Le rapport 2014 d’Amnesty International sur la peine de mort note une augmentation de 28% des personnes condamnées dans le monde. Le document de l’organisation internationale a été présenté à la presse, hier mercredi 1er avril 2015.
En 2014, le nombre de condamnés à mort a augmenté dans le monde, passant de 1925 en 2013 à au moins 2466, soit une hausse de 28%. C’est ce que relate le rapport de 80 pages d’Amnesty International sur l’état de l’utilisation judiciaire de la peine de mort à l’échelle planétaire, l’année écoulée. Cette hausse s’explique par deux principales raisons à entendre le coordonnateur Campagne et Actions d’Amnesty International/Burkina, Christian Ouédrago. Primo, il a cité la volonté de plusieurs gouvernements à «communiquer davantage» de données relatives à leur application de la peine capitale. Secundo, il a évoqué les nombreuses condamnations pour des actes terroristes dans certains pays, tels le Nigéria et l’Egypte. Dans le premier Etat cité, le nombre de condamnations à mort est passé de 141 en 2013 à 659 en 2014, tandis qu’en Egypte, 509 individus se sont vus infliger la peine de mort l’année dernière contre 109 en 2013. Toutefois, le coordonnateur Campagne et Actions d’Amnesty International/Burkina a relativisé, en indiquant que les chiffres fournis sont à minima, du fait que jusque-là, certains pays, telle la Chine, s’abstiennent de publier des données sur la peine capitale. D’autres nations par contre, à l’image de la Syrie, a-t-il souligné, baignent dans l’instabilité, si bien que le travail de collecte d’informations est compliqué. Nonobstant cela, M.Ouédraogo dit observer, sur la base du contenu du rapport 2014, quelques avancées au plan mondial. Il en veut pour preuve la baisse du nombre d’exécutions, notamment de 778 cas en 2013 à 607 en 2014. Une régression qui, à l’écouter, s’explique par «la tendance durable» vers l’abolition de la peine de mort, laquelle est soutenue par l’élaboration de projets de loi dans certains Etats (Bénin, Tchad, Mongolie…). Qu’en est-il de la situation de la peine capitale au Burkina Faso ? «Le Burkina Faso est un pays abolitionniste. Dans la pratique, il y a eu plus d’exécutions depuis plus de 20 ans, voire plus. Les dernières exécutions remontent à 1979. Les dernières condamnations à mort datent de 2011 et il n'y en a plus eu. Il y a 10 condamnés à mort au Burkina», a réagi le coordonnateur Croissance et Activisme d’Amnesty International/Burkina, Roger Minoungou, aux côtés de son collègue Christian Ouédrago. En outre M.Minougou a expliqué qu’un projet de loi sur l’abolition de la peine de mort était en instance à l’Assemblée nationale, quand l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 est survenue. «Nous fondons espoir que ce projet va connaitre un aboutissement avec la signature du Pacte de la justice», a-t-il émis comme vœu. Pour le reste, M. Minoungou et son collègue ont réaffirmé l’opposition d’Amnesty International, organisation internationale de défense des droits humains, à la peine de mort. «Aucune étude n’a pu révéler le caractère dissuasif de la peine de mort», a argué Christian Ouédraogo. Et son compagnon de lutte, Roger Minoungou, d’assener : «Nous ne voulons pas d’une justice qui tue !».
Kader Patrick KARANTAO