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Création d’un sénat au Burkina : Une étape importante du « voyage démocratique »
Publié le mardi 5 mars 2013   |  L’Hebdomadaire


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Le groupe parlementaire du parti majoritaire tient ces 1er et 2 mars ses premières journées parlementaires de l’année sous le thème  : « Les enjeux du bicaméralisme dans le renforcement de la démocratie au Burkina Faso ».

Un thème qui renvoie particulièrement à la création imminente du sénat mais plus généralement au processus de réformes politiques et institutionnelles au Burkina. Un processus qui s’inscrit dans la logique de toute démocratie vivante. Comment  ?

« La démocratie est un voyage » Le ministre d’Etat, Bognessan Arsène YE a eu cette formule lapidaire mais dense pour justifier le processus de réformes politiques et institutionnelles que son département a la charge de conduire.

La métaphore employée ici par le ministre traduit bien la réalité d’un processus continu de réformes des institutions dans une république qui se veut en phase avec les aspirations de la majorité des citoyens. C’est un impératif de gouvernance. Tout Etat qui se veut efficient dans l’accomplissement de ses missions régaliennes ne peut se complaire dans un immobilisme institutionnel.

Cela est d’autant plus vrai pour les jeunes démocraties comme celle du Burkina mais aussi pour les démocraties les plus avancées. De fait, malgré leurs institutions multiséculaires, ces dernières ne peuvent se passer de réformes pour le besoin de renforcement de la pertinence de leur système socio- politique.

Par exemple, la constitution actuelle des Etats-Unis est loin d’être la même que celle de 1781, la première, adoptée quatre ans après la proclamation de leur indépendance.

Réécrite entre 1787 et 1789, elle a été amendée 27 fois suivant les besoins d’amélioration du fonctionnement des institutions. Idem pour la France qui en est à sa cinquième République depuis 1792 et dont les dernières réformes institutionnelles datent de 2008.

Et il n’y a pas de doute , tôt ou tard, d’autres réformes surviendront avec le temps dans ces deux pays comme dans d’autres démocraties avancées. Le Burkina depuis son indépendance en 1960, bon an mal an, a montré son attachement à construire un Etat moderne fondé sur une constitution républicaine.

Malgré les vicissitudes de l’histoire qui ont conduit le pays dans les arcanes pas toujours glorieuses de sept régimes d’exception, les aspirations des Burkinabè à vivre dans un pays démocratique sont restées vivaces.

La naissance de la IVe République avec l’adoption de la constitution du 02 juin 1991 s’inscrit dans cette quête renouvelée des Burkinabè pour la démocratie. Mais ce retour à un régime constitutionnel démocratique n’a pas résolu tous les problèmes de gouvernance de l’Etat.

En effet, malgré une vie constitutionnelle ininterrompue ces 22 dernières années, le pays n’en a pas pour le moins vécu de multiples crises et tensions politiques qui ont interpellé les acteurs politiques notamment les plus hautes autorités de l’Etat sur les voies et moyens de préserver la paix, la cohésion sociale et la stabilité politique.

Conscient de cette donne et instruit par l’environnement mondial et régional, le président du Faso dans son discours à la nation à l’occasion de la célébration du 49e anniversaire de l’indépendance, le 11 décembre 2009 avait, déclaré que « la construction de la démocratie et de l’Etat de droit est une œuvre de longue haleine…

J’invite l’ensemble des citoyens à approfondir les réflexions sur les réformes politiques indispensables à l’enracinement, dans notre société, des valeurs de démocratie et de citoyenneté responsable ».

Des paroles aux actes, le Conseil consultatif sur les réformes politiques (CCRP) sera créé en mai 2011. Ses assises nationales tenues en juin/juillet 2011 vont déblayer le terrain pour des réformes consensuelles visant à l’élargissement du dialogue démocratique, au rééquilibrage des pouvoirs entre l’exécutif, le législatif et le judiciaire, à l’amélioration de la gouvernance électorale, au renforcement de la gouvernance globale et des politiques sectorielles.

Ce large éventail de propositions de réformes issu des assises du CCRP est la preuve que la démocratie burkinabè avait besoin d’un second souffle pour continuer de se bonifier. La création d’un sénat participera assurément à cette bonification.

En effet, sa composition qui devrait faire une bonne place aux représentants des collectivités territoriales, aux autorités coutumières et religieuses, au patronat, aux travailleurs de la diaspora, renforcera la démocratie participative et apportera une représentation socioprofessionnelle au sein du parlement.

Son rôle législatif va consister, entre autres, à une relecture des lois sans les œillères partisanes et la passion politicienne des députés. Vu sous ces angles de sa composition et de son rôle législatif, le sénat est loin d’être une véranda dorée pour retraités VIP.

Il sera une chambre importante du parlement avec un «  rôle de régulateur » et assurera «  une meilleure représentativité de toutes les sensibilités sociales et communautaires » selon les conclusions des Assises nationales du CCRP. L’importance de ce rôle futur a justifié que la création du sénat ait été retenue parmi les propositions consensuelles des délégués aux Assises nationales du CCRP.

Vivement que cette deuxième chambre du parlement voit le jour. C’est une autre étape importante du « voyage démocratique » qui attend d’être franchie.

L’hebdo du Burkina

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