Il y a parfois des sujets qui sont de nature très complexes et les évoquer requiert beaucoup de prudence car, toute mauvaise compréhension peut être source de conflits interminables.
Sont de ceux-là tout ce qui à trait à la langue, aux religions et de manière général, à l’homme dans ses choix culturels et philosophiques. Cependant, on peut être à l’aise pour traiter de ces mêmes sujets quand il s’agit de mettre en lumière les comportements positifs en rapport avec ces sujets délicats.
En fin 2012, sous l’impulsion du gouvernement, le Burkina Faso a organisé un Forum national sur la laïcité dans le pays. A l’époque, peut être pour une faiblesse de communication, certains Burkinabè s’étaient posés des questions sur la pertinence d’une telle initiative dans un pays non affecté par des conflits inter-religions.
Avec le recul, force est de reconnaître l’opportunité de la rencontre mais aussi du service qu’il a rendu à la nation. En effet, au cours de ce forum, auquel ont pris part des sommités religieuses, les participants se sont parlés et ont tous, sans exception, insisté sur la nécessité de promouvoir les comportements respectueux qu’ils doivent avoir les uns envers les autres en vue de préserver la précieuse paix sociale que connaît le pays.
Les propos tenus par ces personnes responsables et très respectées dans leurs milieux respectifs ont permis un tant soit peu de couper court, ou à tout le moins de calmer l’agitation de quelques extrémistes.
Le mauvais exemple de certains pays voisins étant la référence de ces fanatiques. Or, quelles que soient la force et les convictions religieuses d’une personne, celles-ci ne lui serviront à rien si cette personne ne peut pas les mettre en pratique pour cause de troubles.
Que peut effectivement faire un fidèle musulman si à cause d’un désordre quelconque, il ne peut pas se déplacer à la mosquée pour ses cinq prières quotidiennes ? Que peut faire un adepte du christianisme si la quiétude sociale ne lui permet pas de rejoindre son lieu de culte pour adorer et chanter son Dieu ?
Que peut faire cette personne attachée aux croyances ancestrales si les bruits de botte l’empêchent de faire ses sacrifices rituels ? Alors on comprend tous que le climat le plus utile à la pratique religieuse est d’abord la paix sociale. Les Burkinabè devraient à cet effet être reconnaissants à leurs leaders religieux, toutes tendances confondues qui n’ont de cesse de faire des prières pour la paix dans ce pays.
Les croyants dans leur écrasante majorité sont inscrits dans le même registre de la tolérance qu’ils développent les uns envers les autres. Ils ont vu juste car, les défis sont nombreux et ce n’est que dans l’unité et l’entente que le pays pourra les relever avec succès. Qu’on ne se fasse point d’illusion, la maladie, la famine, l’insécurité ne connaissent pas nos divergences religieuses.
Si ces maux doivent s’attaquer à notre pays, ils le feront sans distinction de religion. Il faut donc absolument mettre nos forces en commun pour les vaincre.
Pour l’instant, les Burkinabè se montrent tolérants dans leur grande majorité. Reste à maintenir le cap pour ne pas se laisser déborder par l’infime minorité, qui, il faut se l’avouer donne dans le fanatisme. Et elle fait trop de bruit pour le nombre qu’elle représente.
Elle est peut être déjà dans une guerre de communication qui ne doit nullement déstabiliser tous ceux qui attachés, et ils sont nombreux, à la coexistence pacifique des religions au Burkina. On peut cependant demander à l’Etat de savoir anticiper pour tuer dans l’œuf toutes les velléités extrémistes de quelque nature que ce soit.