Morts ou pas morts ? Titrions-nous dans notre édition du 4 mars 2013 à propos des deux chefs djihadistes «tués par les troupes tchadiennes au nord-Mali». Depuis plus d’une semaine après l’annonce donnée et répétée par le président Idriss Deby, mais «non confirmée par Paris», c’est toujours mystère et boule de gomme sur le sort d’Abou Zeid et de Mokhtar Belmokhtar.
La seule évolution sur cette affaire confuse, c’est le changement intervenu dans la position de l’Elysée qui ne cachait pas son scepticisme face aux déclarations de N’Djamena. En effet, en déplacement à Varsovie, le président français, François Hollande, a évoqué, sans toutefois citer de noms, la mort de chefs terroristes dans le massif des Ifoghas au cours d’une offensive. On peut comprendre la prudence de l’Elysée qui attend les résultats des tests d’ADN plus poussés avant de se prononcer clairement et définitivement. Le feuilleton des macchabées de la zizanie se poursuit donc.
Que nous réserve la fin ? Pour beaucoup, le happy-end sera la confirmation de l’élimination physique de ces deux imposteurs dont le rêve était de soumettre toute la sous-région ouest-africaine à la charia pour des intérêts bassement matériels.
Alors qu’on n’a pas encore fini de conjecturer sur la mort ou pas des deux saigneurs (oui vous avez bien lu saigneurs) des populations nord-maliennes, voilà que de nouvelles tout aussi étranges nous parviennent du Nord-Nigeria.
La secte islamiste Ansaru, faction dissidente de Boko Haram, vient d’annoncer l’exécution des sept otages étrangers qu’elle détient depuis le 17 février 2013.
Dans un communiqué, les ravisseurs décrivent leur acte comme une mesure de rétorsion contre les exactions et actions menées par les gouvernements britannique et nigérian pour tenter de libérer les otages.
Entendez par là maculer les mains du président Jonathan Goodluck et du Premier ministre David Cameron du sang des otages. Trop facile !
Aussi fanatisés que téméraires, les islamistes ne sont tout de même pas dépourvus de jugeote. Vont-ils facilement et précipitamment se débarrasser d’un bouclier humain, se séparer d’une aussi précieuse monnaie de change ? Pas si sûr.
Un prisonnier n’a de valeur pour ses geôliers que s’il est en vie.
Si fait qu’il n’est pas superflu de se demander si cette annonce d’Ansaru ne vise pas à mieux conforter sa position pour d’éventuelles négociations. Ou peut-être procède-t-elle d’une stratégie de com. dans le seul but de se faire connaître davantage. Et pourquoi pas une mise en scène macabre pour rappeler au bon souvenir des dirigeants occidentaux le sort de leurs compatriotes ?
Alors coup de bluff ou information authentique ?
En tous les cas, pas question de prendre à la légère la vie de ces pauvres personnes qui n’ont rien à voir avec ce qui se passe dans le septentrion malien.
Nous voilà encore dans une autre mare à café. Même si l’armée nigériane dit n’avoir aucune information sur ces présumées exécutions.
Au nord-Mali comme au nord-Nigeria, nous sommes entrés dans la saison des morts présumés.