La justice burkinabè a mis jeudi sous scellés la tombe de l'ex-président Thomas Sankara, assassiné en 1987 lors d'un coup d'Etat, marquant le début de l'instruction de ce dossier symbolique au Burkina Faso, a indiqué vendredi à l'AFP l'avocat de la famille.
Un juge d'instruction du tribunal militaire "a procédé à "la mise sous scellés des douze tombes" du cimetière de Dagnoën (est de Ouagadougou), c'est-à-dire "la tombe du président Thomas Sankara et (celle) de onze autres" personnes, la plupart des militaires, mortes en même temps que lui, a déclaré Me Bénéwendé Sankara.
"Désormais, la gendarmerie y veille et personne ne peut y accéder sans autorisation du juge", a indiqué l'avocat de la famille Sankara, avec laquelle il n'a aucun lien de parenté.
Le capitaine Thomas Sankara, arrivé au pouvoir par un coup d'Etat en 1983, a été tué quatre ans plus tard lors du putsch qui a porté Blaise Compaoré au pouvoir. Le régime de M. Compaoré, destitué fin octobre par des manifestations après 27 ans de règne, avait toujours refusé de rouvrir son dossier.
Le président Michel Kafando, succésseur en novembre de Blaise Compaoré, avait à l'inverse promis que "justice serait rendue". Un juge d'instruction avait été saisi fin mars. "Il a commencé l'instruction du dossier. Ça se passe dans la sérénité", a commenté Me Sankara, ajoutant ne pas savoir si le magistrat avait déjà procédé à des auditions.
"Au moins cinq à six chefs d'inculpation" ont été retenus par le juge instructeur militaire, a ajouté l'avocat, citant ceux d'"assassinat" et de "faux en écriture".
La figure de Thomas Sankara, révolutionnaire loué pour son intégrité et icône du panafricanisme, a été abondamment revendiquée durant le soulèvement populaire qui a conduit à la chute du président Compaoré.
Début mars, le gouvernement avait autorisé l'exhumation de son corps pour l'identifier formellement car sa famille et ses nombreux partisans doutent que la dépouille reposant dans la tombe de Thomas Sankara à Dagnoën soit vraiment la sienne.
Après avoir échoué auprès des tribunaux burkinabè, sous le régime Compaoré, à faire effectuer des tests ADN pour trancher cette question, la famille avait saisi la Cour africaine des droits de l'homme, qui avait ordonné en 2008 au gouvernement du Burkina Faso d'autoriser les expertises nécessaires, mais en vain.
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