Visiblement, le week-end passé était beaucoup chargé du côté du MPP (Mouvement du peuple pour le progrès), qui a mis à profit cette période pour aller à la rencontre de la base dans les villes et villages du Burkina Faso. Pendant que Roch Marc Christian Kaboré et Salif Diallo étaient occupés ailleurs, Simon Compaoré avait pour mission, dans la soirée du 19 avril 2015, de communier avec les militants et sympathisants de Kokologho. Pour qui connaît l’homme, il va de soi que l’ambiance et la bonne humeur devraient être au rendez-vous. Et ce fut le cas.
Kokologho, commune qui relève de la province du Boulkiemdé, est située à une quarantaine de kilomètres sur l’axe Ouaga/Bobo. Jusqu’à l’insurrection des 30 et 31 octobre 2014, qui a conduit à la chute du président Blaise Compaoré, la zone était réputée bastion imprenable de l’ADF-RDA.
Mais l’affluence autour du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), en cette soirée du 19 avril 2015 et à cet espace qui jouxte le marché de Kokologho, convainc le visiteur que la donne est en train de changer, comme pour abonder dans le même sens que la citation en vogue qui stipule que «désormais, plus rien ne sera comme avant».
Du reste, le premier à en être agréablement surpris fut le principal invité qu’est Simon Compaoré, 2e vice-président du parti. Mais, avant que l’occasion ne lui soit donnée de marquer son satisfecit, le comité d’organisation a fait successivement passer à la tribune les représentants des entités suivantes : personnes âgées, comité d’organisation, femmes, jeunes, sections structurés et coordination du parti dans la commune. Tous ces intervenants ont loué l’initiative du Bureau politique national, mais n’ont surtout pas manqué de présenter les doléances de la population, quand le président du parti, Roch Marc Christian Kaboré, occupera le fauteuil de Kosyam, après le scrutin du 11 octobre prochain. Ces requêtes tournaient autour de l’eau potable, de l’emploi des jeunes et des activités rémunératrices, surtout pour les femmes.
Et le moment tant attendu est ensuite arrivé : le discours de l’invité de marque, Simon Compaoré, qui est parti d’un long speech improvisé. Et dans la langue du terroir (mooré), s’il vous plaît ! Pendant une heure d’horloge, l’enfant terrible de Mankoudgou (quartier à l’Ouest de Ouagadougou qui l’a vu naître), micro baladeur ou micro à fil en main, a tenu en haleine la population de la ville au célèbre palais royal. Bien sûr, sans rester sur place, malgré son handicap né d’un accident de voiture.
«L’on nous avait dit que Kokologho était une cité interdite. Aujourd’hui, le surnom de Kokologho doit plutôt être la cité ouverte. Nous ne nous attendions pas à cette mobilisation. Nous voulions du monde et nous en avons eu », s’est-il d’abord réjoui, avant de préciser.
«Il y en a qui vont venir après nous pour vous faire des promesses. Mais sachez que nous ne sommes pas de ceux qui montent sur l’arbre, et, qui, au lieu de secouer pour que ceux qui sont en bas profitent des fruits, préfèrent rester là-haut pour se mettre plein les poches».
Le tribun du jour est aussi revenu sur l’actualité nationale, égratignant une certaine classe politique en ces termes : «Quand ils viendront, dites-leur que vous n’avez pas oublié… Ils ne veulent pas que les élections aient lieu. Mais elles auront lieu à bonne date, Dieu voulant, Inch’Allah!». Et l’inénarrable ancien maire de Ouagadougou de souffler le cor de la mobilisation pour le meeting du samedi 25 avril 2015 à la place de la Nation.
«C’est là où on s’était réuni pour dire non, ce qui a finalement obligé quelqu’un que vous connaissez bien à fuir en plein jour», a-t-il rappelé, provoquant une hilarité générale et des acclamations. Enfin, dans cette ambiance surchauffée, il a fait un bras d’honneur à la communauté internationale qui, semble-t-il, n’a pas beaucoup apprécié la récente modification du code électoral qui pourrait exclure certaines personnalités des joutes électorales.
«On dit que l’extérieur n’était pas d’accord. Quand on n’était pas d’accord avec le pouvoir alors en place, qui est venu nous aider ?… Quand on tuait nos enfants pendant l’insurrection populaire, qui nous a soutenus ?», a-t-il demandé à l’auditoire, qui répondait : « Personne n’est venu nous aider ». Ambiances …
Issa K. Barry