Une victoire macabre, cela se revendique avec plaisir. C’est le moins que l’on puisse dire lorsqu’on observe très souvent, les djihadistes exhiber avec enthousiasme les cadavres de leurs otages. Certes, l’objectif premier recherché, quand on va en guerre, c’est d’arriver à bout de l’adversaire, mais, malheureusement les islamistes, quant à eux, ne s’attaquent habituellement qu’à de pauvres innocents. Passe encore s’ils se contentaient seulement d’enlèvements, mais de là à exécuter froidement des gens qui, de près ou de loin, n’ont rien à voir avec les problèmes qu’ils posent, il est peu de dire qu’ils ont franchi le Rubicond. C’est le cas du groupe islamiste nigérian Ansaru qui a annoncé, le 9 mars dernier, avoir tué les sept otages enlevés dans le Nord du pays, il y a de cela trois semaines. Il s’agit de deux Libanais, deux Syriens, un Grec, un Italien et un Britannique. L’information a d’ailleurs été confirmée par les pays d’origine des otages. Toujours est-il qu’on se demande à quelle fin Ansaru se permet pareil coup de théâtre. Il semble engagé dans une compétition macabre avec Boko Haram. Pour preuve, c’est quatre jours après le rapt opéré par Ansaru que Boko Haram qui, jusque-là, n’excellait que dans les attentats, a changé de mode opératoire en enlevant sept Français à la frontière entre le Cameroun et le Nigeria. En clair, il s’agit d’une rivalité dans la bêtise et l’obscurantisme qui inquiète plus d’un. Quant au sort des sept Français dont on est sans nouvelle depuis l’ignoble et piteuse photo publiée en ligne par leurs ravisseurs, personne ne peut dire ce qu’il en est. En tout cas, les groupes islamistes nigérians se montrent plus que jamais impavides et intraitables et ce en dépit de la série d’actions menées conjointement par l’armée et la police nigérianes. Ils sont dans une logique de guerre absolue si fait qu’ils n’écoutent personne. Du reste, l’exécution des otages par Ansaru fait suite à la visite du président nigérian Goodluck Jonathan dans deux Etats du Nord-Est, particulièrement secoués par les attaques terroristes. S’agit-il là d’une manière pour les islamistes de ridiculiser le chef de l’Etat qui était d’ailleurs à sa première visite depuis son élection dans la région ? Rien n’est moins sûr. Seulement, que l’exécution des otages soit avérée ou non, il est plus que jamais urgent d’agir contre la montée de l’intégrisme au Nigeria. Et un tel combat, pour être efficace, doit se mener de façon collective puisqu’aucun pays au monde ne peut se targuer d’être à l’abri de menaces terroristes. Donc, aux grands maux, les grands remèdes !