Les militaires radiés des effectifs de l’armée nationale suites aux mutineries de 2011 sont sortis de leur silence quatre années après leur sanction. Au cours d’un point de presse tenu ce vendredi 24 avril 2015 à Ouagadougou, leur porte-parole, Hervé Tapsoba, ex soldat de 1re classe au Groupement central des armées, a demandé pardon au peuple et à tout le monde pour ce qui s’est passé. Il a en outre au nom de ses pairs demandé aux autorités de la transition et militaires de les rappeler à leurs postes respectifs.
Selon leur propre décompte, suites aux mutineries de 2011, 566 militaires ont d’abord été radiés sur une première note de service. Ensuite une deuxième note de service en a radiée 60. Après cela d’autres radiations individuelles s’en sont suivis. La liste totale des radiés se chiffrerait à 626 sous officiers et militaires de rang.
Ce que ces derniers, qui vivent depuis dans des situations précaires, dénoncent dans ces radiations, c’est le caractère « unilatéral » des ces punitions et le non respect du décret N°2009-006 portant organisation et fonctionnement des conseils d’enquête et de discipline des sous officiers et militaires de rang des forces armées nationales.
En effet, ce décret stipule « que l’instruction des conseils d’enquêtes ou de discipline constitue une garantie essentielle de la carrière du militaire ». « Nous estimons donc que la résiliation de contrat de militaires en 2011 est une violation sérieuse par l’autorité militaire d’antan des décrets et arrêtés portant organisation et fonctionnement des conseils d’enquête et de discipline. Aucun des militaires radiés n’a été notifié sur les faits qui ont provoqués la résiliation du contrat », a indiqué Hervé Tapsoba.
De son avis donc, aucun militaire radié n’a été entendu par une commission d’enquête ou de discipline. Ce que ses camarades et lui ne comprennent pas : « Qu’est ce qui urgeait au point de ne pouvoir situer chacun sur ses responsabilités par rapport aux actes posés ? (…) la radiation jusqu’à l’interpellation a été sélective. Des militaires radiés et interpelés ont été présentés à l’opinion publique nationale et internationale comme des criminels, ceux qui ont commis toute la pagaille dans ce pays. Nous n’apprécions pas cette vision que nous rejetons énergiquement ».
Par ailleurs, Hervé Tapsoba dit ne pas comprendre pourquoi aucun officier n’a été concerné par la mesure. Pourtant tout le monde est responsable et comptable de ce qui s’est passé car il n’y avait pas de liaison entre la base et les chefs militaires de sorte à porter les revendications.
Malgré tout, les ex militaires disent faire profil bas. « Au peuple burkinabè, nous demandons pardon et présentons toutes nos excuses pour les désagréments et le tort qui lui a été causés. Aussi nous demandons aux autorités de la transition et aux autorités militaires de nous rappeler à nos postes respectifs », a conclu l’ex 1re classe Hervé Tapsoba.
Dimitri Kaboré