La Guinée fait toujours parler d’elle. En mal, bien entendu. La crise s’intensifie. Les violences se multiplient. Les morts s’amplifient. Le pays du héros anticolonialiste, Samory Touré, est à nouveau au bord du gouffre. Les politiciens guinéens, souffreteux d’une pyromanie irréductible, plongent progressivement ce pays dans des eaux glauques de la barbarie humaine. Pour preuve, on en est à la dizaine de morts dont la plupart par balles, depuis le déclenchement des violences. Pauvre de Guinée ! On aura tout essayé pour raisonner sa classe politique. Mais en vain ! Cette classe politique est plutôt préoccupée par la stratégie du diviser pour mieux régner. Elle aura réussi sa mission lugubre avec ce que l’on observe à Conakry depuis un certain temps. Visiblement, le récent appel au dialogue, lancé par le Pr Alpha Condé, s’est révélé comme une mayonnaise insipide et inopérante. Que faire alors pour ramener la paix dans ce pays où le dialogue a complètement foutu le camp, cédant la place à l’arrogance, la méfiance, la défiance et l’intolérance ? Au fait, le drame de la Guinée est aussi l’absence d’une personnalité physique ou morale en mesure d’asseoir les protagonistes autour d’une même table. Les incessants appels à la retenue, lancés par la société civile, ont sonné comme des coups de cloche dans le Sinaï. Il est de notoriété que quand un pays manque d’arbitre à l’interne, le risque d’enlisement des crises devient grand. Or, c’est bien le cas de la Guinée d’hier et d’aujourd’hui. Dès lors, le président Condé doit taire son ego pour admettre l’idée d’une médiation internationale. C’est, semble-t-il, l’alternative qui se présente à ce pays où la fracture politique entre l’opposition et le pouvoir reste abyssale.
C’est déconcertant de constater que les institutions panafricaines comme la CEDEAO et l’UA s’érigent en contemplatrices passives d’une Guinée qui brûle. A temps inopportun, et comme à leurs habitudes, ces institutions s’érigeront encore en de très mauvais sapeurs-pompiers sinistrés qui rêveront de suspendre le temps. Alors, pour éviter de retomber dans les erreurs du passé, il faut que la sous-région et l’Afrique se mobilisent dès maintenant. Car plus le temps passe, plus la déliquescence du climat socio-politique s’accélère.