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L’Observateur N° 8328 du 7/3/2013

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Arrondissements de la capitale : un tuk guilli aux allures de hold-up électoral
Publié le lundi 11 mars 2013   |  L’Observateur




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C’est en principe aujourd’hui que les Ouagalais devront connaître le nom, tant attendu, du successeur de Simon Compaoré. Qui de Jean Christophe Ilboudo ou de Marin Ilboudo, pour ne citer que ces deux-là, décrochera le pompon ? (Lire aussi page…).

Si on ne peut pas se hasarder sur l’identité du prochain édile de la capitale, une chose est au moins sûre : le CDP s’adjugera, sans coup férir, le graal des municipales : la mairie de Ouagadougou. Supramajoritaire dans 11 des 12 arrondissements de la ville à l’issue des locales du 2 décembre 2012 et des complémentaires du 17 février 2013, le parti présidentiel impose à nouveau sa suprématie sur la commune-capitale.

Si fait que la mise en place des conseils municipaux d’arrondissement, mercredi et jeudi derniers, relevait plus de la simple formalité que d’un challenge. Si compétition il y eut véritablement, ce fut au sein du CDP où certains élus locaux ont fait fi des directives du sommet en votant des candidats de leur choix.
Seul point d’orgue, pour ne pas dire coup d’éclat, dans cette série d’exercices sans relief et sans suspense, le hold-up électoral intervenu à l’arrondissement 5, ex-Bogodogo, contre l’UPC.

Arrivé en tête ici avec 10 sièges contre 9 pour le CDP, le parti du «Lion» a été, contre toute attente, débusqué de ce qui devait être son territoire, sa tanière.
En effet, c’est un CDPiste, Issouf Sakandé, qui a été élu maire de cette subdivision administrative. A la surprise générale.
A l’origine de ce coup de poignard dans le dos des conseillers UPC : un Judas de service, fier comme Artaban de sa traîtrise. A la différence du Judéen qui se pendit après avoir vu les conséquences de son acte contre Jésus Christ, Assibo Ouédraogo, puisque c’est de lui qu’il s’agit ici, n’est pas homme à scrupules. Bien au contraire. Il a bu le calice de la traîtrise jusqu’à la lie en exhibant son bulletin de vote contre son propre camp, l’UPC.

Comme pour montrer à ses mandants qu’il a exécuté la mission et narguer par la même occasion ces compagnons d’hier qui n’avaient que leurs yeux pour pleurer. Même Eric Besson n’est pas allé à pareille abomination dans sa traitrise contre Ségolène lors de la présidentielle française de 2007. Ne dit-on pas chez nous que «celui qui incendie un cimetière ne s’émeut point du cri des fantômes» ?
On remarquera que par son pied de nez au vu et au su de toute l’assistance, le sieur Assibo a violé le caractère secret du scrutin. Alors que prévoit le code électoral en pareille circonstance ? L’invalidation pure et simple de ce bulletin dont le caractère ostentatoire le dispute à sa nature outrancière ?

En attendant la suite qui sera réservée à la requête en annulation introduite par les hommes de Zéphirin Diabré, de partout s’élèvent des hurlements de réprobation contre le pestiféré dont l’acte fera tristement l’actualité des jours à venir.
Voilà donc le CDP qui renoue, aux forceps, avec le Tuk guilli en raflant les clés des douze mairies de la capitale. Inconvenant !
Le voilà par conséquent accusé de prendre en otage le suffrage populaire, d’abâtardir l’expression citoyenne et de pervertir le jeu démocratique. Même bourré jusqu’à la gorge, le «goinfre politique» ne crache pas sur la moindre partie de la venaison électorale. Il a réussi le tour de passe de vicier le noble jeu démocratique en mercato électoral.

Il est vrai que la décence et l’élégance politique auraient commandé que le parti au pouvoir eût laissé l’UPC jouir de sa victoire conquise de haute lutte et de fort belle manière. Mais pour qui connaît l’enjeu, autrement plus important de l’élection du maire de l’arrondissement 5, comprendra aisément les ressorts de ce spectacle horripilant.
C’est que cette collectivité territoriale est considérée comme le fief politique d’Assimi Kouanda, secrétaire exécutif national CDP. Il fallait donc, pour une question d’honneur, laver l’outrage fait au chef au soir du 2 décembre. Faire tout pour que le numéro un qui a perdu dans les urnes ne perde pas complètement la face.

Pari réussi donc pour les pompiers de service du «grand camarade» Assimi qui revient d’un naufrage.
Chassé par la porte, le CDP est de retour par la fenêtre, voire par la cheminée, à la mairie de l’ex-Bogodogo. Il s’y est installé par effraction. Voilà ce que la majorité des électeurs, désabusés, floués, retiendront du mandat d’Issouf Sakandé.
Si on comprend bien la clameur que suscite ce micmac politique du CDP, il faut, cependant, se garder de prendre l’ombre pour la proie.
Autant la morale doit s’insurger contre le «corrupteur», autant elle doit reprouver le «corrompu», autrement plus coupable dans cette indécente manœuvre qui n’honore pas notre démocratie.

Par sa forfaiture, en échange d’on ne sait quelle promesse, Assibo, le traître impénitent, vient de montrer que sa conviction politique n’est qu’une marchandise à la merci du plus offrant. Avec en prime la rançon consubstantielle à tout acte de trahison : il perd définitivement la confiance de ceux qu’il a reniés sans pour autant l’obtenir au sein de ceux qu’il a servis. Qui a trahi, trahira. Il va du félon comme de la galette : grillé des deux côtés.

Sur un autre registre, cet acte de déloyauté constitue une épreuve pleine d’enseignements pour l’UPC. Il doit poursuivre son dur apprentissage dans cette faune politique burkinabè où tous les coups sont, hélas, permis. Surtout les coups bas, les coups de Jarnac, et les coups de Trafalgar. Au «Lion» d’avoir le cuir dur et de savoir tenir le coup.
S’il en avait encore le doute, le président de l’UPC, Zéphirin Diabré, est dorénavant bien payé pour comprendre que rien ne lui sera épargné.
Car c’est toujours avec le visage couturé et les membres contusionnés que le leader politique de l’opposition dépose enfin son baluchon dans le salon feutré de la présidence.

La rédaction

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