Problème d'organisation ou mauvaise foi ? On ne saurait le dire. Ce qui est sûr, des malades ont attendu indéfiniment un infirmier pour s'occuper d'eux dans la nuit du jeudi 13 au vendredi 14 septembre au CSPS de Namsiguia. Conséquence : une enfant, du nom de Nana Kalizèta, est décédée et certains patients se sont rendus à une vingtaine de kilomètres de là pour leur prise en charge.
Triste situation que celle que les malades et leurs accompagnateurs ont vécue dans la nuit du jeudi 13 au vendredi 14 septembre 2012 au Centre de santé et de promotion sociale (CSPS) de Namsiguia dans la commune de Bourzanga, province du Bam : en effet, il n'y avait point d'agents de santé pour s'occuper d'eux malgré l'urgence de bien de cas. Le major du service, Diessongo Abdoulaye, en mission à Kongoussi, il n'y avait que son adjoint, Souleymane Sanfo, pour assurer le service. Malheureusement, ce dernier s'est focalisé sur le programme de la garde pour ne pas porter assistance aux patients parce que, dit-il, ce n'était pas son tour.
Conséquence : un enfant d'environ 1 an, du nom de Nana Kalizèta, a rendu l'âme, ce qui a suscité la colère de la population, qui a demandé son départ. Ce qui fut fait avec la réaction prompte des autorités sanitaires, qui l'ont mis à l'abri à Kongoussi.
Le président du comité villageois de développement (CVD), Issa Sawadogo, nous explique l'incident : "J'ai été joint au téléphone par des accompagnateurs des malades, qui me confiaient leur désarroi face à l'absence d'agent de santé pour assurer la garde. Je me suis rendu immédiatement sur les lieux avec des responsables du COGES pour constater les faits. Parmi les malades, il y avait un enfant particulièrement mal en point, son sang remontait l'intranule de sa perfusion. Nous sommes allés frapper à la porte de M. Sanfo, qui nous a dit qu'il n'était pas de garde et qu'il ne viendrait pas. Nous avons tenté de lui faire comprendre qu'en tant que seul agent présent, il devait venir s'occuper des cas les plus urgents et repartir se reposer mais il n'a pas voulu entendre raison. C'est dans ces circonstances que l'enfant en question a rendu l'âme ; certains ont alors décidé d'aller au CSPS de Gargaboulé, situé à une vingtaine de kilomètres. Il y avait une femme qui avait fait une fausse couche et attendait une prise en charge rapide ; c'est à Gargaboulé qu'elle a été soignée. Elle y a recouvré la santé. Face à cette situation, nous avons demandé le départ de cet infirmier, puisqu'il refuse de faire son travail et manque de compassion".
Le vice-président du COGES, Boukaré Konfé, dit avoir été parmi ceux qui sont allés solliciter les services de l'infirmier Souleymane Sanfo, et il a confirmé les propos du président du CVD. Joint au téléphone, la personne incriminée dit n'avoir pas été informée de l'absence de son supérieur, qui devait assurer la garde.
Selon ses propos, il a même fait preuve de bonne volonté par la suite, puisqu'il est allé faire accoucher une femme vers 2 heures du matin et est resté à la maternité jusqu'à 3 heures. Pour l'infirmier chef de poste du CSPS, Abdoulaye Diessongo, son service compte 4 agents dont une est en congé, et un autre, qui s'était absenté pour des raisons de santé, s'apprêtait à rentrer le jeudi mais a eu un problème de véhicule dû à l'état de la route.
"La veille de mon départ pour Kongoussi (NDLR : mercredi), nous avons échangé sur ma mission ; c'était une formation de deux jours à l'hygiène et à l'assainissement du Projet OXFAM. Le jeudi avant de partir, je lui ai remis la flotte du service. Il ne peut donc pas dire qu'il ne sait pas pourquoi je me suis absenté", nous a-t-il confié pour montrer que son sulbaterne était au fait de ses nouvelles responsabilités momentanées.
Et que dire du programme de la garde ? "Je suis effectivement de garde ce jour, mais étant en mission, c'est lui qui devait assurer cette permanence comme du reste je le fais à chaque fois que celui qui est au programme est absent. En tant que mon adjoint, je lui ai confié le programme de la garde, et il sait mieux que quiconque comment ça fonctionne ; il en est ainsi dans toutes les formations sanitaires". L'agent Sanfo aurait-il donc fui ses responsabilités ? Et à charge contre lui, ce dernier témoignage de son supérieur hiérarchique : "Quand j'en ai été saisi par les responsables CVD, je l'ai appelé au cours de la nuit pour comprendre, mais il n'a pas daigné décrocher le téléphone ; c'est ainsi que j'ai quitté l'atelier pour rejoindre le poste. Quand il y a un problème, chacun doit assumer ses responsabilités et éviter les faux-fuyants. S'il m'avait courageusement dit qu'il n'assurerait pas la garde, je serais resté. La population me connaît pour ça". Les autorités communales sont allées présenter leurs condoléances à la famille éplorée et se sont félicitées du sang-froid de la population. Informé, le médecin-chef du district sanitaire de Kongoussi a aussi effectué le déplacement à Namsiguia.
Vivement que des mesures soient prises pour éviter à l’avenir de telles situations dramatiques.