir ce produit illicite courant juillet-septembre.
Le Sud-Ouest serait-il la région du Burkina qui connaît une fréquence du trafic du cannabis ou du chanvre indien ? Au regard de la quantité de ce produit illicite saisi dans la région, on est tenté de répondre par l’affirmative. En effet, selon le directeur régional des douanes du Sud-Ouest, Elie Kalkoumdo, par mois en moyenne,une tonne de chanvre indien est saisie par les différents postes de douane de son ressort territorial. L’activité des douaniers au Sud-Ouest consiste essentiellement en la saisie du cannabis, le reste est constitué de menu fretin, a-t-il indiqué. De cette croisade contre la drogue, c’est le poste de Nako qui détient la palme d’or des quantités de drogue saisie avec en moyenne plus de 700 kg de cannabis saisi par mois soit plus de 3,5 tonnes en trois mois. « En 2011, nous avons récupéré plus de 9 tonnes avec les trafiquants au poste frontalier de la douane de Nako », a laissé entendre le chef dudit poste, l’assistant de douane Vayam Maurice Sia. La dernière saisie date de la nuit du 11 au 12 septembre grâceà l’agent Saturnin Ouattara de garde au poste annexe de Dapola situé à un jet de pierre du Ghana. Après avoir fait recours à un renfort, une colonne de six trafiquants transportant du cannabis sur des vélos estimé à 510 kg, ont été appréhendé. « Courant 2011, nous avons intercepté une colonne de 13 personnes à vélo qui transportaient chacune au moins 300kg de cannabis », a relevé un agent de la douane de Nako. A la brigade mobile de Diébougou, c’est plus d’une tonne de chanvre indien qui a été récupérée avec des délinquants dans la zone de Diassara et stockée dans ses magasins.Une situation qui inquiète les douaniers. Fort heureusement, la presque totalité de toute cette quantité de cannabis est en transit vers des pays voisins avec pour destination finalel’Europe, a indiqué l’assistant BalimaSalif, de la brigade mobile de Diébougou. En effet, selon lui, ce n’est qu’une infime partie destinée souvent à la consommation des trafiquants eux-mêmes qui se retrouve sur le marché local. A en croire les douaniers, la nature du conditionnement de la drogue dans des plaquettes de 2kg couvertes avec plusieurs sachets en plastiques, témoigne d’une certaine organisation du réseau de trafic et d’une destination lointaine des produits. La traque des trafiquants de drogue repose essentiellement sur le renseignement. Malheureusement, l’insuffisance de la franche collaboration des populations avec la douane fait perdurer letrafic, a fait savoir le chef de poste de Nako. « La fréquence du trafic s’explique par la densité de la végétation de la région, la proximité de celle-ci avec le fleuve Mouhoun et surtout le refus des populations à collaborer avec nos services »,a relevéVayam Maurice Sia. En plus de cela, a-t-il souligné, la démotivation des indicateurs par manque d’encouragement plombesouvent leurs activités. Certains rechignent à signaler les trafiquants de peur des représailles, a-t-il expliqué. Pour lui, la lutte contre le phénomène ne peut se faire sans renseignements et il faut une collaboration des populations.« A cet effet, nous sensibilisons souvent les populations sur la noblesse de notretravail », a-t-il confié. Compte tenu de la facilité de dissimulation de ce produit, sa traque est très difficile sans une approche inclusive, a soutenu l’assistant Vayam Maurice Sia. « Nous souhaitons que les autorités, les élus locaux et les leaders d’opinion nous aident à faire comprendre le bien-fondé de notre action », a-t-il plaidé. Tout le long du fleuve, il faut accroître la surveillance afin d’éviter que la région ne soit une passoire. Cela ne doit pas s’arrêter seulement au Sud-Ouest, car les trafiquants suivent des pistes qui traversent les régions des Hauts-Bassins et de la Boucle du Mouhoun, a-t-il mentionné.Pour S.D, habitant de Dapola que nous avons rencontré à Diébougou, ce ne sont pas les autochtones qui transportent la « marchandise » ; les trafiquants viennent d’autres localités du Burkina ou du Ghana. Information difficile à vérifier car, selon le chef de poste de Nako, dans la plupart du temps, les trafiquants jettent leurs vélos et leurs charges avant de prendre la poudre d’escampette. Mais notre interlocuteurreconnaît que certains habitants surveillent régulièrement la position des douaniers avant de traverser le fleuve en direction du Ghana ou du Burkina. A l’en croire, chaque cycliste qui traverse le Burkina à partir du Sud-Ouest, reçoit 100 000 F CFA.La drogue n’est pas le seul produit illicite qui transite par la région.Il y a aussi les herbicides et les pesticides qui font l’objet de traque par les douaniers de la région. Selon le directeur régional des douanes du Sud-Ouest, Elie Kalkoumdo, la dernière saisie date du mois d’avril où 15 camions chargés d’herbicides dont le coût est estimé à près de 140 millions de F CFA en provenance du Ghana pour la Côte d’Ivoire ont été refoulés par la douane de Ouessa. Sur les raisons de ce refoulement, il a évoqué une convention des pays membres du Comité inter-états de lutte contre la sécheresse dans le sahel(CILSS), qui réglemente la circulation des pesticides. En la matière, a-t-il fait noter, les herbicides en transit n’étaient pas conforment au décret N° 2008-627 portant contrôle aux différents stades du cycle de vie, au transit et au reconditionnement des pesticides en son article 21. Conformément à l’esprit du décret et en collaboration avec le ministère de l’Agriculture et de l’hydraulique, les camions ont été renvoyés au Ghana après quatremois de stationnement au poste de douane de Ouessa. « La région est essentiellement agricole et les mauvais pesticides peuvent créer un problème de santé publique », a-t-il fait remarquer, avant d’appeler à nouveau la population à la collaboration.
Nako, premier poste de douane de l’Afrique occidentale française (AOF)
Dans la commune de Nako située dans la province du Poni, nous avons visité le premier poste de douane de l’AOF qui jouxte l’actuel poste. Selon le chef de poste de Nako, Vayam Maurice Sia, c’était la porte d’entrée dans l’AOF en provenance du Ghana. Ce poste, créé en 1947, est le témoin de la démarcation entre les positions anglaises et françaises après les conquêtes coloniales. Aujourd’hui, le poste est tombé en ruines et envahi par les herbes. L’assistant SalifBalima, au vu de ce poste, s’est demandé comment ses devanciers ont pu vivre dans cette zone à cette époque car, de nos jours, l’hostilité de la nature est toujours remarquable.