Le Groupe parlementaire liberté, démocratie, justice(LDJ) a tenu ses premières journées parlementaires 2015 à Bobo-Dioulasso le samedi 11 et dimanche 12 avril dernier. Dans le discours de clôture de ces journées, le président du groupe LDJ, Jean-Hubert Bazié prône l’inclusion et la justice pour la réussite de la transition. Un extrait dudit discours.
Chers amis,
Vingt sept ans de dictature, de mensonges, d’assassinats, d’accaparement de biens publics, d’enrichissements spontanés d’individus sans foi ni loi donnés en exemples de réussites sociales à nos frères et à nos fils, n’ont pas réussi à changer fondamentalement notre conviction qui est que l’homme ne vaut que par son sens élevé du bien commun et sa volonté de servir son peuple !
Cette morale de « l’avoir et du paraître », de « se servir plutôt que de servir » qui habitait totalement les âmes et les esprits de ceux qui rêvent encore de leur paradis perdu, a amenés certains ténors du régime défunt à considérer le Conseil national de la transition comme un ramassis d’incapables, indignes de représenter le peuple et de travailler pour le peuple !
Ils se sont trompés lourdement ! Car nous sommes le peuple, le vrai peuple ! Nous sommes les ambassadeurs des « sans culottes » !
Non, nous ne sommes pas des revanchards ! Non ! Seulement, notre morale est claire : pour nous, un voleur est un voleur, un assassin reste un assassin, un complice reste un complice ! Des morts sont morts par la faute de responsables qui refusent de s’assumer mais qui sont prêts à se lancer dans la course au Pouvoir pour nous déclarer à nouveau demain qu’ils sont responsables de rien !
Ceux qui, hier encore, nous faisaient la morale ignorent-ils que l’on pèche en pensée, en parole, par action mais aussi et surtout, par omission! ?
Ceux qui, étaient hier encore, dans le système et qu’on n’a pas entendu ignorent-ils l’adage qui dit que « qui ne dit mot consent » ?
Surpris qu’ils sont par notre magnanimité qu’en poètes du malheur, ils veulent faire rimer avec impunité, ils n’ont pas encore compris que le peuple s’est mis debout un matin de 30 octobre pour dire non au tripatouillage de notre Constitution, non à la gabegie, non à la corruption, non au mépris de nos valeurs ancestrales de vérité, de liberté, de démocratie et de justice !
Les « sabari kagni, sabari kagni « de galerie que les bourreaux imposaient aux victimes sous le régime Compaoré sont désormais du passé !
Les auteurs et complices de nos morts d’hier et d’avant-hier doivent avoir la modestie d’un mea culpa devant le peuple et devant l’histoire, au regard du sacrifice de nos martyrs !
Oui, un voleur est un voleur ! Un assassin est un assassin ! La place des voleurs et des assassins pris la main dans le sac est la prison ! Ou alors, il faudra fermer toutes les Maisons d’arrêt et de correction du Faso et déclarer le Burkina « zone de non-droit » !
Cette époque est désormais révolue où au Faso, le voleur criait au voleur et l’assassin affirmait haut et fort : « On te fait et il n’y a rien ! »
En justice, il y a ce qu’on appelle des « mesures conservatoires » ! En attendant le jugement du Tribunal de grande instance de l’histoire, les suspects sérieux doivent comprendre qu’ils sont devenus des personae non gratta à la direction du Faso ! A Norbert ZONGO, à Guillaume SESSOUMA, à Oumarou Clément OUEDRAOGO, à Thomas SANKARA, à tous les sacrifiés, à tous les assassinés du système COMPAORE, nous devons cela au moins !
Chacun de nous doit comprendre, et notre histoire est éloquente à cet égard, chacun de nous doit comprendre qu’on ne dirige pas impunément la Patrie des hommes intègres !
Mesdames et messieurs,
Honorables invités,
Nous disions hier que le Groupe LIBEERTE, DEMOCRATIE, JUSTICE est issue de l’Opposition politique qui s’était organisée autour du Chef de file de l’Opposition politique (CFOP) conduite alors par le Président Zéphirin DIABRE de l’Union pour le progrès et le changement (UPC).
Nos partis comportent plusieurs tendances, mais nous avons tous en commun d’être des patriotes, des amoureux de la justice ayant comme boussole, le bien-être de notre pays !
Nous sommes à l’image de notre peuple fait de diversité enrichissante, de tolérance et du désir de vivre ensemble ! C’est pourquoi, malgré le désir de vengeance parfois violemment exprimé par des citoyens, nous avons érigé l’inclusion au rang des valeurs de la Transition. « Il faut de tout pour faire un monde », dit-on ! Parce que nous savons que dans tout village, il y peut avoir des menteurs, des voleurs, des tricheurs ou des assassins. Mais cela ne veut pas dire qu’on doit les laisser faire. Le Burkina n’est pas et ne sera pas la Sicile des mafieux que dénonce le vénéré Pape François ni le Chicago des années Trente ! Les ploutocrates voleurs et assassins ne passeront pas. No passaran !
Nous ne nous laisserons pas convaincre que nous ne sommes rien ! Nous savons d’où nous venons, qui nous sommes et ce que nous voulons !
Nous sommes les héritiers de tous ceux qui sont morts pour que ce pays soit beau, grand et fort ! Nous sommes les associés de toutes les bonnes volontés qui travaillent pour que le Faso sorte grandi de la Transition. Nous souhaitons être la providence de nos enfants.
Nous voulons qu’à côté des autres composantes de la Transition, avec le Gouvernement, avec le peuple, on puisse dire de nous demain : « vous avez mené le bon combat, Vous avez rempli votre tâche ! » Et qu’au bout du chemin, au bout des six mois qu’il nous reste à parcourir, l’on nous accueille avec un « I yamsé, A ni baara », etc.
Avant de terminer mon propos, permettez-moi de nous inviter à nous approprier toutes les richesses de ce débat, de ces réflexions communes. Nous avons fait un pas. D’autres pas suivront. D’autres journées parlementaires viendront nourrir notre dynamique de critique et d’autocritique. Nous ne réussirons que si ceux qui sont dehors CNT encouragent et soutiennent ceux du dedans CNT ! Notre responsabilité est commune et partagée. Considérons, chacun à son niveau, que chacune de nos réflexions et de nos décisions, chacun de nos actes, engagent la destinée du Burkina et nous réussirons sans coup férir !
En ce dimanche de la miséricorde divine, puisse le Seigneur nous pardonner nos fautes et veiller sur notre cher pays qu’il aime tant !
Merci à Bobo-Dioulasso pour son accueil chaleureux et fraternel !
Vive le GROUPE PARLEMENTAIRE LIBERTE, DEMOCRATIE, JUSTICE.
Vive le CNT !
Vive le Burkina !
Je déclare closes, nos premières journées parlementaires !
La patrie ou la mort, nous vaincrons !
Je vous remercie.
Le Président du Groupe parlementaire
Jean-Hubert BAZIE