L’Institut « Free Afrik » a présenté son étude sur «Economie mondiale/économie burkinabè », le vendredi 6 mars 2015 à Bobo-Dioulasso. Il ressort que le Burkina Faso, au regard de son contexte politique, a fait un taux de croissance en deçà des attentes : 5,1% en 2014 contre 6,4% en prévision.
Le directeur exécutif de l’Institut « Free Afrik », le Dr Rasalga Seydou Ouédraogo, à travers l’étude «Economie mondiale/économie burkinabè », a décrypté le comportement de l’économie dans les grandes régions. Aux Etats-Unis, en Europe, il a expliqué qu’il y a une relance économique marquée par un taux de croissance positif en 2014. Selon lui, les Etats-Unis espèrent en 2015, à une croissance de plus de 2%. Dans le monde émergent, a-t-il fait comprendre, le concept BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) est essoufflé. Cela est dû au fait que ces cinq pays ont des situations économiques contrastées. Ce faisant, un autre concept, a-t-il expliqué, a vu le jour. Il s’agit des « cinq fragiles. C’est la situation de plusieurs économies émergentes qui sont des nations importantes, mais qui ont des particularités relativement communes. Ce sont le Brésil, l’Indonésie, l’Inde, l’Afrique du Sud et la Turquie. Ces pays ont la particularité d’être des pays qui reçoivent beaucoup d’argent de l’extérieur », a indiqué Dr Rasalga Seydou Ouédraogo. Mais il a fait comprendre que cette situation rend les balances des paiements de ces pays, excédentaires. « Cela est très important pour ces pays, mais c’est également une fragilité. Cela veut dire qu’à tout moment, si les investisseurs reprennent leurs sous, ce sont des pays qui ont des difficultés», a-t-il dit.
Une croissance qui ne permet pas de lutter contre la pauvreté
Dans la région Afrique, la croissance fait également un bond positif. Soit 5% en 2014, une croissance supérieure au taux de croissance du monde émergent cumulé, selon le directeur exécutif de l’Institut "Free Afrik", Dr Ouédraogo. «Les matières premières et les ressources naturelles portent cette croissance, mais aussi parce que nous sommes un continent qui arrive à capter de plus en plus d’investisseurs venant de l’extérieur, et que notre démographie nous aide sur ce point », a-t-il indiqué. Le Burkina Faso fait partie de ces pays qui ont une embellie en termes de croissance, même si elle est en deçà des attentes : 5,1% contre une prévision de 6,4%. Et pourquoi la pauvreté ne recule pas ? L’explication, selon Dr Ouédraogo, c’est la qualité de cette croissance qui est en cause. « Ce n’est pas une croissance qui permet de lutter contre la pauvreté. Ce n’est pas une croissance qui est largement partagée. C’est un problème qui montre que si on a de la croissance, il faut travailler à ce qu’elle soit favorable à des changements structurels », a déclaré Dr Ouédraogo. Pour lui, l’insurrection a été une situation formidable d’un point de vue de renouveau économique, mais elle eu des dégâts très importants, évalués à hauteur de 120 milliards. « Nous sommes dans une situation de renouveau avec la Transition. Les pistes de sortie du pays ne sont pas seulement d’organiser des élections, mais d’organiser un renouveau économique avec une justice économique », a-t-il fait comprendre. Il a par ailleurs soutenu que « nous sortons de 25 ans de libéralisme avec Blaise Compaoré. Ce sont les résultats qui ont déglingué l’école, l’administration publique, la santé publique. Il faut en tirer des leçons».