Dans le cadre des Journées nationales du paysan, prévues du 23 au 25 avril à Dédougou, le Président du Faso, Michel Kafando, a procédé, le vendredi 24 avril, à l’ouverture de la foire agro-sylvo-pastorale et la remise de semences améliorées et de matériels agricoles à des groupements de producteurs. 112 acteurs du développement du monde rural ont également été décorés. Pour l’occasion, le représentant des producteurs, Seydou Ouédraogo, a rappelé aux autorités de la Transition les difficultés que vit le monde paysan au Burkina Faso.
Comment assurer à l’ensemble de la population de notre pays une souveraineté alimentaire et avec quel type d’exploitation agricole ? C’est la problématique à laquelle tous les acteurs présents à Dédougou se sont evertué à dénicher des réponses adéquates. C’est pendant 3 jours que les 1500 producteurs et productrices ont mis à profit pour diagnostiquer les maux de leur métier, afin que des solutions idoines soient trouvées. En effet, pour la 18e édition, faut-il encore le rappeler, le thème choisi est : « Accroitre la productivité des exploitations agricoles familiales pour l’atteinte de la souveraineté alimentaire au Burkina Faso ». Souscrivant à la logique de la thématique, 112 acteurs du monde rural ont reçu des distinctions honorifiques dans le domaine de l’agriculture (69), la pêche (8), l’élevage (29) et l’environnement (6). Michel Kafando a, dans le même coup saisi l’occasion pour distribuer symboliquement des semences améliorées à des groupements de producteurs et productrices. En plus 100 charrues et 100 charrettes offertes par la LONAB (Loterie nationale burkinabè) ont été octroyées à des producteurs. Ayant Procédé à l’ouverture de la foire agro-sylvo-pastorale, Michel Kafando et les membres de son gouvernement ont eu une visite guidée pour constater de visu les productions locales de vaillants paysans et éleveurs, à travers des stands d’expositions. Quant au ministre en charge de l’Agriculture, François Lompo, il a, au cours de son discours rappelé les mesures prises par son département pour accompagner les producteurs. Dans ce sens, on a la promotion de l’utilisation des intrants, des technologies innovantes et l’élaboration et la mise en œuvre d’une loi d’orientation agro-sylvo-pastorale, halieutique et faunique qui reconnaît le métier d’agriculteur. « Le gouvernement assure de sa disponibilité à prendre toutes les mesures nécessaires à une modernisation effective du métier agricole. Le gouvernement encourage cépendant, les organisations des producteurs, à prendre réellement conscience de leurs capacités, de leur rôle central dans la modernisation du secteur agricole », a précisé le 1er responsable de l’Agriculture. Il a au passage laissé entendre que l’environnement propice à l’innovation dans le domaine de l’agriculture est défini par des conditions macro économiques stables, des droits de propriétés garantis, des outils efficaces de gestion des risques agro-sylvo-pastoraux et la bonne gouvernance.
L’agriculture familiale comme socle de l’économie locale
Pour ce qui est du représentant de la FAO (Organisation des Nations unies pour l’Alimentation et l’Agriculture) au Burkina, Aristide Ongoné Obame, il a insisté sur le rôle essentiel des productions agricoles familiales dans le développement de l’économie locale. « Les agriculteurs familiaux sont les gardiens d’un savoir-faire parfait quant aux transformations locales en relation avec les capacités de la terre. La connaissance intime qu’ils ont de la terre et leur capacité de gérer durablement des paysages variés leur permettent d’améliorer de nombreux services écosystémiques. L’agriculture familiale est donc un moyen pour stimuler les économies locales. En particulier, elle est associée à des politiques basées sur la protection sociale et le bien être des communautés », a-t-il souligné. Il a ajouté que les agriculteurs familiaux contribuent de façon significative à résorber le chômage notamment dans les pays en développement où l’agriculture emploi encore la majorité de la population active. Les revenus additionnels générés par l’agriculture familiale, a indiqué Aristide Ongoné Obame, sont dépensés en logement, en éducation, en santé et en habillement.
Les doléances des producteurs
Pour sa part, le représentant des producteurs, Seydou Ouédraogo, a, tout en insistant sur le rôle prépondérant de l’agriculture des ménages dans la lutte contre la pauvreté, plaidé pour plus d’accompagnement du gouvernement aux producteurs. De son avis, les doléances soumises aux gouvernements lors des JNP précédentes sont toujours restées lettres mortes. C’est pourquoi Seydou Ouédraogo a encore insisté sur leurs doléances. « Nous demandons, au plan institutionnel, l’adoption définitive du décret prenant en compte les Chambres régionales d’agriculture et la Chambre nationale d’agriculture, l’élaboration de textes juridiques pour définir le métier de l’agriculteur avec en prime la carte professionnelle d’agriculteur. Au plan financier, nous réclamons l’adoption des textes juridiques créant un mécanisme de mobilisation de ressources pérennes au profit des Chambres régionales d’agriculture en prévoyant éventuellement des taxes aux ristournes issues des produits du secteur agricole », a-t-il plaidé. En ce qui concerne le plan organisationnel, matériel et humain, il a demandé au gouvernement d’assurer la régularité des salaires des agents recrutés par les CRA (Chambre régionale d’agriculture) et les paiements des indemnités des agents de l’Etat mis à la disposition des CRA suspendus depuis 2009 sans justificatif. La construction de sièges des CRA dans toutes les 13 régions du pays et leur équipement en matériels, l’affectation de personnels qualifiés dans lesdites chambres ont été également sollicitées au gouvernement1
Par Lassané SAWADOGO