Les travailleurs du Burkina Faso ont commémoré à l’instar d’autres du monde entier, la Journée internationale du Travail, le 1er mai 2015. Réunis autour de l’Unité d’action syndicale (UAS), ils ont remis leur plateforme revendicative, forte de 16 points au gouvernement, à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) avant la marche-meeting à la Place de la révolution de Ouagadougou.
Ils étaient assez nombreux les travailleurs de tous les secteurs d’activités à avoir fait le déplacement de la Place de la révolution, le 1er mai 2015. Répondant à l’appel de l’Unité d’action syndicale (UAS) pour la commémoration de la 129e journée internationale du travail, plusieurs d’entre eux, rassemblés depuis 7 heures, tiennent des drapeaux d'organisations syndicales (couleur rouge, verte, bleue) et des banderoles sur lesquelles, l’on peut lire : ‘’Non à la vie chère, non à la violation des libertés démocratiques et syndicales’’. A 8 heures 30 minutes, les responsables syndicaux font leur entrée à la Place de la révolution. Trente minutes après, ils se dirigent vers la direction générale de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) pour remettre au gouvernement, leur plateforme revendicative, forte de 16 points. Là-bas, c’est une délégation gouvernementale de huit ministres qui les attendaient. En plus du ministre en charge du travail, Augustin Loada, il y a les ministres en charge de la jeunesse, Salifou Dembélé, de la culture, Jean-Claude Dioma, de la santé, Amédée Prosper Djiguimdé, de l’éducation, Samadou Coulibaly, de l’économie, Jean Gustave Sanon, du commerce, Hippolyte Dah et de la communication, Frédéric Nikiéma. En remettant le cahier de doléances, le président du mois des centrales syndicales, Yemba Georges Koanda reconnait le climat particulier dans lequel se tient ce premier mai. Mais, espère un examen minutieux et des réponses satisfaisantes à leurs différentes doléances. Le ministre Loada lui, promet de transmettre le cahier à qui de droit. « Nous allons examiner ces doléances et donner des réponses qui tiendront compte du contexte », rétorque t-il. Au nombre des requêtes qui figurent dans la plateforme, il y a onze relatives à l’amélioration des conditions de vie et de travail et cinq en relation avec la lutte contre l’impunité. Au titre de la première catégorie, l’on peut citer, entre autres, la révision de la loi 013 portant régime juridique applicable aux emplois et aux agents de la Fonction publique, de la grille salariale, de la loi 028 portant code du Travail, de la loi 027 portant régime applicable aux agents des Collectivités territoriales et de la relecture consensuelle de l’arrêté conjoint n° 2013-195/MEF/MFPTSS du 30 mai 2013 portant procédures de traitement et modalités de liquidation de la retenue salariale pour fait de grève. En plus de la suppression de l’Impôt unique sur les traitements et salaires (IUTS), sur les primes et indemnités servies aux travailleurs du privé et des établissements publics et parapublics de l’Etat, les syndicats réclament également, la diminution significative des prix des hydrocarbures et des produits de grande consommation.
De la suppression du LMD
Par ailleurs, les structures syndicales veulent la prise de mesures urgentes pour assurer la fourniture en électricité et en eau pour les populations, la création d’emplois décents et stables pour la jeunesse, la suspension du système Licence-master-doctorat (LMD) dans les universités publiques en attendant de réunir les conditions de sa mise en œuvre, l’augmentation de l’aide et son élargissement à tous les cycles d’enseignement et la baisse des loyers des marchés et yaars. Dans la deuxième catégorie des revendications, les syndicats exigent un mandat d’arrêt international contre Blaise et François Compaoré, la vérité et la justice pour Norbert Zongo, Thomas Sankara, Boukary Dabo, les martyrs de l’insurrection populaire, un audit des opérations de lotissement, une dissolution du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), la réintégration des travailleurs abusivement licenciés et l’abrogation du texte instituant les zones dites rouges. Après la CNSS, place à la marche. Il est 9 heures 26 minutes. Les travailleurs quittent la Place de la révolution et s’ébranlent vers le rond-point des Nations unies en passant par la Place des cinéastes. Puis, ils bifurquent à droite sur l’avenue du Dr Kwame N’Krumah pour rejoindre l’avenue de la Cathédrale, celle de Bassawarga, avant de regagner la Place de la révolution. Il est 10 heures 20 minutes. Pendant qu’ils battent le bitume, de slogans comme ‘’pour la relecture de la grille salariale, de la suspension du système LMD’’, retentissent de la foule. Tout cela, sous les yeux hagards des riverains et commerçants qui ont tous ouvert leurs boutiques. Lors du meeting, le président du mois des centrales syndicales, Yemba Georges Koanda, revient sur la situation au plan mondial marquée par des crises socioéconomiques, les rapts de Boko Haram et ‘’l’entêtement’’ de certains dirigeants à rester au pouvoir. Au plan national, M. Koanda fustige l’attitude du gouvernement de la Transition qui peine à trouver une solution à la pénurie d’eau et d’électricité. «Pendant que des batailles de positionnement font rage pour une ‘’transition apaisée’’, le peuple est confronté à la vie chère et se voit rationner l’eau et l’électricité avec des tentatives de justification inacceptables telles que la difficulté d’approvisionnement en fuel ou encore la mauvaise gestion de la SONABEL et de la SONABHY », s’indigne t-il. Il soutient que le mouvement syndical rejette toutes les accusations selon lesquelles, il cherche à troubler la Transition. Le mouvement, a poursuivi Yemba Georges Koanda, ne peut accepter que les préoccupations des travailleurs et des populations soient mises sous boisseau sous prétexte que la mission principale de la Transition est d’organiser des élections. « A-t-on besoin d’un gouvernement de 27 ministres juste pour organiser des élections en 11 mois ? », questionne le syndicaliste avant de répondre par la négative. C’est pourquoi, il prévient que si le gouvernement n’accorde pas une attention particulière à leurs revendications, d’autres actions seront menées afin de les faire aboutir. Venu soutenir l’UAS, le 1er vice-président de la CCVC, Chrysogone Zougmoré, exhorte les manifestants à rester mobilisés. Car, dit-il, des menaces graves pèsent sur les libertés démocratiques et syndicales, la faim et la soif tenaillent le peuple et les déficits en matière de santé et d’éducation hypothèquent l’avenir des générations futures.
Gaspard BAYALA