Ceci est une déclaration du Mouvement burkinabè des droits de l’Homme et des peuples (MBDHP) sur les agressions dont sont souvent victimes nos forces de défense et de sécurité, dans l’exercice de leurs fonctions. Lisez plutôt !
Le MBDHP a été profondément choqué en apprenant, par les soins de sa section provinciale du Poni, que le dimanche 15 février 2015, sur l’axe Batié-Boussoukoula, des bandits armés ont ouvert le feu sur deux véhicules, causant la mort de monsieur Léon Sama et blessant deux autres personnes dont le Directeur provincial de la Police du Noumbiel, le commissaire Yacouba Tou.
Evacué d’urgence à Ouagadougou, le commissaire Tou succombera à ses blessures dans la soirée du 29 mars 2015.
Un tel acte particulièrement cruel heurte la conscience humaine. Le MBDHP exprime sa sincère compassion aux familles et aux proches des personnes tombées sous les balles des tueurs et leur présente ses sincères condoléances.
Sous ce triste chapitre des agressions, il nous souvient des cas tout aussi graves de pertes en vies humaines dans les rangs de nos forces de sécurité, parmi lesquels :
- le soldat de 2e classe Edmond Gouba du 22e Régiment d’infanterie commando de Gaoua, grièvement blessé par des bandits armés, alors qu’il était en mission, dans la nuit du 29 au 30 avril 2002 à Gongombili, à 15 km de Gaoua, et qui a dû être amputé du bras droit ;
- l’assistant de police Issa Ouédraogo et le brigadier Yamtarba Cyprien Ouédraogo, tués par des bandits, le 18 février 2004, alors qu’ils étaient en mission ;
- le commissaire de Police Dramane Coulibaly des suites de ses blessures lors de l’attaque du 18 février 2004 ;
- le policier Richard Guiguemdé, tué par balles dans des circonstances suspectes le 04 avril 2012 vers le « Théâtre populaire » de Ouagadougou ;
- l’adjudant-chef Ernest Lompo, commandant de la brigade de gendarmerie de Cinkansé, tué le 15 mars 2013 par des bandits, suite à une opération de reconnaissance dans le cadre de la lutte contre le grand banditisme ;
- l’assistant de Police Gaël Bationo, en poste à l’Unité d’Intervention polyvalente de la Police nationale, assassiné le 05 avril 2014 sur le boulevard Charles De Gaules à côté du canal de l’Université de Ouagadougou.
Plus récemment, le samedi 04 avril 2015, c’était au tour d’un gendarme, à qui nous souhaitons un prompt rétablissement, d’être grièvement blessé à la tête suite à des échanges de tirs avec un groupe armé sur le site minier de Tambao. Ces situations malheureuses que nous déplorons sont loin d’être exhaustives.
Le MBDHP tient à rappeler que la sécurité est un droit garanti par les instruments juridiques de protection des droits humains. Et l’Etat doit prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la jouissance de ce droit à ses citoyens, y compris l’équipement des forces de sécurité en moyens adéquats.
Le Mouvement salue à sa juste valeur le courage et la détermination de nos forces de sécurité dans leur engagement à lutter contre le grand banditisme sous toutes ses formes, notamment les braquages armés et autres actes de grand banditisme. Bien souvent sous-équipées, les forces de sécurité font quotidiennement face à des bandits de plus en plus lourdement armés, disposant quelques fois même d’armes de guerre.
Hélas, l’expérience de nombreuses « opérations spéciales » encore appelées « opérations coup de poing » menées sur fonds d’exécutions extra-judiciaires de citoyens montrent aujourd’hui leurs limites. Pour cette raison, le MBDHP appelle à une réflexion approfondie sur les causes réelles de l’insécurité et surtout à initier une véritable politique de lutte contre l’insécurité, conforme aux règles et principes de l’Etat de droit, c’est-à-dire respectueuse des droits humains et qui prenne en compte les dimensions politiques, économiques et sociales du phénomène de l’insécurité.
En tout état de cause, le MBDHP, très attaché à sa mission de promotion, de protection et de défense des droits humains :
-Condamne l’attaque meurtrière perpétrée le 15 février 2015 ayant conduit au meurtre d’un agent des forces de sécurité ainsi que tous les actes de grand banditisme commis sur toute l’étendue du territoire national ;
-Salue les mémoires des personnes tuées au cours de cette attaque barbare et présente, une fois de plus, ses condoléances les plus attristées aux familles endeuillées ;
-Réaffirme sa réprobation sans équivoque et sans appel du phénomène de l’insécurité, ainsi que des agissements criminels des hordes de bandits qui écument nos villages et nos cités ;
-Invite et encourage les éléments des forces de sécurité à appréhender le ou les meurtrier(s) du 15 février 2015, et à le (les) mettre à la disposition de la Justice afin que lui (leur) soit appliquée toute la rigueur de la loi ;
-Invite ses sections à contribuer à la lutte contre l’insécurité, notamment en intégrant davantage à leurs différents programmes de promotion, des thèmes de sensibilisation y relatifs.
Ouagadougou, le 04 avril 2015
Le Comité Exécutif National