L’Association de solidarité et d’amitié Burkina Faso-Cuba (ASAC-BF) a animé, le samedi 18 avril 2015, à Ouagadougou, une conférence de presse. Celle-ci s’est articulée sur plusieurs thèmes, à savoir, la situation actuelle du contingent de 600 élèves burkinabè envoyés à Cuba, en 1986, pour être formés, le point de la coopération entre le Burkina et Cuba et sur la situation de la politique nationale. La conférence de presse était animée par le secrétaire général de l’ASAC-BF, Stanislas Damiba et le président de L’Association, Athanase Bouda, en présence de l’ambassadeur de la république de Cuba au Burkina Faso, Ana Maria Chongo.
Sous la révolution du président Thomas Sankara, un accord d’amitié et de coopération avait été signé le 21 décembre 1983, à la Havane entre le Burkina Faso et la république de Cuba. Tout cela dans le cadre de la coopération sud-sud. En conséquence dans la mise en œuvre de cet accord, un contingent de 600 élèves burkinabè avait été envoyé en république de Cuba pour une formation technique et idéologique. Les critères qui ont prévalu à leur sélection étaient d’ordre social à savoir, des orphelins ou enfants issus de familles défavorisées, dont la tranche d’âge était comprise entre 12 et 14 ans. Les profils qui leur ont été envoyés étaient imposés. Personne n’avait le droit de suivre une filière de son choix. Mais dès leur retour au bercail, après plusieurs années de formation, avec le changement de régime, leur situation est devenu très déplorable. Plus de la moitié n’est toujours pas intégrée à la Fonction publique. Ainsi dans le but de faire entendre leur voix, par les nouvelles autorités de la Transition afin de trouver une solution définitive à leurs souffrances, les anciens élèves de ce contingent réunis en association dénommée, Association de solidarité et d’amitié Burkina Faso-Cuba (ASAC-BF), ont animé donc la conférence de presse, le samedi 18 avril 2015. Selon le secrétaire général de l’ASAC-BF, Stanislas Damiba, leur situation de nos jours est très triste : « du contingent des 600 diplômés, seulement 263 ont eu la chance d’être intégrés dans leur ministère de tutelle ou admis à des tests de recrutement et 293 sont toujours en chômage ». A nos jours, « Nous déplorons 44 décès dont 5 par suicide, 6 malades mentaux et 9 promotionnaires partis en aventures ». Aussi, subissent-ils toute sorte de négligence et de dénigrement du fait qu’ils ont étudié à Cuba. « Parfois appelés les enfants de Sankara, d’autres parlent des diplômes socialistes dans l’optique de ternir notre image », a-t-il déploré.
Des adversaires politiques à écraser
Chose que Stanislas Damiba se dit fier d’être, « car l’essentiel, c’est ce que nous avons appris à Cuba pour mettre au profit du développement socio-économique de notre pays ». Dans le but de trouver une solution à leur problème, leurs tentatives de rencontrer le président Blaise Compaoré sont restées infructueuses. « Nous avions rencontré le Médiateur du Faso, la Commission nationale pour l’organisation de la Journée nationale du pardon, ainsi que d’autres structures et des personnes ressources ont été soldées par des déceptions ». Ceux-ci, a-t-il laissé entendre, répondaient que leur problème est purement politique et que cela dépassait leurs compétences. Au regard de cette situation qu’ils jugent d’injuste, les membres de l’ASAC-BF demandent aux autorités de la transition de se pencher sur la question afin de trouver une solution définitive. A cet effet, le SG a confié qu’ils ont déjà entrepris des démarches auprès du gouvernement pour lui demander de mettre en place une commission qui se chargera de travailler conjointement avec le Bureau exécutif national des élèves formés à Cuba, pour examiner au cas par cas la situation de ceux qui sont toujours au chômage afin de trouver une solution. A leur niveau, pour venir en aide à leurs promotionnaires en chômage, le Bureau a créé une cellule sociale chargée de les accompagner à travers des microprojets de survivance, même si cela demeure insignifiant par rapport à la triste réalité qu’ils vivent. A la question de savoir pourquoi un tel dédain à leur endroit, le président de l’ASAC-BF, Athanase Bouda, a confié que cela se justifie par le seul fait que le régime déchu du président Compaoré avait peur qu’ils sèment la graine de la révolution au sein de la population. Au lieu de les voir comme des élèves-étudiants formés qui viennent pour la construction de leur pays, le régime Compaoré les prenait comme des adversaires politiques qu’il faut « écraser », a-t-il soutenu. En outre, avant l’insurrection des 30 et 31 octobre passé, a-t-il poursuivi, il n’était pas question d’organiser une telle rencontre. Les autorités en place faisaient tout pour semer la zizanie en leur sein. Ce qui faisait qu’ils n’étaient pas soudés. Mais avec ce changement, ils ont foi que leur cri de cœur sera entendu. A la question de savoir si Cuba est toujours disponible à former des élèves en son sein quand on sait que ceux qui sont formés peinent à se faire intégrer professionnellement dans leur pays, l’ambassadeur de la république de Cuba au Burkina Faso, Ana Maria Chongo, a répondu par l’affirmative. « Mon pays, le Cuba, sera toujours loyal à la coopération signée avec le Burkina Faso, dans le cadre de la coopération sud-sud » La conférence de presse a été l’occasion pour les animateurs d’évoquer certains points relatifs à la coopération entre le Burkina Faso et Cuba, à la vision de l’ASAC-BF sur le début du rétablissement des relations diplomatiques entre Cuba et les Etats unis, sans oublier leur lecture sur la situation nationale du Burkina Faso.