L’imposant siège du Cdp, le parti de l’ex-président Blaise Compaoré, est aujourd’hui l’ombre de lui-même. Une vague d’arrestations s’abat depuis quelque temps sur les cadres de l’ancienne formation au pouvoir.
Déclarés inéligibles par le nouveau code électoral, les proches de l’ex-président du Burkina Faso, Blaise Compaoré n’ont pas encore tous réagi, vu les menaces d’arrestations qui planent sur eux. Mais les partisans de Djibrill Bassolé eux, ont rompu le silence hier, et menacé les autorités de la transition.
«Si Djibrill Bassolé n’est pas candidat, il n’y aura pas de vote... ». Cette mise en garde émane de la Nouvelle Alliance du Faso (Nafa ), le mouvement qui veut soutenir la candidature de l’ancien chef de la diplomatie burkinabé, Djibrill Bassolé. Cette réaction intervient au lendemain du vote du nouveau code électoral qui exclut des prochaines élections, tous ceux qui ont œuvré à la modification de l’article 37 de la Constitution, pour permettre à l’ancien président Blaise Compaoré de briguer un troisième mandat. Cette disposition du nouveau code électoral met ainsi fin aux ambitions de tous les dignitaires de l’ancien régime, notamment les trois anciens ministres qui ont annoncé leur candidature à la présidentielle du 11 octobre 2015.
Parmi ceux-ci, il y a surtout Djibrill Bassolé, l’ancien ministre des Affaires étrangères. L’ancien officier de gendarmerie s’est mis en congé de l’armée depuis quelques semaines, pour pouvoir briguer la plus haute fonction du pays. Ses partisans ont été les premiers à réagir, au lendemain de l’adoption par les députés du Conseil national de transition (Cnt), l’organe qui fait office de parlement actuellement. La Nouvelle Alliance du Faso a organisé hier mercredi 8 avril à son siège régional de Ouahigouya, dans le nord du pays, une conférence de presse, pour désapprouver ce nouveau code électoral. « C’est à cause du vote d’une loi que Blaise Compaoré a été chassé du pouvoir. Si les nouvelles autorités veulent d’une autre transition, elles l’auront », ont menacé les sympathisants de M. Bassolé. La représentante des femmes de la Nafa, Maïmouna Ouédraogo, a aussi donné de la voix en déclarant que « si Djibrill Bassolé n’est pas candidat à l’élection présidentielle, il n’y aura pas de vote au Yatenga,( Nord du pays) Ndlr».
Le pouvoir de transition n’a pas attendu ces menaces pour commencer la traque des pro-Compaoré. En une semaine, c’est une demi-douzaine de dignitaires de l’ancien régime qui ont été interpellés. Officiellement, ils sont accusés, pour la plupart, de malversations financières. Mais en réalité, ces arrestations sont consécutives aux menaces de manifestations proférées par les proches de l’ancien président, lorsqu’ils ont eu vent du contenu du projet de loi qui les exclut des prochaines élections. Le ministre de l’Administration territoriale, Auguste-Denise Barry, a menacé d’interpeller tous ceux qui troubleront l’ordre public ou porteront atteinte à la sûreté de l’État.
Ce nouveau code électoral risque de provoquer de sérieux troubles, au Burkina, qui sort à peine d’une révolte populaire. Le président de la transition, Michel Kafando, qui a reçu le lundi 6 avril toute la classe politique du pays, toutes tendances confondues, y compris les partisans de l’ancien régime, a reconnu la difficulté de la tâche du nouveau pouvoir et a demandé à chacun d’aider les autorités de la transition à réussir leur mission qui est l’organisation de la présidentielle de 2015.
Charles d’Almeida
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