La 9e session du dialogue politique entre le gouvernement burkinabè et l’Union européenne (UE) s’est tenue à huis clos, le jeudi 16 avril 2015 à Ouagadougou, sous la présidence du chef de l’Etat, Michel Kafando. La conduite de la Transition et l’organisation des futures élections, que l’UE devrait financer à hauteur de 7 milliards de francs CFA, ont essentiellement meublé les échanges.
L’Union européenne(UE) et le gouvernement burkinabè ont fait, le jeudi 16 avril 2015 à Ouagadougou, le point de la conduite de la Transition politique et de l’organisation des élections d’octobre 2015. Aussi les évolutions institutionnelles en Europe ont-elles retenu l’attention des participants aux travaux de cette 9e session du dialogue politique entre les deus parties. Au sujet de la conduite de la Transition, des centres d’intérêt, tels que la réforme de la justice, la lutte contre la grippe aviaire qui sévit au Burkina depuis le 1er avril 2015, et l’adoption du nouveau code électoral à polémique, ont été évoqués. Malheureusement, la presse n’a pas pu percer le secret des débats qui se sont déroulés à huis-clos. Sur le volet organisation des élections, le vice-président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), Joachim Bagagnan, a bien voulu lever un coin de voile sur son intervention à la session. « Nous avons eu à faire à nos partenaires de l’UE le point des préparatifs des élections, tant au niveau logistique, que budgétaire », a-t-il rapporté. Il a donné des précisions en ces termes: « Sur le plan logistique, nous sommes en pleine phase de révision exceptionnelle des listes et tout se passe bien sur le terrain (…). Pour le volet financier, les choses avancent à petits pas, car le budget des élections n’est pas encore bouclé ». Concernant les finances, M. Bagagnan a fait cas d’un gap de 18, 6 milliards de francs CFA à rechercher pour boucler le budget prévisionnel des élections, chiffré à 54 milliards. « Il se souvient que le gouvernement avait déjà mis 25 milliards à notre disposition (…), plus le soutien de certains partenaires. Nous avons fois qu’avec les autres partenaires, ce gap sera comblé pour la tenue effective des élections en octobre 2015 », a-t-il renchéri.
Un partenariat « dynamique » et «exemplaire »
D’ores et déjà, le Burkina peut compter sur l’UE, qui, par la voix de son chef de délégation, l’ambassadeur Alain Holleville, a réaffirmé le soutien institutionnel et financier de sa communauté à la Transition. «Nous avons trois mesures spécifiques d’appui à la Transition. La première, c’est un appui financier supplémentaire pour la préparation des élections. L’UE s’est engagée à apporter un appui de 5,5 millions d’Euros, environ 3,7 milliards de francs CFA, à quoi s’ajouteront les contributions des Etats-membres. Ce qui devrait représenter un niveau d’appui de l’UE d’à peu près 7 milliards de francs CFA d’appui aux élections. Deuxièmement, l’UE après décision des Etats-membres et des institutions, va apporter un appui budgétaire exceptionnel en don au Burkina, sur les années 2015 et 2016, d’au moins 100 millions d’Euros. Plus de la moitié de ce montant sera décaissé pendant la Transition, compte tenu des besoins du moment », a expliqué le diplomate européen. Pour ce qui est de la troisième mesure spécifique, il a mentionné le déploiement d’une mission d’observation électorale, pour un coût de plusieurs milliards de francs CFA, à ne pas imputer sur les crédits déjà mentionnés. Du reste, M. Holleville a souligné le caractère difficile de toute période de Transition, tout en rappelant la nécessité pour l’UE de soutenir le processus au Burkina. « L’UE est consciente qu’elle doit jouer son rôle pour permettre à la Transition de mener sa mission essentielle qui est d’organiser des élections libres et transparentes (…) », a-t-il déclaré. A l’entame des échanges, le Président du Faso et ministre des Affaires étrangères et de la Coopération régionale, Michel Kafando, a insisté sur le contexte post-insurrectionnel dans lequel se tient le présent dialogue, non sans louer le partenariat « dynamique » et « exemplaire » entre l’UE et le Burkina. « Le gouvernement de Transition se félicite du riche partenariat qui lie notre pays à l’Union européenne, à qui nous adressons nos sincères remerciements et toute notre gratitude pour ses soutiens multiformes au développement du Burkina », a avancé le chef de l’Etat. Il s’est voulu même concret : « l’appui de l’Union européenne s’est à nouveau renouvelé et confirmé par la mise à disposition de notre pays d’une enveloppe financière d’un montant de 623 millions d’Euros, dans le cadre du 11e FED (Ndlr : Fonds européen de développement), pour la période 2014-2020 ». La preuve résulte que la coopération entre l’UE et le Burkina, des partenaires de longue date, a de beaux jours devant elle, a-t-il estimé.
Kader Patrick KARANTAO