Une demi-douzaine de proches de l’ex-président Blaise Compaoré, dont trois anciens ministres, ont été arrêtés au Burkina Faso alors que les députés burkinabè devaient adopter mardi un nouveau code électoral encadrant les scrutins d’octobre, a dénoncé le parti pro-Compaoré.
Jérôme Bougouma, ancien ministre de l’Intérieur, et ses collègues Jean-Bertin Ouédraogo (Infrastructures et Transports) et Salif Kaboré (Mines), ont été arrêtés lundi et mardi, a déclaré à l’AFP Léonce Koné, le chef du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), l’ex-parti présidentiel.
"Ils sont éparpillés à travers les centres de détention" de Ouagadougou, a affirmé M. Koné, qui a dénoncé un "harcèlement" des autorités. "On ne sait pas ce qu’on leur reproche", a-t-il commenté.
Deux sources sécuritaires ont confirmé sous couvert d’anonymat ces arrestations, sans en préciser les motifs.
Léonce Koné avait déjà annoncé mardi matin l’arrestation de Salia Sanou, l’ancien maire et actuel secrétaire général du CDP de Bobo Dioulasso, la deuxième ville du Burkina, et de Seydou Sanou, ex-maire d’arrondissement de cette ville.
"La police les soupçonne de vouloir préparer une insurrection à partir de Bobo Dioulasso à propos du vote du projet de code électoral", avait déclaré M. Koné.
Un ancien maire d’arrondissement de Ouagadougou, soupçonné de "malversations", a également été arrêté lundi, selon la gendarmerie.
Un projet de loi modifiant le code électoral, proposé par le gouvernement et amendé par des députés issus de la société civile et de l’ex-opposition, devait être voté mardi après-midi au Conseil national de transition, l’assemblée intérimaire, où ce camp est majoritaire (55 membres sur 90).
Le texte prévoit d’"exclure de toutes les élections tous les membres du dernier gouvernement du président Compaoré et toute personne qui a soutenu ouvertement ou publiquement la modification de l’article 37 de la Constitution".
Blaise Compaoré, par sa volonté de réviser cet article afin de se maintenir
au pouvoir, avait provoqué fin octobre une insurrection populaire qui l’avait
contraint à démissionner et fuir à l’étranger après 27 ans de pouvoir.
Le CDP, très minoritaire à l’assemblée, a prévenu qu’il s’opposerait
"vigoureusement", seul ou avec les "forces politiques et sociales alliées", au
vote du projet de loi.
Des appels à manifester mardi ont été lancés par des organisations de la
société civile soutenant M. Compaoré contre ce projet. D’autres
contre-manifestations ont été lancées par des associations soutenant la
transition.
De légères échauffourées ont opposé mardi matin quelques poignées de
manifestants, massés à un rond-point de Ouagadougou, à la police, qui les a
dispersés.
Lundi, le ministre de la Sécurité Auguste Denise Barry a "mis en garde" les
"instigateurs de troubles", menaçant d’interpellation toute personne "coupable
de trouble à l’ordre public, d’atteinte à la sécurité des personnes et
d’atteinte à la sûreté de l’Etat".
Le président d’une association pro-Compaoré, très proche du président
déchu, avait été arrêté jeudi pour une affaire de "malversation" foncière,
selon la gendarmerie.
Des responsables d’une formation politique soutenant Djibrill Bassolé,
l’ex-chef de la diplomatie de M. Compaoré pour la présidentielle d’octobre,
ont également été brièvement interpellés dimanche, selon des sources
sécuritaires et ce parti.
Les députés de l’ex-opposition et de la société civile veulent également
modifier le code militaire burkinabè. Pour faire acte de candidature à une
élection, un membre de l’armée devra en avoir "démissionné cinq ans
auparavant", ont-ils affirmé à l’AFP, une mesure qui vise le général Djibrill
Bassolé, qui s’est récemment mis en disponibilité de l’armée pour se présenter
à la présidentielle.
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