La 15e édition des Kundé a connu son apothéose, le vendredi 24 avril 2015, à la salle des Banquets de Ouaga 2000. L’artiste-musicien, Sana Bob, a été couronné Kundé d’or 2015.
Les lampions se sont éteints sur la 15e édition de la prestigieuse cérémonie des trophées de la musique burkinabè, les Kundé. Cette année, le jury, présidé par Dr Seglaro Abel Somé, a décerné le Kundé d’or, le prix le plus convoité de la compétition, à l’artiste-musicien Sana Bob. Ce qui confère à celui qui se présente comme «un crieur public», le titre de meilleur artiste burkinabè de l’année 2015, toutes catégories confondues. Il a, en outre, reçu de la compagnie Air Burkina un billet d’avion 1re classe, valable pour une année et la coquette somme d’un million cinq cent mille (1 500 000) Francs CFA de la part du comité d’organisation. A l’annonce du verdict, les nombreux convives de la salle des banquets de Ouaga 2000 sont partagés entre approbation, joie indicible et incrédulité, mécontentement. Pour les derniers cités, la torpeur se lisait sur les visages, les regards médusés, notamment devant les esquisses de danse des «partisans» du vainqueur de la soirée. L’intéressé lui-même n’en revient pas, du moins selon ses propos : «Les mots me manquent pour décrire ce qui m’est arrivé ce soir. Je suis très surpris. C’est vrai, le peuple burkinabè m’avait choisi. Partout où je passais, on me disait c’est ton année, plus rien ne sera comme avant. Mais je n’y croyais pas trop». Qu’est-ce qui, selon vous, a fait la différence ? L’engagement musical pour le changement des mentalités, le mariage réussi entre musique traditionnelle et moderne avec en toile de fond des sonorités reggae ont été, à l’en croire, les facteurs déterminants qui ont amené le jury à pencher en sa faveur. Pour le président du jury, M. Somé, le travail en amont comme en aval s’est déroulé de manière conviviale et surtout collégiale, sans parti pris ni passion. Le vote du public, comme à l’accoutumée, a constitué l’autre suspense non moins important de la soirée des Kundé. En dépit de l’évolution du suffrage de ses deux concurrents directs, l’artiste-musicien Dez Altino est resté en tête du peloton des premières et dernières tendances. C’est donc, en toute logique, qu’il a été désigné lauréat du Kundé du public 2015, avec 64,24% des voix du public contre 18,72% pour Dicko Fils et 17,04% pour Sana Bob. En marge des prix principaux et spéciaux, le commissariat général des Kundé a distingué et rendu hommage à plusieurs grands noms vivants ou disparus de la musique burkinabè et africaine. Le chanteur émérite burkinabè Abdoulaye Cissé a obtenu un Kundé d’honneur. Un trophée similaire a été remis à la «reine du Wassoulou», la malienne Oumou Sangaré. L’immense Amadou Traoré Balaké, qui a tiré sa révérence le 27 août 2014, a, quant à lui, reçu un Kundé d’hommage. Dans la même dynamique, un clin d’œil a été fait à l’artiste-musicienne Safoura Delta (disparue le 22 février dernier), par la projection d’un clip-vidéo sur sa carrière. Hormis quelques soucis techniques du côté de la réalisation et une coupure d’électricité d’à peine cinq petites minutes, la soirée des Kundé 2015 avec son riche plateau artistique a tenu toutes ses promesses. En effet, les artistes annoncés tels Abdoulaye Cissé, David le combattant, Awa Nadia, le collectif Floband (Floby, Sofiano, Weezy et Yannick) et la troupe traditionnelle Naaba Yadéga ou encore Papou (Togo) Josey (Côte d’Ivoire) Oumou Sangaré (Mali), Yemi Aladé (Nigéria), Mani Bella (Cameroun), etc. ont largement été à la hauteur des attentes des invités joliment endimanchés pour l’occasion. En témoigne la réaction remarquée de ceux-ci à chaque passage desdits artistes.
Tout en saluant la qualité du plateau artistique de la 15e édition des Kundé, le ministre de la Culture et du Tourisme, Jean-Claude Dioma, a déclaré que les Kundé sont un bel exemple de coopération et d’intégration culturelle. «Cet exploit est à mettre au compte du promoteur des Kundé», a-t-il ajouté. Ledit promoteur, Salfo Soré dit Jah Press a, pour sa part, confié ceci : «Merci à nos traditionnels partenaires, à tous ceux qui nous permettent de vivre le rêve Kundé depuis 15 ans par leur soutien et leur reconnaissance. C’est une invite à mieux faire pour les éditions à venir».
Aubin W. NANA