La traditionnelle rencontre gouvernement -secteur privé se tiendra cette année, le 27 avril 2015 à la maison de la culture de Bobo-Dioulasso. A la veille de ce forum, nous avons rencontré Fati Traoré/Ouédraogo, vice-présidente de la section territoriale de l’Ouest du Groupement professionnel des industriels (GPI) qui évoque les difficultés auxquelles font face les entrepreneurs privés.
La présente rencontre gouvernement secteur-privé, qui est à sa 14e édition, se tient autour du thème «Problématique de financement des PME/PMI au Burkina Faso : états des lieux, défis et perspectives». C’est le thème retenu pour cette rencontre qui devait se tenir en 2014, mais qui a dû être reportée à cette année. Pour la vice-présidente de la section territoriale de l’Ouest du Groupement professionnel des industriels (GPI), Fati Traoré/Ouédraogo, ce thème est d’actualité. En effet, selon elle, «les entreprises burkinabè rencontrent beaucoup de difficultés pour obtenir des financements au niveau des banques. Quelle que soit la qualité de votre projet, les banques exigent toujours des garanties». La vice-présidente du GPI a alors souhaité que le gouvernement trouve des solutions à ce goulot d’étranglement, afin que les établissements financiers allègent leurs conditions d’octroi de crédit. Cela est d’autant plus nécessaire, que, a-t-elle dit, l’activité industrielle est difficile au Burkina Faso, les entreprises étant confrontées à la fraude, à la concurrence déloyale et à la cherté des facteurs de production. Outre la question de financement, le Groupement professionnel des industries entend aussi soumettre à cette édition de la rencontre gouvernement-secteur privé, d’autres préoccupations. Elles concernent les importations frauduleuses qui occasionnent la mévente des produits et des tensions de trésorerie, les conflits sociaux que vivent les unités industrielles depuis ces cinq derniers mois et le coût élevé des facteurs de production.
Il faut consommer burkinabè
Face à ces préoccupations qui plombent le développement industriel au Burkina Faso, Fati Traoré, par ailleurs directrice générale de la société Winner industrie, a invité le gouvernement à prendre des mesures afin de réorganiser les importations pour sauver les entreprises locales et par ricochet, sauvegarder les emplois et renflouer les caisses de l’Etat, à travers le payement des impôts et taxes. Elle a salué les efforts consentis par l’Etat pour soutenir les entreprises, en créant un fonds de restructuration et de mise à niveau des entreprises en difficulté. Elle a souhaité que ce fonds soit reconduit pour aider les sociétés à vivre afin de leur permettre d’apporter leur contribution dans la résorption du chômage et au développement du pays. Sinon martèle-t-elle, les «entreprises burkinabè vivotent». La responsable du GPI, section territoriale de l’Ouest, a exhorté l’Etat à prendre des mesures fortes pour combattre la fraude, la corruption, la concurrence qui gangrènent l’épanouissement des entreprises locales. «Il faut que l’Etat mette fin à ce désordre afin que tout le monde puisse se conformer à la réglementation», a-t-elle dit. Si l’Etat burkinabè et les entreprises ont leur rôle à jouer, la vice-présidente du GPI a exhorté les Burkinabè à consommer ce que les entreprises nationales produisent. «Il faut être patriote», a-t-elle lancé. La 14e édition de la rencontre gouvernement- secteur privé se tient dans un contexte marqué par la transition. Elle intervient après les manifestations des 30 et 31 octobre 2014, au cours desquelles de nombreuses entreprises ont été pillées, saccagées ou incendiées. De l’avis de Fati Traoré, la plupart des entreprises victimes de l’insurrection populaire ont repris service. Celles qui n’ont pas pu ont leurs employés dans la rue. En ce qui concerne les nombreux remous sociaux dans les entreprises, Mme Traoré a appelé les uns et les autres à mettre de l’eau dans leur vin afin de sauvegarder l’outil de travail. «Nous exhortons les autorités à s’impliquer davantage pour mettre fin à ces conflits sociaux qui ont assez duré», a-t-elle supplié, en citant l’exemple de la SAP Olympic.
Adaman DRABO