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Fespaco Bobo : Du cinéma dans une ville sans salle
Publié le mardi 5 mars 2013   |  L'express du faso


Ouagadougou
© aOuaga.com par A.O
Ouagadougou : la capitale burkinabè aux couleurs du Fespaco à quelques heures de l’ouverture de ce rendez-vous
Samedi 23 février 2013


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Dans quelques heures seulement, la ville de Guimbi Ouattara aura son « Festival panafricain du cinéma de Ouagadougou » (Fespaco). Comme le jour et la nuit, Bobo-Dioulasso ne connaîtra certainement pas l’effervescence qu’a eue Ouagadougou lors du rendez-vous du cinéma. Elle se contentera simplement de faire découvrir, du 7 au 10 mars 2012, une projection d’une vingtaine de films des palmarès de la 23é édition du Fespaco. Et dans quelles salles ?

« Dans les années 1974 et 1980, si tu venais à Bobo-Dioulasso sans faire un tour au ciné Guimbi ou encore au ciné Houet, c’est comme si tu n’y étais pas venu. C’était un centre d’attraction et les gens s’y plaisaient énormément. Malheureusement, aucune de ces salles de ciné ne marche de nos jours. A peine sont-elles encore reconnaissables. Et je trouve cela très triste », a laissé entendre Bamory Ouattara, ex-gérant de kiosque devant le Ciné Guimbi Ouattara. Soupirant un instant, Bamory se souvient de cette belle époque à laquelle le cinéma était l’un des plus beaux moments que l’on pouvait passer en compagnie de l’être aimé(e) ou avec des amis. C’est malheureusement tout le contraire qu’il constate depuis la fermeture progressive des salles de cinéma. En effet, Bobo-Dioulasso comptait trois grandes salles de cinéma, en l’occurrence les Cinés Houet, Guimbi et Sanyon. Si la dernière citée fonctionne « bon an mal an », puisqu’elle est aujourd’hui la propriété de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), les deux autres ne sont plus opérationnelles.

A notre passage ce lundi 4 mars, aux environs de 10 heures, une seule affiche du Fespaco était collée à la porte du Ciné Sanyon. Assis dans leur charrette, des « dockers » attendent patiemment des clients potentiels. A l’intérieur, des commerçants ont garé leur véhicule. Le gardien des lieux lui-même ne semble pas véritablement sûr de la tenue de l’évènement. « On dit effectivement qu’il y aura un Fespaco Bobo. Mais je ne sais pas si c’est le 7 ou le 9 mars », dit-il, l’air évasif. De ce qu’il sait, la salle appartient à la CNSS et toutes sortes d’activités, notamment des conférences, des réunions et des soirées festives, y sont organisées. En clair, la salle du Ciné Sanyon n’est pas destinée exclusivement à des projections de films. A quelques mètres de la mairie centrale, une ancienne salle de cinéma a été métamorphosée en un grand magasin. Il s’agit du Ciné Houet. Les écrans géants, les bancs et autres accessoires ont cédé la place à la fabrication de métaux… De petits magasins construits à la devanture, sont loués pour des ventes d’articles de femmes, ou encore de tickets de PMU’B... Quant au Ciné Guimbi, sa salle est toujours visible à Kôkô. Mais Bamory Ouattara nous informe qu’elle a définitivement cessé de fonctionner en 2001.

Depuis plus rien ! Le lieu des rêves des jeunes des années 70 et 80 s’est mû en un tas d’immondices, où seuls les margouillats et autres batraciens se donnent rendez-vous. Triste ! Un si bel édifice ne méritait pas, selon Bamory, un tel délaissement. A qui à la faute ?

Question cornélienne. Aux dernières nouvelles, poursuit-il, c’est un Maghrébin qui a acheté la salle. Il souhaitait en faire un grand magasin d’alimentation. Bamory pense, comme beaucoup d’autres, que l’avènement des cassettes CD, d’Internet, des chaînes satellitaires et des vidéos clubs sont à l’origine de la léthargie des projections cinématographiques. « Pourquoi chercher loin ce qu’on a près de soi ? », se demande M. Ouattara. Qu’à cela ne tienne ! Bobo-Dioulasso aura son Fespaco et les films seront projetés dans les salles du Ciné Sanyon et de l’Institut français. Malheureusement, aucun tapage médiatique n’est encore organisé sur le festival du cinéma à Bobo. Ce n’est que par le « bouche-à-oreille » que les Bobolais et les Bobolaises s’informent. Reste à espérer que le pari, deuxième du genre, sera une réussite.

Bassératou KINDO

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