La semaine dernière, j’ai vu mon frère Wendlamita dans une colère noire, si bien que j’ai eu peur de m’approcher de lui. Car, jamais je ne l’avais vu dans cet état. Mais j’ai pris mon courage à deux mains pour tenter de comprendre ce qui se passait. Et il m’a répondu, après un long soupir, qu’il devait aller en mission et que faute de papiers, il en a été empêché. Que s’est-il donc passé ? En fait, il est allé pour établir son passeport, mais il se trouve que l’ordonnancement de ses prénoms n’est pas le même sur toutes ses pièces d’identité. En effet, il est écrit Sawadogo Wendlamita Oduntundimpo sur son acte de naissance, alors que sur le certificat de nationalité, on lit Oduntumdimpo Sawadogo Wendlamita. Voilà ce qui posait problème. Pour établir son passeport, on lui a demandé un acte d’individualité certifiant que les deux documents renvoient à la même personne. Et les délais étant très avancés, le temps ne lui a pas permis de faire toutes ses démarches pour pouvoir obtenir le passeport avant le jour du voyage. C’est pourquoi il n’a pas pu aller à sa mission qui, pourtant, allait beaucoup lui apporter, en termes de renforcement de capacités en expertise comptable. Voyez-vous, ce qui est arrivé à mon frère est loin d’être un cas isolé. Ils sont nombreux les Burkinabè qui sont victimes de cette situation qui ne dépend pas d’eux.
Si un nom est mal écrit sur un acte d’état civil ou s’il n’est pas à la bonne place, c’est beaucoup moins la faute de son détenteur que celle de l’agent administratif qui a établi ce document. Je constate malheureusement que quand pareille situation se présente, on fait porter le chapeau au seul détenteur de la pièce qui se retrouve seul à faire des courses supplémentaires imprévues. Pendant ce temps, le fautif est peut-être quelque part en ville en train de siroter une bibine, ou la fautive en train de se couper les ongles ou de manger des brochettes dans son bureau. Certes, d’aucuns diraient qu’il appartient au requérant de vérifier si l’agent administratif a bien fait son travail. Mais c’est d’abord et avant tout le travail de ce dernier et il se doit de bien le faire.
Si l’agent qui établit le document se trompe, il revient à celui qui doit l’authentifier par sa signature, de se montrer vigilant
Des erreurs d’orthographe de noms ou de prénoms, on en voit sur des diplômes, des cartes grises, des cartes d’électeurs, et j’en oublie. Si l’on convient avec moi que ces erreurs sont humaines, on devrait aussi pouvoir comprendre le détenteur de ces pièces et se montrer moins pointilleux tant que cela est possible. Etant donné que la compréhension n’est pas toujours de mise, je vais demander à chacun de faire correctement son travail. Car, on a l’impression que certains, dans l’Administration publique, travaillent malgré eux. On ne sent en eux aucune motivation, aucun engagement, encore moins de la conscience professionnelle. Quand vous les trouvez dans leurs bureaux, c’est à peine s’ils vous écoutent. Occupés à autre chose, ils semblent plus préoccupés à résoudre leurs problèmes personnels qu’à faire le travail pour lequel ils sont pourtant payés à la fin du mois. Conséquence, ils produisent des actes administratifs parfois truffés d’erreurs, compliquant la tâche aux bénéficiaires que nous sommes. Ce n’est pas normal.
En tout cas, j’enrage quand j’entends parler de cette histoire de certificat d’individualité qui cause beaucoup d’ennuis aux Burkinabè et qui les fait courir. Il faut travailler à minimiser le recours à ce machin. Pour ce faire, si l’agent qui établit le document se trompe, il revient à celui qui doit l’authentifier par sa signature, de se montrer vigilant. Car, vous n’êtes pas sans savoir qu’ils sont nombreux les Burkinabè qui ne savent pas lire et qui ne peuvent donc pas déceler une erreur commise sur une pièce administrative. C’est la seule condition qui permettra de nous éviter ces tracasseries inutiles.
« Le Fou »