Pour permettre aux populations de l’Ouest du Burkina Faso de lutter contre la variabilité et le changement climatique, le Centre International de Recherche en Foresterie (CIFOR) annonce le lancement d’actions pilotes de restauration des ressources forestières et arborées dans la région de l’Ouest du Burkina.
Ce sont les villages de Kalembouli, Sorobouli et de Boromissi dans la commune de Sibi, province des Balé, qui vont bénéficier de ces actions qui s’inscrivent dans le cadre du projet ‘’Forêts et Adaptation au Changement Climatique (ACFAO) ’’ mis en œuvre par le CIFOR et financé par le Fonds Français pour l’Environnement Mondial (FFEM). ‘’Depuis 2012, nous menions sur ces sites pilotes des recherches pour comprendre les facteurs de vulnérabilité et voir quelles sont les stratégies endogènes qu’elles ont adoptées pour faire face à ces vulnérabilités’’, explique Mathurin Zida, coordonnateur du bureau ouest -africain du CIFOR basé à Ouagadougou. ‘’Dans le cadre du projet, on va appuyer ces villages en mettant en place quelques actions durables d’adaptation aux changements climatiques’’, poursuit Zida.
Le projet ACFAO va contribuer au développement de politiques et projets d’adaptation basés sur les écosystèmes (ABE) au Mali et au Burkina afin de renforcer la gestion durable des forêts et permettre aux groupes sociaux les plus vulnérables d’accroître leurs capacités adaptatives et d’améliorer leurs conditions de vie grâce aux biens et services écosystémiques fournis durablement par les formations forestières.
Le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) définit la capacité d’adaptation comme le degré d’ajustement d’un système à des changements climatiques (y compris la variabilité climatique et les extrêmes) afin d’atténuer les dommages potentiels, de tirer parti des opportunités ou de faire face aux conséquences.
Avant le lancement des actions de terrain, les chercheurs du CIFOR sont retournés dans ces trois villages en mars dernier pour restituer les résultats de leurs recherches. Selon Christophe Koffi, chercheur au CIFOR, les enquêtes ont été menées sur le terrain depuis 2012 après que les mauvaises récoltes de 2011 annonçaient une période de soudure difficile l’année suivante. Il s’agissait pour Koffi d’observer le lien entre les ressources forestières et la sécurité alimentaire en matière de soudure et mesurer leur contribution.
‘’Les résultats ont montré que pendant cette période, les populations où il y a encore les ressources forestières, vendaient le bois, le charbon pour s’acheter de quoi manger pendant qu’aux endroits où il y a moins de forêts, les habitants vendaient les noix de karité, les fruits pour subvenir à leurs besoins pendant la soudure’’, explique Koffi.
L’autre résultat, et non des moindres, c’est que pendant la période de soudure, les greniers des villages de Kalembouli, Sorobouli et Boromissi, qui présentaient des cas contrastés en matière de dégradation des ressources forestières, étaient vides.
‘’Au niveau de la dégradation des sols et des forêts, tout est parti. Ils vont nous aider à planter des arbres et protéger les ressources grâce au foyer amélioré’’, se réjouit Abou Fofana, un habitant de Sorobouli. Pourtant, reconnait Fofana, l’acceptation du constat n’a pas été facile : ‘’Au début, les gens ne voulaient rien dire mais dès qu’il nous a présenté la carte des ressources du village, nous avons compris que nous pouvions perdre toute notre forêt. Aujourd’hui, ceux qui coupaient les arbres qui ne sont pas secs font attention’’, explique Fofana.
Selon Koffi, Sorobouli possède encore 50 pour cent de ses ressources forestières. ‘’Les populations savent que les forêts sont utiles car elles repartent vers elles pour chercher de quoi se procurer des revenus mais n’ont pas les moyens d’empêcher sa dégradation’’, constate Koffi.
Dans les trois villages, il est prévu des actions de mise en défens de terres pour espérer une régénération naturelle des ressources, des plantations d’arbres, des cordons pierreux pour lutter contre l’érosion des sols. ‘’Nous avons perdu nos ressources vers lesquelles nous nous tournions’’, admet amer Robert Lougué, vice-président du Comité villageois de développement (CVD) de Kalembouli.
Les résultats des recherches ont révélé que Kalembouli a perdu plus de 80 pour cent de ses ressources forestières et arborées. ‘’Nous devons garder quelque chose pour nos enfants car à Kalembouli, tout est parti’’, soupire Lougué.
Les populations vont également adopter des mesures pour protéger les ressources contre les feux de brousse, la divagation des animaux, la coupure abusive du bois et l’utilisation des foyers améliorés qui réduisent de 60 pour cent l’utilisation du bois de chauffe. ‘’Ces actions ont une portée immédiate, locale. Mais dans le cadre de ce projet, il faut contribuer à stimuler le dialogue entre acteurs politiques, de la recherche et la société civile pour que les politiques puissent prendre à leur compte les résultats des recherches en les faisant transparaître dans les lois et politiques de développement du pays’’, souhaite Mathurin Zida.
Pour la mise en œuvre des actions sur le terrain, le CIFOR va collaborer avec l’association Tiipaalga (nouvel arbre en langue nationale mooré) qui entreprend des actions de lutte contre la désertification dans plusieurs régions du Burkina.
Service communication du CIFOR
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