L’Union pour le progrès et le changement (UPC) a tenu ses premières journées parlementaires, les 1er et 2 mars 2013 à Léo, chef-lieu de la province de la Sissili. Les échanges ont porté sur le thème : « Destruction de la forêt et agrobusiness accentuant la précarité des exploitations agricoles familiales ».
Les premières assises parlementaires de l’histoire de l’Union pour le progrès et le changement (UPC), ont principalement, débattu de la protection de l’environnement. Les élus du groupe ont pris la mesure de la gravité du phénomène de la déforestation au Burkina, notamment dans les provinces voisines du Ziro et de la Sissili (région du Centre-Ouest). Le choix de ces deux provinces, a indiqué la représentante du président du groupe parlementaire UPC, Rose Marie Compaoré/Konditamdé, n’est pas fortuit. « Disposant encore de poches de savane arborée, elles sont l’objet de surexploitation du bois pour les besoins des ménages des villes et d’exploitations agricoles », a-t-elle affirmé. Ce qui entraine, à son avis, « la détérioration des composantes de la biodiversité ». Au cours de ces journées parlementaires, les députés de l’UPC ont alterné trois communications suivies de débats et de visites de terrain. Avec à leurs côtés, le président du parti, Zéphirin Diabré, ils ont eu droit, « en entrée », à un exposé portant sur l’« aménagement participatif des forêts naturelles dans la région du Centre-Ouest ». Cette communication a été livrée par le Directeur régional (DR) de l’environnement et du développement durable du Centre-Ouest, Sibiri Kaboré, qui a développé les causes du déboisement et les moyens pour protéger Dame nature. A l’entendre, l’exploitation du bois de chauffe, principale source d’énergie au Burkina (84% de part de besoins), occasionne la déforestation. Il a ajouté que d’autres facteurs, tels que les feux de brousse, causent également la perte de superficies de forêts.
Sur ce, M. Kaboré a avancé que les forêts de la Sissili connaissent plus d’agressions philanthropiques, que ceux du Ziro. D’un potentiel forestier de 55 154 hectares en 1999, a-t-il fait savoir, la Sissili s’est retrouvée avec une superficie de forêts de 35 718 hectares en 2011. « Si la tendance continue ainsi, il n’y aura plus de forêt dans 30 ans », a-t-il prévenu.
Débats nourris sur l’agrobusiness
En guise de solution, le DR de l’environnement a indiqué que le reboisement a été entrepris par l’homme, mais là encore, les plantations ne compensent pas les pertes. En 2010, a déclaré Sibiri Kaboré, le taux de survie des plants était de 55, 30%. Et ce résultat peu louable, a-t-il dit, pourrait s’expliquer par la mauvaise qualité des plants, le non respect des techniques de plantation et la divagation des animaux. Le communicateur a relevé que les pouvoirs publics ont trouvé une vraie alternative : la gestion durable des ressources naturelles. Cette approche participative permet aux populations de tirer économiquement, profit de la forêt, tout en assurant la durabilité des ressources naturelles, à travers une politique d’aménagement. Mal maitrisé, a-t-il cependant noté, ce système peut susciter la forte pression agricole sur les unités d’aménagement, et favoriser la déforestation. Du reste, les participants ont pu constater de visu, des cas de déboisement dans la forêt classée de Dianzoe, dans la commune de Sapouy et sur l’axe Sapouy-Léo. De l’agrobusiness, il en a été question au cours du deuxième exposé, conduit par le conseiller agricole de la commune de Biéha (Sissili), Issouf Nacro. L’agrobusiness, cette exploitation moderne de grandes superficies agricoles à des fins commerciales, a fortement retenu l’attention des participants. Les provinces de la Sissili et du Ziro, ont-ils déclaré, comptent respectivement plus de 800 et 50 agrobusinessmen, qui exploitent des superficies comprises entre 10 et 50 hectares. Et à la lumière des débats, ils ont déploré l’« accaparement » des terres par les agrobusinessmen. Ce qui a fait dire à certains qu’il faut « plafonner » les superficies exploitables par ces entrepreneurs agricoles. Pour sa part, le DR de l’environnement et du développement durable du Centre-Ouest, a décrié les « insuffisances » constatées en matière de respect des mesures contenues dans le plan de gestion environnementale et sociale, opposable aux agrobusinessmen. Ce qui peut être source de déforestation. Axé sur la question du biogaz, le troisième exposé a été assuré par le coordonnateur du Programme national de biodigesteurs du Burkina Faso (PNB-BF), Xavier Bambara. Il a éclairé la lanterne des députés sur cette énergie renouvelable, résultant d’un mélange équitable de déjections animales et d’eau. Véritable alternative à l’usage du bois de chauffe, a affirmé le spécialiste, le biogaz peut servir à la cuisine et à l’éclairage d’une cour. Les participants ont pu apprécier les avantages de ce gaz combustible, dans un ménage de Léo. Au terme des journées, les députés de l’UPC ont formulé deux recommandations : l’une porte sur la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire sur l’état des lieux de la pratique de l’agrobusiness et l’autre sur la protection de l’environnement.