Le Comité permanent inter-Etats de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (CILSS), à travers le projet de capitalisation des actions d’amélioration durable de la Fertilité des sols pour l’aide à la décision au Burkina (FERSOL), a entrepris de capitaliser les expériences des organisations paysannes en matière de fertilisation des sols dans le pays. Il a bénéficié en 2011 pour cela, de l’appui financier de l’Union européenne. Dans cette dynamique, le CILLS encourage des techniques de récupération des terres totalement dégradées et dénudées. L’une de ces techniques est celle du tapis herbacé. En effet, à cause des sécheresses successives, de la coupe abusive du bois et de l’érosion par l’eau et par les vents, les terres se sont totalement dégradées. Selon les données du ministère en charge de l’environnement, la déforestation causait environ 105 000 ha de régression du couvert végétal par an et que le besoin de charbon a augmenté de 28,55% entre 2006 et 2010. A certains endroits, on constate l’apparition de terrains complètement nus. Ces terrains possèdent, au-dessus, une surface dure, imperméable à l’eau de pluie. Ils sont appelés des glacis ou «zipellés» en langue mooré. Ces terrains sont généralement laissés car rien ne peut y pousser. La technique du tapis herbacé permet, entre autres, une diminution de la force de l’écoulement de l’eau de pluie, donc une disparition progressive de l’érosion, une augmentation de l’infiltration des eaux de pluie dans le sol et une reconstitution du sol : la terre «morte» retrouve sa richesse. On peut alors y cultiver. Les herbes et les arbustes qui repoussent à l’issue du tapis herbacé peuvent servir de pâturage. Les terres nues ainsi récupérées augmentent les surfaces pour l’agriculture et l’élevage, ce qui diminue les conflits de terre. Cela favorise une augmentation des rendements : dans certains cas, les récoltes de céréales peuvent doubler. Mais ces techniques sont pénibles et nécessitent beaucoup de moyens humains, matériels et financiers. Pour récupérer les sols nus, c’est l’affaire de tout le village. Les villageois doivent s’organiser pour le faire : ramassage de cailloux, sous solage, entretien, etc. Il y a les moyens de transport (camion, charrettes, brouettes) et les moyens pour travailler la terre (tracteur, charrues bovines, pelles, pioches, marteaux, etc.). Concernant les moyens financiers, ils permettent de garder la motivation des travailleurs. Cette technique nécessite aussi des actions complémentaires pour entretenir : la rétention de l’eau, l’enrichissement du sol, etc. Pour cela, il faut apporter de la matière organique (fumier, compost, pailles, ou en laissant les tiges sur le sol après les récoltes, etc.). On peut aussi renforcer les diguettes en semant des herbes (Andropogon gayanus) ou en plantant des arbres le long des diguettes. Il est également possible de faire des cultures associées pour mieux protéger le sol.
De façon pratique, la technique du tapis herbacé consiste à casser la croute de terre à la surface et à procéder à la végétalisation du sol avec des herbes locales. Mais tout commence par l’aménagement du terrain nu avec des sites antiérosifs. La technique comprend à la fois les opérations suivantes : le choix des sols nus à récupérer (les sols sablo-argileux de préférence), la confection de cordons pierreux sur le sol à récupérer, le sous-solage, le semis de graines d’herbes locales dans les raies de sous-solage, la plantation d’arbres qui enrichissent le sol notamment les acacias, la protection du sol récupéré et l’exploitation du sol récupéré. Vivement que cette pratique soit encouragée, soutenue et vulgarisée pour la récupération de nos sols, partant pour plus de rentabilité des productions agricoles au Burkina Faso.
Kowoma Marc DOH
dohmarc26@yahoo.fr
Source : CILSS