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Le Pays N° 5197 du 17/9/2012

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Mesures de LAT contre la corruption
Publié le lundi 17 septembre 2012   |  Le Pays




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Le Premier ministre burkinabè, Luc Adolphe Tiao (LAT), a annoncé un train de mesures qui visent à faciliter la mise en œuvre des recommandations du rapport de l’Autorité supérieure de contrôle de l’Etat (ASCE). Ces décisions qui peuvent être a priori considérées comme faisant partie de l’antienne gouvernementale en ce qui concerne les grandes annonces sans effets conséquents, méritent tout de même d’être saluées pour plusieurs raisons. Elles diffèrent d’abord des précédentes déclarations de LAT et de ses prédécesseurs par leur précision et par la circonscription de leur délai d’exécution dans le temps. Le PM a, en effet, instruit l’ASCE de lui fournir, dans un délai de dix jours, la liste des personnes identifiées dans tous ses rapports comme responsables de fautes lourdes de gestion ou de détournement de deniers publics. Le chef du gouvernement burkinabè a également promis que cette liste serait transmise immédiatement aux ministères et présidents d’institutions concernées pour que des rapports soient transmis dans un délai de quinze jours au Conseil des ministres. Ces morceaux choisis parmi les huit mesures annoncées par le Premier ministre et qui s’inscrivent dans la dynamique de la bonne gouvernance à travers la lutte anti-corruption, traduisent déjà une volonté manifeste d’innover dans ce combat permanent contre les mauvaises pratiques de gestion. La cerise sur le gâteau est, sans conteste, la promesse de relever de leurs fonctions toutes les personnes mises en cause. Tout en adoptant l’attitude pragmatique de Saint Thomas, l’on peut déjà saluer l’annonce d’une batterie d’instructions courageuses et susceptibles d’assainir la gestion des affaires publiques si elles se traduisent en actes concrets. De par le passé des engagements ont été pris, qui sont restés lettre morte. Conséquence, de nombreuses et importantes recommandations des précédents rapports de l’ASCE sont restées sans suite. Tant que l’on ne verra donc pas ne serait-ce qu’un début de concrétisation de toutes ces expressions de bonne intention, il est hasardeux de continuer à se bercer d’illusions. La prudence doit être de mise d’autant plus que certaines données n’incitent vraiment pas au grand rêve. En accordant encore d’autres délais à l’ASCE pour fournir la liste des présumés responsables indélicats, et aux structures étatiques n’ayant pas encore donné suite aux recommandations du rapport de 2011 pour qu’ils s’exécutent, le PM semble vouloir prendre tout son temps. A-t-on réellement encore besoin de perdre du temps à constituer une liste censée être disponible depuis belle lurette ? Si les noms ne sont pas encore connus, sur quoi LAT s’est-il basé donc pour prendre les mesures qu’il vient de rendre publiques ? Quant aux ministères et institutions qui refusent de collaborer avec l’autorité de contrôle, méritent-ils encore un délai supplémentaire ? Il est plus que temps de se passer de toutes ces tergiversations protocolaires pour se rendre à l’évidence de la mauvaise volonté de ces derniers et de prendre à leur encontre les sanctions qui s’imposent. La récréation a tellement duré que le principal n’est plus seulement de sonner sa fin, mais aussi et surtout d’aller vite à l’essentiel. Le temps mis par le PM entre la publication du rapport et sa réaction ainsi que celui qu’il compte accorder aux canards boiteux pour qu’ils suivent le pas, traduit peut-être un souci de prendre le temps de bien faire les choses. Ce qui n’est pas mauvais en soi dans la mesure où la question est très sensible et les soupçons qui pèsent sur les mis en cause assez lourds. Il n’en demeure pas moins que plus l’os dure dans la main de son maître, plus le chien meurt d’impatience au point de sombrer dans le désespoir. Les citoyens burkinabè n’en peuvent plus de souffrir que, malgré l’extrême indigence dans laquelle croupissent nombre d’entre eux, les détournements et autres mauvaises gestions de leurs contributions restent toujours impunis. Ils ont bien peur que, comme ses devanciers, l’actuel chef du gouvernement n’ait pas les moyens de sa politique. Ce dernier aura beau afficher de bonnes intentions, les populations ont beau vouloir le prendre au mot, si le pouvoir en place qui l’a placé à la tête de l’exécutif ne lui laisse pas les mains libres, vaines seront ses promesses. Le régime peut, en effet, permettre, voire inciter en cette période de précampagne électorale, des déclarations de ce genre juste pour donner l’impression d’être ferme, soucieux du bien-être de tous, dans un esprit de justice et d’équité, dans le seul but d’avoir la confiance de l’électorat. Une fois le scrutin passé, les vieilles habitudes referont vite surface. Le PM n’étant pas le seul capitaine à bord du navire burkinabè, il suffirait donc que d’autres n’aient pas personnellement intérêt à ce qu’une sérieuse lutte contre la corruption aboutisse pour que l’opération fasse long feu. Des caciques du pouvoir sont épinglés dans les différents rapports, et l’on a peur qu’à défaut de recourir à des boucs émissaires ou à d’innocents agneaux de sacrifice, l’on serve au peuple une parodie de traitement ou le black out total sur des affaires jugées délicates. Car, si la volonté politique y est vraiment, les accusés sont déjà connus, les textes sont déjà là, il ne reste qu’à recourir aux institutions compétentes dont la Justice pour tirer au clair tous les dossiers. Point besoin donc d’autres protocoles sous formes d’assises ou d’investigations à n’en pas finir, inutilement budgétivores et dont les résultats des précédentes n’ont jamais été utilisés à bon escient. Qu’on donne les dossiers et les moyens à la Justice à qui on laissera la main libre pour qu’elle dise le droit. LAT a instruit le 3e pouvoir de le faire avant fin juin 2013. En attendant, l’on se permet de l’attendre sur les plus courts délais qu’il a donnés, pour juger de sa réelle bonne foi et de sa capacité à impulser la bonne gouvernance au sein de l’administration publique. Top chrono donc !

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