Synonymes de voyage, de repos absolu, d’évasion, de conquête ou de découverte, les vacances sont un moment où chacun occupe son temps en fonction de ses envies, voire de ses convictions. Pour beaucoup, c’est un moment de relâchement total pendant lequel on se permet de faire ce qu’on ne fait pas ou ne peut faire en temps normal. Et c’est de là que peuvent venir les dangers. « L’homme de l’avenir vaudra ce que vaudront ses loisirs », soutient Jean Guéhéno. Cela interpelle surtout les parents à ouvrir l’œil et le bon sur ce à quoi occuper leurs progénitures pendant les vacances. Loin d’être une période d’abandon des enfants, c’est plutôt pendant les vacances que doit s’exercer au mieux le contrôle parental. Car, lorsque les enfants sont livrés à eux-mêmes, sans qu’un adulte ne daigne voir ce qu’ils font, la suite est parfois douloureuse, désastreuse. En effet, la cigarette, la drogue, la délinquance, l’alcool, etc., ne sont jamais loin. Une fouille de bagages d’enfants âgés de 12 à 15 ans dans un camp de retraite spirituelle quelque part dans notre pays a donné des résultats surprenants et même ahurissants : des cigarettes et de la drogue ont été trouvées. A cet âge là ! Il y a donc motifs suffisants d’inquiétude. Aussi, la grande majorité des délinquants ou présumés tels que les forces de sécurité présentent à la presse ces temps-ci est constituée d’enfants et d’adolescents. Pour nombre de parents, les vacances sont synonymes de liberté totale. Le parent ferme ainsi les yeux, ne se préoccupe pas de savoir ce que l’enfant fait, qui il fréquente, quelles sont ses occupations, à quelle heure il quitte le domicile, à quelle heure il rentre à la maison, où et qu’est-ce qu’il mange… Ce qui semble être le souci de certains parents en cette période de vacances scolaires, c’est la recherche de moyens pour payer les frais de scolarité, les fournitures, les tenues scolaires et la motocyclette pour la rentrée. Oubliant ainsi qu’un enfant dont on se soucie peu ou pas du tout pendant les vacances peut ne plus jamais retourner en classe. Si ses loisirs ne sont pas canalisés et si ses fréquentations et occupations ne sont pas saines, la perte de l’enfant ou de l’adolescent peut venir de là. Combien sont-ils les parents qui, croyant que leur enfant est au lit, ont eu la désagréable surprise de le retrouver à l’hôpital, au commissariat de police ou à un poste de gendarmerie et pire à la morgue ? Sous l’effet de l’alcool ou des stupéfiants, les ados se prennent pour les rois du monde et s’adonnent à toutes sortes de comportements peu catholiques. En cette période de vacances, des enfants rentreront dans des groupes dont ils n’en ressortiront plus jamais. Depuis la fermeture des écoles, lycées et universités pour faits de vacances, on constate que les enfants sont plus dans les rues, les maquis et autres que dans les entreprises. Certains ne savent même plus où se trouvent leurs cahiers. D’autres ont carrément vendu leurs livres pour boire, fumer ou faire des paris dangereux... et ce n’est pas de la fiction ! Autant de faits qui font peur et qui ne présagent pas de lendemains meilleurs. La démission des parents causent la perte des enfants. Vacances ne doivent pas rimer forcément avec bamboula, découche, etc. Ce sont d’autres moments d’apprentissage. « Délibérer est le fait de plusieurs, agir est le fait d’un seul », souligne l’homme d’Etat français Charles de Gaulle. Il appartient donc à chaque parent de disposer pour un avenir radieux de son enfant. L’Etat, la société a certes, sa partition à jouer, mais l’acte fondamental pour préserver les enfants des mauvaises habitudes est du fait des parents. « Aides-toi et le ciel t’aidera » enseignent les Saintes Ecritures. Loin d’être la période des excès, les vacances peuvent être synonymes d’occupations saines et constructives.
Les vacances peuvent être mises à profit pour se reposer, faire une sorte d’introspection, faire son bilan et prendre des engagements pour le futur. On peut également se rendre utile pendant les vacances en s’engageant dans des activités de reboisement ou à des travaux champêtres, travailler à se mettre à niveau dans les matières ou disciplines qu’on maîtrise peu ou pas du tout, voyager seul ou en groupe pour découvrir. Opter pour le reboisement, c’est œuvrer pour l’avenir, c’est faire œuvre utile en ces temps de changement climatique. C’est l’occasion aussi pour l’enfant d’apprendre à protéger la nature et à prendre conscience des bouleversements du monde. Pour un pays comme le Burkina, c’est l’occasion pour l’enfant de mettre en pratique ce qu’on lui dit à l’école, « plantons des arbres pour protéger la nature ». La mise à niveau c’est se préparer pour réussir mieux les années à venir. C’est prendre conscience de ses limites et travailler à les repousser. Voyager c’est apprendre, se découvrir, découvrir son pays, découvrir d’autres paysages, connaître d’autres personnes, découvrir d’autres us et coutumes ; d’autres pratiques culturelles et cultuelles, découvrir le monde, c’est aller à l’école de la vie tout court. Selon Confucius, « le plus grand voyageur est celui qui a su faire au moins une fois le tour de lui-même ». Beaucoup d’activités formatrices et même génératrices de revenus peuvent être menées en cette période morte.
Mon oncle me contait qu’à leur temps, pendant les vacances, les universitaires rentraient en province où ils regroupaient leurs petits frères des lycées et collègues afin de les encadrer dans les différentes matières. Chaque élève suivait les cours dans les matières où il se sentait faible. Cours, tournois de football, de volley-ball, de hand-ball, théâtres, chants et « bals poussière » constituaient le programme des vacances. Mon oncle déplore le fait que les jeunes étudiants et lycéens ne veuillent plus occuper leurs vacances en accompagnant leurs cadets en les aidant à avancer à l’école. « Pourtant, ce sont les meilleures occasions de brassage, les moments où vous vous faites les meilleurs amis et où vous vous sentez utiles à votre communauté », me dit-il. Aujourd’hui à l’université, chaque région, chaque province dispose d’une association d’étudiants ressortissants de… mais peu, songent à occuper utilement leurs vacances en allant encadrer leurs petits frères de leurs provinces ou régions d’origine comme jadis mon oncle et ses promotionnaires le faisaient à cœur joie et sans calcul aucun.
Qu’on soit parents pauvres ou riches, l’enfant peut toujours avoir des vacances riches pourvu qu’on s’y prépare. Il n’est forcément pas besoin d’envoyer ces mômes à Houston, Paris, Accra, Abidjan sans aucun contrôle parce que simplement on est plein aux as. Il faut songer à ce que ces voyages lui servent dans sa construction et dans la construction de l’humain. Car le souhait est que les vacances scolaires ne riment point avec vacances de l’autorité parentale. Bien au contraire ! En ces périodes de vacances, l’association des hôteliers de notre pays a décidé de baisser les tarifs pour faciliter le tourisme intérieur. Cet effort est à saluer et les Burkinabè d’en haut devraient permettre à leurs mômes d’aller à la découverte de leur pays, des cultures des autres peuples du Burkina Faso autre que la leur. Ces vacances devraient être l’occasion pour certaines institutions publiques et privées, certaines administrations et industries d’ouvrir leurs portes pour permettre aux jeunes vacanciers de découvrir. Même en plein Ouaga, les enfants peuvent découvrir des choses formidables. Les organisateurs de colonies de vacances peuvent par exemple organiser des visites avec les tout-petits pour découvrir l’empire Mossi en allant à la découverte de la cour du Mogho Naaba. Les enfants peuvent aller découvrir la télévision et se faire expliquer comment on prépare et présente un journal-télé. Ils peuvent venir à Sidwaya pour découvrir comment on fabrique un journal, aller savoir comment le Centre national des semences forestières produit les plants qui servent aux reboisements ou aller découvrir le bureau d’un ministre. Faire visiter l’Assemblée nationale ou la Présidence du Faso, amener les enfants le week-end voir un match de football pour qu’ils vivent l’ambiance au stade sont autant d’activités qui peuvent être menées aussi bien pour les enfants des « grands » ou ceux des « petits » de notre Faso. Les stages en entreprise sont une autre façon de meubler positivement ses vacances car, en fin de compte, quand les enfants se retrouvent à la rentrée, la prise de contact avec les enseignants se résume souvent en ces termes : « Vous avez passé de belles vacances, racontez »