Le Burkina Faso a entamé il y a près de deux décennies, une lutte acharnée contre la malaria, l’une des premières causes d’hospitalisation. Dans ce sens, il célèbre à l’instar d’autres nations, la journée mondiale de lutte contre le paludisme chaque 25 avril. Ainsi, des activités sont menées sur toute l’étendue du territoire à travers le Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP). Acquis et perspectives d’une lutte.
Cette année, le Burkina Faso célébrera en différé la journée mondiale de lutte contre le paludisme le 9 mai à Zorgho, chef-lieu de la province du Ganzourgou sur le thème : « Investir dans le paludisme, vaincre le paludisme ». Cette journée sera couplée aux journées de la santé et de lutte contre la tuberculose. A propos du paludisme, il faut retenir que le Burkina Faso, à travers le Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP), créé en 1996, a enregistré plusieurs progrès. Au nombre de ces avancées, le taux décès qui est passé actuellement de plus de 5% à 1,2%. Même s’il ne faut pas s’en féliciter car une seule vie perdue ne réjouit personne, force est de reconnaitre que les efforts sont considérables dans le domaine. Selon le coordonnateur national du PNLP, Dr Yacouba Savadogo, médecin de santé publique, la majeure partie des décès sont liés au paludisme grave qui se guérit difficilement. « Le paludisme grave est celui qui, au-delà de la présence du parasite dans le sang s’accompagne d’un certain nombre de signes appelés signes de gravité. C’est soit le sang qui est en quantité insuffisante (l’anémie), soit un enfant qui convulse, qui est dans le coma », a-t-il expliqué. A propos du programme qu’il coordonne, il a soutenu que durant la période 2015-2017, un plan stratégique a été élaboré pour contenir la maladie dans toutes les 13 régions du pays. Ce plan coûtera environ 63 millions d’Euros (41 milliards 265 millions francs CFA). Aussi, a ajouté Dr Savadogo, le Burkina Faso dispose de quatre centres qui sont le Centre national de recherche et de formation de lutte contre le paludisme, le Centre Muraz de Bobo-Dioulasso, le Centre de recherche en santé de Nouna et l’Institut de recherche en santé qui relève du Ministère de la Recherche scientifique et de l’Innovation. En plus de tous ces acquis engrangés par le PNLP grâce à ses partenaires, certains médicaments ont aussi été écartés dans le cadre du traitement du paludisme. Il s’agit en l’occurrence de la chloroquine. « Par le passé, l’on utilisait la chloroquine pour soigner le paludisme. Il a fallu que les chercheurs nous démontrent que le paludisme est devenu résistant à ce comprimé. Si vous remarquez, de par le temps qui court il n’y a même plus de chloroquine, parce que y a rien de plus grave que de donner à un malade, un faux traitement qui donne une fausse assurance alors que la maladie continu à évoluer naturellement », a confié Yacouba Savadogo.
La Chimio-prévention, une panacée
Par ailleurs, les acteurs de la lutte scrutent tous les terrains et mènent moult réflexions pour circonscrire la malaria. Surtout en période pluvieuse. C’est le cas de la chimio-prévention du paludisme saisonnier. Suivant les explications du médecin de santé publique, cette stratégie consiste à donner des médicaments aux enfants de 3 à 59 mois pendant la forte saison pluvieuse (Août, Septembre, Octobre et Novembre). Et ce, pour réduire la proportion du paludisme pendant ces quatre mois puisque c’est pendant la saison pluvieuse que le paludisme sévit le plus, surtout chez les enfants et les femmes enceintes. Une technique qui a nécessité des recherches qui ont prouvé que la prise de ces médicaments permet de réduire substantiellement la proportion des populations pouvant présenter le paludisme au bout d’une période donnée. Pour les femmes enceintes, une stratégie qui consiste à donner des médicaments pendant la grossesse pour prévenir le paludisme est disponible. Outre cela, le Burkina Faso pourra compter sur un vaccin contre le paludisme dans les années à venir, pour peu que les recherches aboutissent. Les recherches sur ce vaccin, appelé candidat vaccin contre le paludisme sont en cours dans le village de Nanoro, localité située dans la province du Boulkiemdé (Région du Centre-Ouest). « Ce vaccin est à la dernière phase scientifique et nous avons espoir que dans les années à venir, si tout se déroule favorablement, l’on pourrait l’introduire dans le programme national de vaccination», est convaincu le coordonnateur du PNLP. Cependant, il a reconnu que le vaccin isolé ne serait pas efficace car aucun vaccin n’est efficace à 100?. C’est pourquoi, il a souhaité que les populations prennent leurs dispositions pour assainir leur milieu de vie et dormir sous des Moustiquaires imprégnées d’insecticide à longue durée d’action (MILDA). Concernant le traitement, Dr Savadogo a conseillé les ACT. Ces combinaisons thérapeutiques coûtent selon ses dires, 100 F CFA pour les enfants de moins de 5 ans, 200 F CFA pour ceux ayant entre 6 à 13 ans et 300 F CFA pour les personnes de 14 ans et plus. Toutefois, il a avoué que le PNLP rencontre quelques difficultés financières que le gouvernement devra travailler à résorber pour lui permettre de développer plus d’initiatives dans cette lutte. Dans ce même ordre d’idées, la directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique, Dr Matshidiso Moeti a affirmé dans son message à l’occasion du 25 avril, qu’il est primordial d’accroître le financement du paludisme pour sauver des vies et élargir l’accès aux services de prévention, de diagnostic et de traitement du paludisme. Elle a appuyé qu’en 2013, la région Africaine a enregistré environ 163 millions de cas de paludisme dont près de 528 000 décès. Au vu de tout cela, Dr Moeti a exhorté les pays à investir dans leurs systèmes nationaux et communautaires de lutte et dépister tous les cas suspects de paludisme avant l’administration du traitement.
Gaspard BAYALA
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