Le ministère de l’Economie et des Finances a organisé, le jeudi 30 avril 2015 à Ouagadougou, la revue annuelle 2015 de la Stratégie de croissance accélérée et de développement durable (SCADD). Au regard de la faible performance de la croissance enregistrée en 2014 sur l’ensemble du 1er cycle de la Stratégie (2011-2015), les membres-observateurs ont relevé les aspects à corriger pour la mise en œuvre efficace du 2e cycle.
2014 aura été jusque-là, l’année de la faible performance dans la mise en œuvre de la Stratégie de croissance accélérée et de développement durable (SCADD). En effet et selon le rapport de performance de l’année, présenté par le secrétaire exécutif de la SCADD, le Dr Seglaro Abel Somé, la période 2011-2013 affiche un taux moyen annuel de réalisation des mesures et actions de la matrice de performance de 63,34%, pour un taux moyen annuel d’atteinte des cibles des indicateurs de 60%. Pourtant, 2014 affiche le plus faible taux atteint de 36,7% pour les mesures et actions et de 45,28% pour les indicateurs. Et selon lui, cette situation est liée en partie à la crise sociopolitique qui a abouti à l’insurrection populaire d’octobre 2014. Au titre des fondements et orientations stratégiques de la SCADD de 2011 à 2014, il ressort que l’accélération de la croissance n’a véritablement pas été effective avec un taux annuel moyen de 5,92%, un taux guère loin des 5,3% réalisés sur la période 2000-2010 et en-deçà des 10% visés sur la période 2011-2015. Le secrétaire exécutif de la SCADD relève ainsi que l’activité économique a connu en 2014, un ralentissement de son rythme de croissance, comparativement aux trois dernières années malgré les réformes structurelles engagées par le gouvernement à cet effet. Néanmoins, le Dr Abel Somé note un bon fonctionnement du dispositif de suivi et d’évaluation, de même que celui de l’évaluation des performances des cadres sectoriels et régionaux de dialogue et du secrétariat national technique de la SCADD et aussi leurs bonnes performances globales. «En raison de la faiblesse relative des critères d’efficacité, il apparaît une mise en œuvre moyenne des mesures et actions des matrices sectorielles et régionales de performance, ainsi qu’un faible niveau de l’exécution des budgets», a-t-il regretté.
Des mesures pour rectifier le tir
Pour cette contre-performance «contrariée» en 2014 surtout, le Premier ministre, Yacouba Isaac Zida, par ailleurs président du Comité national de pilotage (CNP) de la SCADD, y voit aussi la récurrence des insuffisances constatées dans la planification, la budgétisation, le suivi et l’évaluation des activités, ainsi que dans le processus de passation et d’exécution des marchés publics. «Nous sommes amenés à nous interroger sur la pertinence des mesures et actions définies dans le cadre de l’exécution de la SCADD, sur le réalisme de leur programmation, sur l’effectivité de leur budgétisation et sur les capacités à les mettre en œuvre, dans les délais impartis, à travers un système rigoureux de suivi et évaluation», a-t-il dit. Et c’est à cet exercice que se sont prêtés les membres et observateurs de la SCADD. En effet, la revue annuelle 2015 leur a également permis d’examiner et de valider les rapports de matrice de performance 2016-2018 de la Stratégie avec un point d’honneur sur l’ajustement de l’année 2015. Tour à tour, les représentants des gouverneurs de région, des Associations des régions (ARBF) et des Association des maires des municipalités (AMBF) du Burkina Faso ainsi que ceux du secteur privé, de la société civile, des Partenaires techniques et financiers (PTF) ont apporté leur contribution à l’amélioration des documents. Ils ont, entre autres, soumis aux doléances comme le renouvellement du parc automobile et le renforcement du personnel des directions régionales et l’économie, l’amélioration de la décentralisation financière et le décaissement à temps des fonds alloués aux collectivités territoriales. La troïka des PTF a souhaité qu’on définisse des «indicateurs réalistes, réalisables et mesurables» et que le Comité revoie le déficit dans la gouvernance des marchés publics. Les membres du gouvernement, chacun en ce qui le concerne ont donné des réponses aux questions qui leur étaient destinées mais aussi proposé des amendements au document final. Dans la synthèse des échanges faites par le ministre de l’Economie et des Finances, Jean Gustave Sanon, par ailleurs vice-président du CNP/SCADD, a relevé que la revue a estimé que ces préoccupations devraient être considérées sous l’angle de la recherche de solutions appropriées pour plus d’efficacité. Le comité, a-t-il ajouté, a souligné que les réflexions dans le cadre de la coordination du 2e cycle de la SCADD (2016-2018) devront être plus approfondies sous le volet mise en œuvre en vue de parvenir à la définition de dispositions susceptibles d’annihiler les insuffisances structurelles constatées dans le 1er cycle. Aux termes des travaux, le Premier ministre a traduit la reconnaissance du gouvernement burkinabè à l’ensemble des acteurs. Des fortes actions sont prévues pour redresser la pente, a-t-il confié, notamment le renforcement des capacités dans les collectivités territoriales, les marchés publics, le soutien au secteur privé, moteur du développement et aux investisseurs du secteur minier.
Jean-Marie TOE
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662 attaques à main armée et 718 à domicile en 2014
En 2014, les forces de sécurité ont montré que des citoyens ont été victimes de vol à hauteur de 600 millions de F CFA, de 800 grammes d’or et de 1 850 téléphones portables. De plus, les populations ont été victimes de 622 attaques à main armée sur les axes et 718 attaques dans les domiciles et autres lieux d’activités. C’est pourquoi, les membres et observateurs de la Stratégie de croissance accélérée et de développement durable (SCADD) ont décidé de réfléchir à la sécurité comme facteur de croissance et de développement durable lors de la revue annuelle 2015 de la SCADD. Et ce 15 avril à Ouagadougou, c’est le directeur général de la sécurité intérieure, le colonel Omer Bationo, qui a présenté la communication qui a révélé ces chiffres. En conséquence, l’insécurité occasionne par exemple la perte de confiance des investisseurs, la fuite des capitaux nationaux et internationaux, l’affaiblissement des facteurs de production, la réduction des recettes douanières et le ralentissement de la circulation des personnes. Le DGSI recommande donc que les acteurs de la chaîne notamment l’Etat (dans son rôle régalien), les acteurs sociopolitiques, le secteur privé et les partenaires techniques et financiers agissent pour l’atteinte de la «bonne gouvernance de la sécurité». Il s’agit ainsi, a-t-il dit, de placer l’homme au cœur de la sécurité, d’intégrer la sécurité à la gouvernance démocratique, de soumettre le secteur de la sécurité au contrôle démocratique (parlementaire et citoyen) et de faire de la sécurité, un bien public commun, une valeur à partager, une priorité, un moteur du développement.
J.M.T.