Lomé - Le président sortant Faure Gnassingbé, dont la famille régente le Togo depuis 48 ans, a été réélu par 58,75% des suffrages
, contre 34,95% à son principal adversaire Jean-Pierre Fabre, a
annoncé mardi soir la commission électorale togolaise.
"La commission électorale nationale constate que Faure Essozimna Gnassingbé est élu au titre des résultats provisoires, sous réserve de confirmation de ces résultats par la Cour constitutionnelle", a déclaré le président de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), Taffa Tabiou.
L’abstention s’élève à 40,01%, contre 35,32% à la précédente présidentielle de 2010.
Sans surprise, M. Fabre est arrivé en tête à Lomé, historiquement acquise à l’opposition, même si M. Faure y a gagné des voix. Ce dernier domine largement dans le Nord, région d’origine de sa famille.
"C’est la victoire du peuple togolais qui entend, avec le président Faure Gnassingbé, continuer à avancer vers le progrès et dans la paix", a réagi la présidence togolaise.
Jean-Pierre Fabre n’a pu être joint. Son porte-parole Eric Dupuy n’a pas souhaité s’exprimer.
Devant le siège de l’Union pour la République (UNIR), le parti au pouvoir, une cinquantaine de sympathisants de Faure Gnassingbé dansaient sur des chansons de campagne du président vers 22h30 (locales et GMT), peu après l’annonce des résultats.
La famille Gnassingbé dirige depuis 48 ans le Togo, petit pays d’Afrique de l’Ouest comptant sept millions d’habitants.
Faure Gnassingbé avait été porté au pouvoir par l’armée en 2005 à la mort de son père, le général Gnassingbé Eyadéma, qui régna d’une main de fer pendant 38 ans. Une présidentielle calamiteuse avait suivi la même année, entachée de violences (400 à 500 morts et des milliers de blessés, selon l’ONU) et de fraudes massives.
Après plusieurs réformes - multipartisme, liberté de la presse, abolition de la peine de mort - qui ont entraîné en 2007 la levée des sanctions internationales instaurées du temps de son père pour "déficit démocratique", M. Gnassingbé avait été réélu en 2010 avec 60,88% des voix, déjà contre M. Fabre (33,93%), dans un scrutin contesté par l’opposition mais jugé accceptable par la communauté internationale.
- Opposition peu convaincante -
L’Union Européenne (UE), principal bailleur de fonds du Togo, a estimé que l’élection de samedi s’était "déroulée dans le calme, confirmant l’attachement du peuple togolais à la démocratie".
La Commmunauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) et l’Union Africaine (UA), qui avaient déployé des observateurs électoraux, ont également décrit un scrutin libre et transparent.
L’opposition, dont M. Fabre, le leader, présente une personnalité peu consensuelle, a peiné à proposer une réelle alternative et s’est présentée divisée, avec trois autres candidats: Tchabouré Gogué, président de l’Alliance des démocrates pour le développement intégral (ADDI), a obtenu 3,08% des suffrages, Komandega Taama, président du Nouvel engagement togolais (NET), 1,06%, et Mouhamed Tchassona-Traoré, président du Mouvement citoyen pour la démocratie et le développement (MCD, opposition), 0,99%.
L’annonce de résultats partiels se faisait jusque-là au compte-gouttes, le comptage piétinant parce que le camp Fabre contestait certains résultats en criant à la fraude.
L’analyste politique togolais David Ihou s’était étonné de ces accusations, "tous les procès-verbaux" des bureaux de vote ayant été signés par "des représentants de chaque candidat". Il avait dénoncé "une stratégie d’obstruction" menée par l’opposition.
La venue mardi à Lomé du président ghanéen John Dramani Mahama, président en exercice de la Cédéao, et de son homologue ivoirien Alassane Ouattara semble avoir débloqué la situation.
Les deux chefs d’Etat, après avoir rencontré MM. Gnassingbé et Fabre, ont demmandé à la commission électorale "de continuer et d’accélérer le processus électoral", et aux éventuels plaignants de se tourner vers la Cour constitutionnelle, selon M. Mahama. Ils ont également enjoint la Céni "de transmettre (son) rapport à la Cour constitutionnelle" mercredi, selon le chef de la commission.
Après les avoir rencontrés, le ton de M. Fabre s’était adouci: il avait reconnu qu’il fallait "laisser la Céni faire son travail".
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